Chapitre 8

9.5K 696 48
                                    

Ce matin, Yann est passé me chercher, sous l'œil suspicieux du lieutenant. Dans moins de vingt-quatre heures, et malgré le week-end, le régiment saura qu'un nouveau couple s'est formé.
Mon amoureux - bon sang ! Ça y est, je glougloute – m'a raccompagnée et a déposé un baiser plein de promesses sur la peau est très sensible de mon poignet, avant de m'embrasser passionnément. Mais raisonnable, il m'a laissée afin que je me repose. Je le soupçonne d'être allé faire un grand ménage dans son antre de célibataire. S'il savait que je me moque bien de tomber sur une chaussette solitaire, abandonnée sur le canapé ! Tant que je peux jouer avec ce que cache son slip !

Ouuuh pinaize, quelle chaudasse !

Faut reconnaître que la ronde effectuée en solitaire vers deux heures du matin a perturbé mon cycle de sommeil. Je profite de la matinée après une bonne douche pour me laisser tomber comme une masse sur mon lit, encore enveloppée dans ma serviette de bain. Lorsqu'il se présente chez moi aux alentours de midi, j'ai retrouvé visage humain et mes cernes se sont atténués.

Un vrai premier rendez-vous dans un petit resto romantique à souhait. Oui bon d'accord, un hamburger chez Mac Do !
Nous ressemblons à deux adolescents rougissants entamant une parade nuptiale. Nous avons beau avoir vécu un épisode torride et nous être avoué nos sentiments, il nous reste toute une intimité à construire. C'est extrêmement grisant. Et terrifiant. Mais je ne lui ai pas menti sur ce point. Je suis prête.

Nous rions un peu fort en nous agitant sur nos chaises. Mon pouls fait quelques accélérations incontrôlées, mes poumons sont déclarés zone sinistrée, mais je me sens bien. Nous nous dévorons du regard, mêlant nos doigts lorsqu'ils se rencontrent fortuitement sur la table à côté de nos plateaux à peine touchés. Nous dégoulinons de mièvrerie, et ça me ravit.
Au détour d'un fou-rire provoqué par la montagne d'aliments vacillante sur un plateau, qu'un père de famille a vainement tenté de rapporter à sa table, Yann me lance tout de go :

— J'ai envie de toi.

Je m'étouffe dans mon Sunday, écarlate. Je dois avoir l'air encore plus débile que d'habitude. Et pas besoin de répondre, mon corps s'en charge. On se regarde longuement. Malgré l'environnement qui ne prête pas à s'enflammer, mes sens réagissent à l'idée de partager son lit en érigeant la pointe de mes seins sous mon pull en maille fine. Il ne peut que le remarquer. Il se lève, me saisit la main sans avoir terminé son café et m'entraîne jusqu'à sa voiture. Là, il me plaque fermement contre la portière passager, prend mon visage entre ses mains et chuchote en alternant les baisers :

— Je ne te promets pas d'être le parti le plus fréquentable aux yeux de ta famille, ni de pouvoir me contrôler en permanence quand tu es dans mes bras, Et rien qu'à l'idée de te faire de nouveau l'amour... ça me rend dingue. Mais il n'y a pas que ça. Quand je suis amoureux, je donne tout. Ça peut être lourd à supporter. Mais je peux t'assurer que je ferai tout pour te rendre heureuse et comblée, Amélia.
— Tu ne triches pas, c'est aussi ce que j'aime chez toi. Et ta fougue... miam, ça me fait craquer. Surtout quand tu me glisses des mots coquins !
— Alors je vais bosser la gravité de ma voix pour te murmurer les cochonneries que je vais te faire.

J'adore sa façon d'assumer son désir ; il m'apprend aussi à verbaliser le mien. J'apprends l'amour en lui parlant. Il me respecte comme son égale et me désire comme une amante. Avec lui, je me sens femme et individu à part entière. Je ne ressens pas cette sensation d'étouffement qui me bloquait avec Marc.
Et il faut vraiment que j'arrête de glouglouter, moi. On va finir par me jeter du grain...

Son appartement est un repère très masculin, en corrélation avec ce que je sais de ses goûts ; je n'aurais pas été étonnée d'y trouver des sabres sur les murs et des chiens de garde dans toutes les pièces. Mais l'ensemble est rangé, propre, et il n'y a pas l'ombre d'un museau poilu plein de crocs à l'horizon. Je souris en voyant ses étagères crouler sous les comics américains et la montagne de DVD qui monte la garde à côté. Deux geeks se sont trouvés ce soir.

Coeur d'homme, âme de soldat 1 : Apprivoise-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant