La seconde fois est un choix non une erreur

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- Qui de vous deux a embrassé l'autre? Demanda Cheikh avec l'air le plus sérieux au monde.
    J'esclaffai bruyamment de rire sans même le vouloir, cette question était drôle... Vachement désopilante. Je fus toisé par Cheikh, peut-être pour me rappeler l'ordre, l'ordre qu'il n'avait plus droit de donner dorénavant. J'attardai mon regard sur Kira, sa femme, qui était fichtrement consternée,  dont l'angoisse démeurait patente malgré son grand silence. Avait-elle fait ce que je redoutais?
  - Je suis en train de parler à vous deux ; Cherif, réponds moi! Je ne suis pas ton égal, reprends ce que tu disais tout à l'heure.

- Écoute Cheikh, avec tout le respect que je te dois, je ne suis pas ton petit frère encore moins ton fils, tu baisses de ton quand tu me parles. Et sois raisonnable! Tu ne me dis pas ce que je dois faire. La seule personne sur qui ton autorité se porte est ta femme.
     Il força de reprendre une bouffée d'air en se contenant de sa colère. Cheikh avait changé d'un coup à mes yeux! Je refusais de croire que l'homme serein, mature et compréhensible s'etait métamorphosé ainsi, mon idole d'antan... J'avais perdu toute estime à son égard, toute.
  - Kira, c'est vrai ce que tu m'avais dit? Chérif t'avait embrassé ?
  Je fis des soubresauts , surexcité de sidération,  comment avait-elle osé ? Je comprenais dorénavant tout le defoulement et changement de Cheikh, on lui avait raconté des bobards, de gros mensonges  et j'avais dû passer comme le pire des salauds à ses yeux, mensonge concomitant au piège que sa soeur m'avait tendu, il ne pouvait que croire à tout cela à l'emporte pièce. Je me mis à claquer les mains et à applaudir m'approchant de Kira qui semblait perdre tout mot, c'était une poltronne, je la faisais vibrer par ce regard foudroyant dont je jouais avec elle, elle hoqueta puis toussa, des simulations certainement, quand on ne sait quoi faire devant une situation embarassante qu'on a créée, on feint.

- Kira, bravo. Kira , bravo! Mais bravo alors bravo. Quelle audace! Comment pourrai-je t'embrasser en sachant que tu allais être l'épouse d'un gars que je prenais pour mon grand frère ! C'est une bassesse que je ne pouvais commettre mais que toi  tu as commise. N'etais-je pas le mieux placé pour emboucher la trompette à cheikh de la situation, du genre de femme que tu représentais? Je me suis simplement dit que c'était une erreur et que tu regrettais. Tu as décidé de glaner d'autres infamies en mentant, en me salissant ainsi devant tout le monde. Tu n'es qu'une pendarde, la vérité ne se lâche jamais de marcher quand le mensonge halete après une vitesse de lumière parcourue : il s'arrête à jamais, exténué pendant que la vérité arrive dignement.

Elle s'eclata en pleurs et sortit en courant. Cheikh se tint la tête et son teint se pâlit.
- Et toi,sache une dernière chose, ta soeur, je n'ai jamais fantasmé sur elle encore moins penser à arriver à un certain stade avec elle. Elle m'avait toujours pompé l'air ,  cette sangsue, disais-je en quittant le salon.

   Je rattrapai mes prières perdues puis me mis au lit. Nathan me rejoignit en s'excusant.
- Cherif, tu sais que Cheikh est le mieux placé pour connaître sa sœur. Moi qui te parle, elle me collait vraiment beaucoup, j'ai remarqué qu'elle avait arrêté cet acharnement dès que tu avais débarqué chez eux, elle a jeté son dévolu sur toi malheureusement. Mais sais-tu qu'elle est enceinte? Et que sa famille ne cherche qu'à la couvrir! Mais tu devrais pardonner à Cheikh, c'est un homme bon et il t'a toujours estimé.

   Je recevais beaucoup trop d'informations de sa part, je décidai d'en analyser aucune. Je tirai la couette et me tournai pour rechercher Morphée. Il vint s'asseoir près de moi en me fixant jovialement et me sourit, j'y repondis en fermant les yeux, je me sentais petit à côté de lui, comme un bébé, surtout quand il posa sa main sur ma nuque et me caressa. Que m'arrivait-il? Pourquoi faisait-il cela? Ça lui faisait plaisir apparemment de se comporter ainsi, je ne detestais cette promiscuité au contraire, j'adorais, je me sentais comblé et en sécurité. Je dormis sous cette pensée oubliant toutes mes peines.
Le matin, je me reveillai et je trouvai une note laissée tout près du chevet où il me souhaitait une bonne journée et qu'il m'invitait ce soir à un dîner avec des billets de banque étalés sur la table. J'en demeurai très gêné , à ce rhytme je risquerai de prendre mes jambes à mon cou, je detestais vivre aux dépens d'une personne et Nathan semblait m'ouvrir cette voie. Demain promis, j'allais aller à la recherche d'un boulot , il ne fallait pas que je continuasse à me le couler douce chez les autres, ce n'était vraiment pas une très bonne réputation. Je pris ma douche et partis à la boulangerie acheter du pain et remontai très vite pour  préparer le petit déjeuner.  A peine que je fermai la porte, on malmenait la sonnerie. J'ouvris en faisant face à Ndeye Amy, aussi diaboliquement belle comme toujours malgré que sa mine demeurait littéralement froissée. J'étais surpris du haut point et lui bredouillai d'entrer. Je posai la miche de pain sur la table et vint m'asseoir en face d'elle pendant qu'elle contournait des yeux le salon.
  -  Cherif, jouons cartes sur table! Pourquoi me fuis-tu? Ai-je quelque chose de repoussant?

Deux puces ( Tom 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant