XII

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Gaya

-Qu'est c'qu'elle veut la p'tite dame ? Me demanda un de ces hommes de façon trop familière à mon goût.

Ma mâchoire se contracta. Elle se contracta si fort que j'en eu mal aux dents. Prise d'une soudaine envie je ne voulais faire qu'une chose : les remettre à leur place. Astraë avait raison, j'ai besoin de me défouler, relâcher cette pression permanente qui pèse sur mes épaules. Cela me ferait le plus grand bien.

Je fis craquer mes doigts en me positionnant devant la gamine dans une posture se voulant protectrice.

-Regardez les mecs, rigola un d'entre eux, on a fâché le p'tit moustique.

Ils rirent grassement, deux d'entre eux se donnant même une accolade. Je n'en avais pas besoin de plus pour me disperser autour d'eux en une dizaine de clones, copies conformes de ma personne. Formant un cercle autour d'eux bloquant par la même occasion quelques villageois qui aurait voulu passer.

-Une Envoûteuse, grogna celui qui était resté le plus en retrait.
-Tu as peur Peek, se moqua celui qui semblait être le leader du groupe. Allez la magicienne casse toi de là, on n'a pas l'temps de faire mumuse avec toi.
-Alors on se dégonfle ? Demanda une de mes copies.
-C'est vrai ça, nous qui tenions tant à nous amuser un petit peu avec vous, enchaîna une autre en faisant la moue.
Soudainement, un bras s'appuya sur mon épaule et une légère source de chaleur se fit ressentir.
-C'est plutôt vrai ça. Avoir peur de deux magiciennes ? C'est vous donner en spectacle devant tout ce monde vous qui vouliez tant chercher les ennuies. Je me trompe ? Demanda la voix moqueuse de mon amie, son sourire insolent collé au visage.

Les quatre hommes bousculèrent mes clones qui se brisèrent en milliers de papillons à leur contact ne laissant que leur originale copie : moi.

Je me tournais vers la fille que j'avais protégée durant toute cette altercation. Une jolie jeune fille d'environ dix-huit ans mais qui en paraissait quatre de moins tant son visage était enfantin. Sa tignasse blonde était retenue en une haute queue de cheval sur le côté de son crâne. Quant à sa tenue, on croirait voir la parfaite petite citoyenne du Promontoire Divin : accoutrée d'une jupe bleue et d'un haut blanc et bleu, on dirait d'avantage une enfant allant cueillir des fleurs pour sa maman qu'une aventurière.

-Ca va ? M'empressais-je de demander.
-Merci, me répondit-elle en levant vers moi ses jolies yeux noisette. Jamais de ma vie je n'avais vu d'Envoûteuse. Et c'est encore plus impressionnant que dans les écrits !
-Merci je suppose, rigolais-je nerveusement.
-Comment t'appelles-tu ? Demanda Astraë, chose que je n'avais personnellement pas pensé a demander.
-Edith ! Cria une femme en s'approchant de la fille. J'ai entendu dire qu'il s'était passé quelque chose à la Place des Ministres, il n'y a que toi pour créer du grabuge pareil ! La réprimanda la femme.
- Nyx, ne t'en fait pas regarde je vais très bien. Cette Envoûteuse...
-Gaya, la coupais-je.
-Gaya m'a aidé, reprit-elle.
-Merci beaucoup, me fit Nyx m'attrapant les mains dans un signe de gratitude. Edith est du genre à s'attirer facilement les ennuis.
-Ne vous inquiétez pas, c'est tout naturel. Répondit Astraë à ma place comme si elle avait fais quelque chose pour protéger Edith.

La dite Nyx etait une femme belle, vraiment très belle. Elancée et relativement grande, elle n'en était pas moins féminine, avec de jolies formes là ou il le fallait. Sa mâchoire carrée paraissait tout le temps contractée. Quant à ses yeux, je n'en avais aucune idée puisqu'ils étaient bandés par une sorte de ruban, comment pouvait-elle voir ? Ses cheveux eux, rouge sang, tombaient en un impeccable carré long sur ses épaules. Son armure lourde de la même teinte que sa chevelure s'accordait parfaitement bien avec elle.

-Merci pour tout, reprit Edith avec sa voix trop aigüe. J'espère avoir l'occasion de te revoir au Promontoire Divin. J'aimerais tant exercer avec une Envoûteuse telle que toi. Souria-t-elle.

Je les regardais partir dans le sens opposé au notre, Edith sautillant à côté de Nyx.

-Bon Gaya, si je t'ai fait sortir aujourd'hui, c'est pour t'annoncer quelque chose de grandiose ! Fit Astraë en tapant énergiquement des mains.
-Et qu'est-ce donc ? Demandais-je lasse.
-On part en mission toutes les deux !
-Hors de question, répondis-je catégoriquement ne laissant place à aucune discussion. Bien évidemment pas à l'avis d'Astraë.
-Comment ça hors de question ? Je ne t'ai pas demandé ton avis. Me fit-elle se plaçant devant moi. Ce que j'ai vu avec les Guerriers, c'est une Envoûteuse qui a besoin de se défouler. Nous n'en aurons pas pour longtemps, à peine trois jours. Alors je t'en supplie ne me laisse pas en plan !

Je soupirais une énième fois.

-Tu n'abandonneras jamais ? Demandais-je agacée.
-Absolument pas. Donc c'est oui ?
-Je suppose que je n'ai guère le choix Astraë, soupirais-je.
-Merci mille fois Gaya, tu vas voir ça va te changer les idées. On se voit dans deux jours alors ! Finit-elle après m'avoir fait un rapide bisou sur la joue, me laissant désormais seule, les bras ballants.

Pas d'au revoir ni rien, et elle qui ne voulait pas que je la laisse en plan. Quel culot cette Astraë.

L'an mauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant