(8) Attirer

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SACHA

Ambrélina était l'une de ses filles qu'on ne pouvait s'empêcher de contempler. Chaque trait de son visage me semblait parfait, chacune de ses courbes parfaitement dessinées. Je me suis assit auprès de mes amis, sirotant sans jamais la quitter des yeux. J'ai penché la tête, prenant plaisir à détailler chaque infime détail qui la constituait.

La talentueuse danseuse ne se rendait pas compte de l'effet qu'elle produisait sur moi, sur les autres. Lorsqu'on s'est installés, plusieurs camarades à moi m'ont taper le dos, comme pour me féliciter de l'avoir ramener. Mais ils ne comprenaient pas que cette fois les choses étaient différentes, parce que cette fille m'intriguait, je ne pouvais pas me l'expliquer.

Je l'observe s'asseoir en tailleur, cachant ainsi ses pieds sous ses cuisses. Puis, coincer de longues boucles d'un châtain doré derrière ses oreilles. Elle plonge le nez dans son plateau, picorant son assiette, tel un moineau. Je me rapproche d'elle, jusqu'à ce que ma jambe touche la sienne. Son regard tombe là où nos peaux entrent en contact, je la sens pendre une inspiration oppressée avant de reposer son attention sur son repas. Pas sur moi.

Je ne suis donc pas le seul de nous deux à ressentir fourmillement lorsque je sens son corps contre moi. Je ne sais pas pourquoi, mais, j'ai cette irrésistible et insatiable envie de toujours la toucher. Depuis qu'elle m'a laissé lui attraper le poignet, j'en veux plus, je ne peux pas m'en contenter.

Je me retourne vers mes amis, qui nous fixes comme si elle et moi étions les acteurs d'une romanesque série. Je fronce les sourcils, en posant un index sur ma bouche. Pour leur intimer de ne faire aucun commentaire, je les connais assez pour savoir qu'ils pourraient tout gâcher.

En pivotant, je découvre Ambélina me jauger sans ciller en haussant ses sourcils. Elle soupire, comme si ce que je venais ou m'apprêtais à faire l'avait profondément déçue. Bien qu'elle n'ai quasiment rien avalé, elle s'accroche à son plateau et se lève sans un mot. En me foudroyant du regard, elle part. J'ouvre la bouche, et bondis pour la rattraper sans me soucier des paires de yeux indiscrets. Je ne peux tout simplement pas la laisser s'en aller.

Comprenant qu'elle est déjà sortie de la cafétéria, je me rue dehors et me fige lorsque je la vois, de nouveau avec ce gars. Cheveux blonds foncé, plutôt longs et bouclés, deux perles azur avec lesquels je ne peux rivaliser. Il m'a tout l'air du parfait chevalier. Ses paumes sont posées en coupe sur le visage d'Ambrélina, sans parler ils semblent communiquer. Alors que je m'apprête à abandonner, il se détache d'elle pour prendre la main d'une autre fille. Petite blonde très jolie, qui tente de s'approcher de ma danseuse. Son petit corps tressaille, et, elle s'enfuit en courant.

Je n'ai pas le temps de réfléchir à la situation dans laquelle je m'engage, que je pars déjà à sa poursuite. Mes jambes, largement plus grandes que les siennes, me permettent de ne pas me faire distancer. Je la retrouve à l'angle d'un bâtiment, se laissant glisser sur le mur de crépis, bouillante de rage. Elle frappe l'arrière de son crâne contre la façade en rugissant. Avec précaution, je me pose à ses côtés.

De ses paupières fermées, je peux sans mal voir des larmes s'en échapper. La brunette ouvre ses magnifiques prunelles d'un marron ambré, sursautant en me remarquant. Du coin du pouce, elle essuie les trainées glacées qui dévalent ses joues.

— Vas t'en Sacha.

Trois mots, qui me retourne l'estomac. Pourtant je ne pars pas, parce que la voir ainsi ne me laisse pas si indifférent que cela. En haussant les épaules, je lui souffle simplement :

—Je n'en n'ai pas envie.

Elle renifle aussi bruyamment que peu gracieusement, néanmoins, je trouvera cela mignon. Elle essuie la moiteur de ses paumes contre ses genoux repliés et croasse :

— Alors c'est moi qui m'en vais.

Je ne sais pas ce qu'elle peut bien avoir contre moi depuis l'épisode de ce midi, il se pourrait que j'ai été maladroit. Alors qu'elle se lève brusquement, je lui demande d'une voix cassée :

— Ils t'ont fait le coup des meilleurs amis qui finissent ensemble, n'est-ce pas ?

Touchée, ses épaules se baissent, elle acquiesce et se rassoit. Ses petits poings furieux martèlent le sol, encore et encore. Le tissu de mon jean racle les graviers lorsque je me rapproche d'elle, collant sa peau à la mienne. Ses billes interloquées me posent une silencieuse question : pourquoi fais-tu cela Sacha ? Je n'ai pas de réponse, seulement un désir croissant et ardent. Je prends mon courage à deux mains, et, en souriant timidement, je presse mes lèvres contre les siennes. Comme si je tentais d'absorber tout son chagrin, toute sa peine.

⭐️⭐️⭐️

Ce que j'étais avant toi... (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant