(7) Exposée

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AMBRÉLINA

Je ne savais peut-être pas qui j'étais, mais j'avais au moins conscience du drôle d'effet qu'il produisait sur moi. Être invisible avait toujours été facile, plus facile que se montrer. Lui, avait tous balayé, m'exposant au monde entier.

Ses doigts refermés autour de mon poignet, il m'entraîne dans son sillage. C'est une pression aussi douce que ferme, qui me hurle de rester sans jamais me forcer. Lorsque nous atteignons un des bâtiments, je me défais de son emprise. Parce qu'il a l'habitude de cette attention qu'on lui porte. Grand, beau et charismatique on ne peut que le remarquer. Moi, je préfères encore me terrer.

D'un coup de talon, il se tourne vers moi. Je baisse les yeux sur la pointe de mes chaussures, me mordant la lèvre pour m'imposer le silence. Lui parler reviendrait à me confier. Je me trouve assez exposée. Il se courbe, s'il le voulait son front pourrait toucher le sommet de mon crâne. Ses prunelles chocolatées s'imbriquent dans les miennes. Il me regarde comme jamais personne ne m'avait regardé. Ciel, je ne peux pas être ami avec ce garçon, à moins d'en perdre la raison...

On me touche, et, je sursaute vivement, m'arrachant de ma contemplation pour Sacha. En faisant volte-face je découvre Arian qui a toujours la main sur moi mais fixe désormais Sacha. Prise en sandwich entre les deux, je ne comprends pas. Mes yeux jonglent de l'un à l'autre, ne sachant pas où regarder, à qui parler. Mon partenaire de danse rompt le lourd silence :

— Ambré' ce soir on doit répéter, oublie pas. Je passerais te chercher.

Si les yeux du beau Sacha Handerson avait été des balles, Arian et moi serions touchés. J'ouvre la bouche pour la refermer. En soufflant, je leur passe devant, m'engouffrant dans le bâtiment sans demander à l'un ou l'autre un quelconque consentement. Sous leurs yeux médusés, je les laisse en plan.

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Après avoir passé la mâtinée à l'éviter, bien que je ne sache pas bien auquel des deux je cherchais encore à échapper, la cafétéria signa mon décès.

Alors que je me dirige tranquillement vers le self service, du coin de l'œil, j'aperçois Sacha riant avec ses amis. Dos à leur table, les coudes posés sur celle-ci, les chaises semblent être leur trône. Plusieurs paires de yeux curieux les dévisagent avec ce mélange d'admiration et de fascination. Je tourne la tête au moment où son regard croise le mien. Il chuchote quelque chose à ses amis. Je me surprends à prier pour qu'il reste là où il est. Pour que son monde ne vienne pas exploser le mien.

Mes billes rivées sur la file d'étudiants qui attend, je sens quelqu'un tirer la poche arrière de mon jean m'obligeant à me retourner, des doigts agiles effleurent la courbe mes fesses lorsque je tournoie, et enfin, deux mains fermes se posant sur mes hanches pour me stabiliser.

Déboussolée, je pose mes paumes sur un large torse pour m'éviter de tomber. Clignant plusieurs fois les paupières, je recouvre mes esprits. Que diable vient-il de se passer ? En levant la tête, je découvre Sacha, un sourire radieux sur le visage. Notre proximité me frappe soudain, je recule en titubant.

Passer du statut d'invisible à visible est une chose qui ne m'étais jamais arrivée. Jusqu'à ce que Sacha Handerson réduise mes efforts à néant. M'exposant aux yeux de tous ces adolescents.

Lorsqu'il passe son bras par dessus mes épaules, je lui jette un regard désemparé. Mais qu'est-ce qu'il fait ? Il a tout ce que je n'ai pas, à savoir de l'assurance et un trop plein de confiance. En m'accompagnant prendre un plateau, il se penche vers moi et me susurre :

— Ne fais pas attention à eux, fais comme s'il n'y avait que toi et moi.

Peu à peu, je respire plus convenablement, je parviens même à l'écouter et à ne me concentrer que sur lui. Il reste patient, marchant derrière moi quand on me sert mes plats, me racontant qu'il est capitaine d'une équipe de cross. Je ne le coupe pas une seule fois, bien incapable de parler de moi.

Mon plateau remplit dans les mains, mes pas me conduisent automatiquement à une table vide où je serais enfin seule, lorsque, je sens ses mains autour de ma taille, m'entrainer dans une toute autre direction. La table où il était, la table que les gens de cessent de scruter. Paniquée, j'écarquille les yeux pour lui faire comprendre que je ne veux pas y aller. Sacha, arque un sourcil, en continuant de me pousser, se contentant de ricaner.

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Ce que j'étais avant toi... (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant