Ras-le-bol

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Elle ecarquilla gros les yeux comme si elle venait de percevoir un terrifiant monstre. Je venais de me rendre compte de ma bévue. Avais-je parlé sous l'impulsion énervante de cette fille sangsue. Je cherchai les mots pour me rattraper, je n'avais pensé à cela pour le moins du monde, je devais être l'homme le plus fantasque pour oser sortir une pareille débilité de ma bouche. Avant même de prononcer mot, elle me battit en brèche avec un baiser qui allait m'écrouler par terre, je m'accoudai contre la voiture en repondant farouchement à cette bataille. J'avais envie en ce moment de la posséder et de lui prouver le contraire de ce que je venais de débiter. Elle circula sa main sur mon pantalon,en passant au caleçon et quelques secondes , elle était en train de manipuler mon angin qui s'était montré beaucoup indifférent, plus intransigeant que jamais. Ndeye Amy se ressaisit en me toisant avec frayeur.

- Chérif, tu es pédé? C'est vrai que c'est les hommes qui t'attirent.

Cette insinuation m'avait avachi. Je me sentais mal et fichtrement injurié, était-ce vrai? Je ne savais pas, je ne voulais savoir. Mes larmes perlèrent mes joues en quelques secondes, je me rendis compte qu'on était toujours dans la rue. Nathan vint ouvrir la porte de sa voiture en me demandant d'entrer. Ce que je fis sans me faire prier et il me rejoignit en demarrant ; j'apercevis toujours Ndeye Amy sur place, sûrement prostrée. Le chemin s'etait habillé sous un silence assourdissant, je ressentais une bonne migraine me grignoter le cerveau, je posai ma tête sur la vitre pour m'offrir un certain équilibre à nouveau. Son téléphone sonna

- Oui il est là... On est ensemble, on était un peu sorti... Oui je te le passe
Nathan m'avisa que c'était Cheikh au téléphone et qu'il voulait me parler, je me redressai et fis un soupir , du dégoût, de l'angoisse, je ne savais pas... Il faisait parti des dernières personnes que je voulais entendre mais je ne voulais vexer Nathan sinon je n'aurais hésité une seconde à lui dire de balancer le téléphone là où il voulait.
- Oui? Dis-je sous un ton revêche

- Ça va,mon petit? Me demanda t-il d'un trait en soupirant

- C'est un appel de courtoisie? Tu peux aller droit au but

- Cherif, je suis désolé, si seulement tu savais. Nous avons à te parler urgemment, passe à la maison tout de suite.

- Vous... Vous qui??

- Maman, papa et moi.

- Je pense que nous avons rien à nous dire.

- S'il te plaît, Cherif. Fais le s'il te plaît s'il te reste un peu d'estime à mon égard.

- Je dois t'informer qu'il n'y en a plus aucune à ton égard encore moins envers ta famille. Je viendrai simplement pour vous écouter en sachant d'Or et déjà que rien de tout ce que vous pouvez dire ne pourrait m'interesser.
Il repassa le téléphone à Nathan en lui demandant de m'amener chez Cheikh
- Mais si t'es fatigué, ne te derange pas. Ils ne vont rien dire qui risque de m'interesser

- Allons, toi aussi, Chérif. Ne sois pas aussi coriace envers eux, sois plus indulgent envers eux. Ils ont merdé, personne n'en disconvient. Mais écoute-les.

Je hochai la tête en guise d'approbation. On arriva dans leur villa et fûmes accueillis par Cheikh qui nous salua. J'en demeurai indifférent en circulant dans cette maison où on m'avait fait vivre calvaire et opprobre. Nathan décida de rester dans le jardin pour jouer avec le chien Dany , pendant que je fus dirigé par Cheikh. Je faillis tomber des nus en croisant le regard de ma mère en entrant dans ce salon. Je vis les parents de Cheikh et sa soeur Arianna voilée et affublée d'un boubou qui cachait à peine son gros ventre avec un visage qui criait une parfaite innocence.
Évidemment, je ne saluais personne! Le meritaient-ils? J'avais été assez sympa de répondre à leur invitation , ils n'avaient pas à espérer plus. Ils m'avaient tous abandonné à cause d'immondes mensonges qui m'avaient conduit à passer mes soirées dehors, j'étais à la merci de tous les dangers sociaux, dans tous les cas j'avais toujours été abandonné depuis tout petit, le destin ne m'avait jamais ménagé. Leurs regards étaient tous compatissants, je me montrais déjà ferme, la tête haute. Ma mère me fixa, je circulai mon regard sur mes doigts en l'evitant, je ne voulais craquer et je savais pertinemment que je me serais jeté dans des sanglots sempiternels si nos regards venaient de se rencontrer à nouveau. Que dire quand on à un maman qui prend toujours la poudre d'escampette quand rien ne va! ? Une mère qui ne donne le bénéfice du doute à son enfant et préfère prendre pour argent comptant à tout qu'on lui raconte? J'avais cru que j'allais à nouveau bénéficier de son attention après la mort de mon papa mais c'était sans savoir qu'elle allait se montrer encore plus indifférente. En vérité, était-elle réellement ma mère? Car une mère , ce n'est pas seulement celle qui engendre, mais celle qui fait engendrer le bien-être de son enfant. Je ne pourrais à jamais m'en pavoiser.

Deux puces ( Tom 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant