Vérité Vs mensonge

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Ousmane était mort, peut-être dirai-je qu'il s'était simplement reposé de cet enfer qu'était sa vie. Il était parti et dès l'annonce de sa mort, je me suis plié à prier pour le repos de son âme et l'absolution de tous ses péchés. La vie ne vaut rien, Adouna amoul solo... Homme puissant et opulent avait-il été dans la moitié de sa vie où avion était son habituel moyen de transport, inconnu à aucun pays de la terre. Connu par toutes les personnes de hautes renommées, le voilà délaissé finalement par tout le monde quand sa vie ne valait plus rien, sa femme n'avait pas hésité à être dans le même vol de ces traîtres, à la première place, ne fût-elle pas la pilote? Ousmane avait quitté l'aventure terrestre en pleurant comme il était venu à sa naissance. Je croyais que j'allais être le seul membre de sa famille à être présent lors du deuil mais j'étais surpris, consterné, ébahi, choqué, interloqué , une liste de synonymes ne pourrait justifier ma sidération devant toute cette comédie : Toute sa famille était là, il n'y manquait un seul. D'abord quand je suis venu à la maison familiale, le seuil était bondé d'une ribambelle de voitures comme le cortège présidentiel, deux grands boeufs attachés dans chaque poteau, j'en demeurai abasourdi... Sans parler de ces pleurs artificiels qui bourdonnaient mes oreilles, des yeux faussement compatissants que je savais reconnaître malgré toute la comédie bien habillée dans des larmes abandonnantes. L'argent coulait à flot, je pouvais voir les échanges de liasses de billets dont j'ignorai les raisons , c'était loin de me surprendre dans de telles circonstances où chaque personne se montrait magnanime , le coeur sur la main, où dépenser devient la chose la plus facile ,où l'intention serait de prouver à tout le monde qu'on aimait beaucoup le défunt, Ousmane, l'homme considéré comme une brebis galeuse il y'avait quelques jours... Quelques jours où il souffrait d'une maladie qui ne lui faisait aucun cadeau et qu'il peinait à se soigner faute de moyens. Qui se trouvait dans la rue en train de mendier pour avoir quelque chose à mettre sous la dent? Qui n'avait plus de toit où vivre? Qui n'avait plus de famille? Je ne comprenais plus tous ces gestes factices alors que c'était trop tard... Trop tard! C'était une insulte envers Ousmane, sûrement il était choqué par cette tournure, sûrement il était en train de les regarder avec haine, se demandant certainement ce qu'ils étaient en train de faire.
Je revenais de l'enterrement quand je croisai maman ; elle aussi était du même lot, je la regardai avec dédain pendant qu'elle me scruta pitoyablement . Je lui tendis la main en guise de salut sans conviction, elle me rendit mon salut.
- Mon fils, que Dieu t'assiste et remette sur le bon chemin, me dit-elle comme prières.

- Toi, mieux que quiconque, sais que c'est lui seul qui m'a toujours assisté dans ma vie sinon je ne saurai ce que ma vie adviendrait en ce moment. Je n'ai jamais eu la présence parentale dans ma vie encore moins celle d'un autre humain. Dieu est grand, dis-je avec un sourire qui me sortit de nulpart.
Elle resta silencieuse un moment, sans savoir quoi dire... J'en profitai pour partir, dans tous les cas, elle et moi avions rien à nous dire, sa mission n'était que de m'amener sur terre comme un livreur de pizza, c'était fait puis elle était partie. Je savais que je ne pouvais plus compter sur elle, relation mère et fils n'existait vraiment pas entre nous, je ne pouvais jamais tenir le discours des enfants qui se targuent qu'une maman est l'être le plus important dans notre vie, l'être indispensable. Ma maman s'etait dispensée de moi et s'etait rendue dispensable. On se regarda une dernière fois puis je quittai pour partir assister à l'oraison, sur le perron où une très grande natte fut étalée et des chaises qui l'entouraient. On devait discourir parler de la mort et du mort, des rappels et des témoignages qui m'avaient mis dans un etat second. Tiens! Ousmane était un ange, on le flattait, lui et sa femme, des modèles parfaits qui ne faisaient que du bien autour d'eux, qui aidaient beaucoup les gens, très pieux et humbles. Les discours étaient poivrés de compliments très sucrés, je haletais, je ne supportai pas tant de paroles factices. J'étais d'accord : kou dé lou bakh rek lagne ko wara wakhal ... Mais les témoignages ne devraient-ils pas être véridiques? On savait tous que la femme de mon oncle était la fille aînée de Lucifer , son chouchou, elle savait cacher cette parenté avec le démon qu'à peine et qu'elle ne supportait guère les visites des parents. Après cela, nous pouvons compter le nombre de fois que mon oncle mettait le front au sol encore moins la fille aînée à Lucifer. Ce décompte ne peut être fait que quand ils recevaient des dignitaires chez eux et qu'ils devaient faire bonne figure aux heures de prières ou les fêtes religieuses où tonton Ousmane devait se placer derrière l'Imam, comment parler d'une certaine piété ? J'étais dépaysé par ce verbiage, par ce laiüs tissé de mensonges de bout en bout! Si toute cette considération était avérée, ils auraient pu avoir le cran de ne pas le laisser dans la misère, personne de ses plus proches connaissances n'ignoraient son calvaire mais il etait passé à la trappe, personne n'était là et tout le monde était là dorénavant pour témoigner leur assistance. Modestie à part, s'il y'avait une seule personne qui devait se poser devant cette Assemblée et parler, c'était personne d'autre que moi, mes larmes coulèrent, je me sentais terriblement mal . Une voix que je reconnaissais se fit entendre, je redressai la tête et vis l'handicapé mendiant qui était l'ami de mon oncle avec qui il exerçait.

- Mangi léni nouyou kou nék sissa tour ak sissa santeu. Seddé yi rafétneu trop , wakh dji tamite raféte na lol lol. Soumay wakh si Ousmane , sama yaram dafay daw. Nite kou bakh mongi nonou wayé nite kou doundou lou méti mongi nonou, nite kou xam warréfou nite, nite kou am diné. Mane ak mome nio bok fougn done yalwané, loumou ame bok ko ak mane. Nagn ko nianal souff séed si kawame, té nianal tamite Diarbatame beulé tok, Chérif. Mane dh , wakh deug feu yAllah, mome rek la téguone ni mome kessé moy Niabotame. Moko dane yobou mou Fadioudji, modane nieuw diko indil lék , diko may khaliss, dima mayalé mane mi kharitou Nidiayame. Mangi diégueulou boubakh si Kaddû yi, loussi dioup niou khamni yAllah leu, loussi deung tamite niou xamni sama matadi leu. AssalamouAleikoum wa Rakhmatoulah,finit-il en s'asseyant tandis que tous les regards s'etaient fixés sur moi tous ébahis.
Mes larmes se decuplèrent, je me levai et regardai toute l'Assemblée puis pris congé. Je rentrai en ouvrant l'appartement, je vivais avec Nathan l'ami de Cheikh, il m'avait passé la clé et j'occupais la Chambre d'ami, elle était grande et belle, j'avais décidé d'accepter son offre le temps de trouver un boulot, je détestais vivre au crochet de quelqu'un encore moins une personne avec qui je n'avais aucun lien de parenté. Tout compte fait, Nathan était un homme merveilleux, un ange chez les anges. Je restai à dormir dans la chambre et me reveillai quelques heures après avec une faim de loup, en entrant dans le salon, je trouvai Nathan et Cheikh en pleine discussion. Ils s'arrêtèrent à mon entrée . Cheikh me devisagea.

- Nathan, qu'est ce que je t'avais dit hier? Tu ne l'as pas encore mis à la porte, ce sale voyou? Cria Cheikh

   Je passai à l'etat second en quelques secondes, la moutarde me monta au nez. Je m'approchai de lui et me posa devant face à lui

- Cheikh, plus jamais tu ne me traites de voyou. Je ne compte quitter ici, vois-tu? Dieu ne m'a pas abandonné, vous aviez cru me couper de tous les vivres car maman s'est détournée de moi à cause des mensonges de ta soeur qui est en véritable rien d'autre qu'une salope de la plus belle eau.
   Il émit un brutal coup de poing que j'avais freiné rigoureusement avec ma main

-Tu sais pourquoi la fois passé chez toi, je t'ai laissé me frapper? J'étais simplement pris de court par les événements et l'estime grande que j'avais pour toi ne me permettait pas de répliquer, mais c'est dommage que tu ne représentes dorénavant qu'un minable qui ne sait pas réfléchir. Tu veux entendre la vérité encore ? Tu as une soeur qui a le sex plus accessible que l'internet, elle a voulu me tenter mais les choses ont tourné mal et elle a voulu les tourner contre moi, ta femme Kira est du même lot car rends-toi compte qu'elle m'a embrassé le jour où elle partie en courant, ma beauté fait frémir apparemment , dis-je sous un ton très maléfique dont je ne me reconnaissais pas.

Cheikh me jeta de toutes ses forces et entreprit de me bastonner, Nathan vint nous séparer et il quitta en rage l'appartement. Je regrettais du coup tout ce que j'avais débité sur sa femme, j'avais le remords mais j'étais remonté, j'avais cassé toutes les barrières, je me refugiais dans ma chambre en pleurant tout en ressassant tous les derniers événements, ma vie n'était facile. Loin même de l'être, chaque fin de calvaire en annoncait  un autre, j'étais devant le miroir et je pleurais sans savoir lequel des incidents me faisait tant mal, était-ce l'abandon de ma mère? Je ne savais pas! Je pleurais et je me voyais dans le miroir, j'avais pitié du reflet, j'avais envie de lui demander qu'est ce qu'il pleurait réellement, la couleur de mes yeux s'est plus verdi, à chaque fois que j'enlevai ma vague de larmes, une autre frappa encore. Nathan arriva en me regardant pitoyablement, il vînt me serrer puissamment et je sentais comme si les maux me quittaient, je me sentais bien, bien de me trouver entre ses bras, cette affection que j'avais manquée depuis des années se combla en cette etreinte, la vacuité mourut. Je me sentais petit dans ses bras , il me caressa la nuque, nos regards se croisèrent, on sourit réciproquement, nos têtes se rapprochèrent , la sonnerie retentit. Il me lâcha tout étourdi et se massa le front puis quitta ma chambre. J'entendis des bruits dehors, il revint me dire que Cheikh voulait me voir. Je mis l'eau sur mon visage pour le derider puis sortis. Je trouvais dans le salon, Cheikh et Sa femme Kira qui sursauta de stupeur  quand elle me vit.

    Suite demain inchAllah ☺☺
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Merci, bon weekend

Deux puces ( Tom 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant