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LES JOURS passaient et j'étais de plus en plus obsédée par cette terminale.

Au self, Joséphine m'avait raconté que Mathilda ramait avec Constance qui n'avait daigné lui donner d'indices sur sa sexualité.

« Ca a du lui faire tout drôle, elle qui a toujours ce qu'elle veut. Pauvre petite fille pourrie-gâtée.

— Comment ça s'est passé ? »

Joséphine sembla surprise, comme si c'était la première fois qu'elle entendait le son de ma voix. C'était probablement une des premières fois que quelqu'un paraissait concerné par ce qu'elle disait.

« Oh, tranquille. Mathilda est allée la voir avec son ego qui rendrait Apollon jaloux, et elle a demandé cartes sur table si elle avait une copine.

— Et ?

— Constance lui a dit "est-ce que ça te regarde ?". Franchement, c'était drôle.

— Ca veut dire qu'elle avait tort et que Constance aime pas les filles ?

— Ca veut surtout dire qu'il existe des personnes qui savent dire non à Mathilda. Et la Terre en manque. »

A cet instant-là, une paire de mains bien manucurées posa bruyamment son plateau à notre table.

« La place est libre ? demanda Mathilda en s'installant.

— Euh, ouais, ouais, mais on a bientôt fini, grogna Joséphine, le nez dans sa compote de pommes.

— Vous parliez de quoi ? »

Joséphine était devenue toute rouge.

« De toi. Et Constance, répondis-je d'une voix claire. »

Joséphine me fusilla du regard et Mathilda se mit à rire, étonnamment.

« C'est toi qui dis ça, Anne ?

— Hein ? demandai-je sans comprendre. »

Le regard de Mathilda transperça le mien. Et ses yeux me firent comprendre qu'elle savait très bien pour moi. Elle n'ouvrit pas la bouche, pourtant, j'entendis très clairement sa voix dans ma tête.

Lesbienne. 

Anne t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant