Mardi midi.
En rejoignant le chenil, je croise les quatre autres maîtres-chiens qui se dirigent vers l'ordinaire pour y déjeuner. Ils me saluent, un petit sourire aux lèvres, l'air entendu. M'en fiche. Tout le monde a le droit d'aller voir l'adjoint au chef du chenil ; l'heure de pause nous permet d'en disposer à notre convenance.
Le caporal-chef est sur le pas de la porte comme la veille, adossé au chambranle, bras croisés sur la poitrine. Il me parait un peu bizarre, nerveux. Je le remarque à la légère rougeur de ses joues et son regard perçant, qui se charge de quelque chose de plus lourd quand je parviens à sa hauteur. Il s'efface pour me laisser entrer. J'ai à peine le temps de franchir la porte qu'il fond sur moi et m'emprisonne entre ses bras. Un quart de seconde, j'ai cru qu'il allait me dire de repartir. Son étreinte, seule démonstration d'une émotion jusque-là contenue, manque de me faire pleurer de soulagement.
— Je n'ai jamais roulé de pelle à un militaire en tenue.
— Il faut un début à tout !Il se penche pour étouffer mon rire d'un baiser qui me laisse les jambes flageolantes. Je ne m'attendais pas à son ardeur, mais j'ai eu le temps d'échafauder des scénarios plus chauds les uns que les autres. Là, je suis proche de la combustion spontanée. Fini les scrupules, je ne veux que lui, maintenant, tout de suite.
— Je ne te l'ai pas dit hier, reprend-il, mais tu m'as fait un sacré effet dans le train. Je ne savais plus où me foutre !
— Ooooh, vraiment ?S'il savait... mais je n'ose dévoiler mon propre jeu, en bonne trouillarde qui se respecte. Une princesse n'avoue jamais ses pensées lubriques. JA-MAIS !
— Tu sais que j'ai failli mourir après t'avoir déposée, l'autre soir ? J'étais complètement obsédé par la façon dont tu m'avais touché. Chose carrément déconseillée quand tu conduis de nuit et sous la pluie ! Quant à hier... je te jure que je ne matais pas ton petit cul. Enfin, pas seulement ! Enfin voilà, quoi. Je voulais te confirmer que je n'étais pas indifférent.
— Pourquoi me dis-tu cela ? T'ai-je donné l'impression d'être inquiète ?Plutôt crever que lui avouer que c'était le cas. Pourtant, lui n'a pas hésité une seconde. Son courage m'impressionne, et me séduit une fois de plus.
— Oui. J'ai l'impression que tu ne te fais pas assez confiance. Et je trouve ça bizarre, pour une fille comme toi.
Merde ! Celle-là, je ne l'ai pas vu venir. Soit je suis trop transparente, et il va falloir que je bosse ma poker-face, soit Yann a acquis une finesse d'analyse incroyable grâce à ses années de dressage. Je ne suis pas sûre d'être ravie d'en faire l'objet. Mais son regard sur moi me fait rapidement oublier certaines craintes. Nous sommes là pour prendre du bon temps et faire plus ample connaissance. En espérant que cela induise assez vite l'envol de nos vêtements et un lien plus étroit entre nos corps. Alors je biaise une nouvelle fois.
— Tu as raison, ce n'est pas tous les jours qu'une fille comme moi arrive à piéger un beau gosse dans ton genre !
Il me sourit en me laissant tout de même comprendre qu'il n'est pas dupe. La reine de l'esquive a trouvé un adversaire à sa mesure. Attrape-moi si tu peux !
Je suis troublée par la sensualité brute qui se dégage de lui, alors que ses gestes sont la douceur incarnée. Et j'aime sentir son regard affamé sur moi, cela me donne l'impression d'être belle et désirable. Ce type est un diamant brut. Son physique n'est décidément pas la seule chose intéressante chez lui. Je me suis toujours sentie à l'aise avec lui. J'adore sa franchise rafraîchissante, son humour, et cette espèce de bestialité qui affleure. En le découvrant dans ce cadre intime, je comprends enfin ce qu'on peut ressentir sous le feu de la passion.
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Coeur d'homme, âme de soldat 1 : Apprivoise-moi
RomanceLorsque Amélia découvre l'infidélité de son fiancé, la fuite semble être la solution à tous ses problèmes. Car au-delà de l'humiliation, cette mésaventure lui ouvre les yeux. Leur histoire allait droit dans le mur ! La rupture était donc inévitable...