Épilogue

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Deux ans plus tard...

— Amélia, dépêche-toi ma puce, on va être en retard pour la cérémonie ! me crie Yann, du bas des escaliers de la petite maison avec jardin dans laquelle nous venons d'emménager.
Le jardin en question devrait accueillir prochainement une niche. Et dans la niche devrait loger un suppôt de Satan tout en crocs et en bave. La sale bête se trouve en stage de reconditionnement suite à sa mise en réforme, après de longues années de bons et loyaux services.

J'ai cédé quand mon homme m'a accompagnée dans le box de Monstre-à-crocs et que je n'ai étonnamment pas fini en viande hachée. Pire. La bestiole m'a reniflée puis a léché mes mains en me faisant des fêtes, sous la surveillance de son maître. Hypocrite en plus ! Je l'adore déjà... Je vais l'appeler Minimoi, tiens ! Après tout son pelage fauve fait écho à ma propre crinière. Et puis ça lui fera les pattes !

Après les premiers mois d'une vie commune idyllique dans son micro appartement, l'absence de Yann, en mission à l'étranger, a créé un énorme manque. Cela a renforcé ma conviction d'avoir trouvé le bon. Les retrouvailles merveilleuses et la reprise d'un quotidien joyeux et pimenté ont confirmé nos sentiments. Mes craintes ont disparu pour laisser la place à une grande sérénité et une confiance inédite en l'avenir.

Dois-je parler de la présentation aux parents ?
Ouaaais !
Avec sa maman, pas de souci. Une femme aussi douce m'offrant un homme formidable ne pouvait qu'obtenir mon amour inconditionnel.

Quant à mes parents... grand moment de n'importe quoi, comme d'habitude. En tout cas, loin de la formalité familiale traditionnelle. En lui ouvrant la première fois la porte, ma mère s'est décomposée, croyant voir débarquer un membre de gang. Elle lui a claqué la porte au nez, évidemment. J'ai hurlé derrière la porte, histoire de lui laisser au moins le bénéfice du doute. Il l'a obtenu en lui présentant un salut des plus convaincant, armée de son sourire 10000 volts. L'arme fatale. Découvrant sa gentillesse et sa bonne éducation, elle l'a rapidement pris en affection. Qui n'aimerait pas un grand gaillard si serviable et complètement fou de sa fille ?

Mon père a simplement haussé un sourcil en découvrant les tatouages dans le cou et les avant-bras, avant de le lancer sur le dernier jeu en ligne dont il venait de faire l'acquisition. A-dop-té ! Ma grande sœur, quant à elle, m'a décoché un regard significatif. Le genre : « mais tu as tué qui pour gagner un p'tit lot pareil ? ». Message silencieux, comme tous ceux passés entre des sœurs qui se connaissent par cœur. Elle l'a accompagné d'un soupir et d'un geste du pouce désignant sa propre marmaille, braillant autour de son mari adoré et complètement dépassé.

Jetant un dernier coup d'œil sur mon reflet qui me paraît avantageux pour une fois, je fixe la dernière épingle à ma tresse relevée en torsade. Puis je fonce dans la chambre pour enfiler la petite robe Charleston rose poudrée à légers volants, choisie en compagnie de la future mariée.

Peut-être légèrement influencée par le bonheur écœurant dans lequel je baigne depuis des mois, Sandrine a renoué avec son ex petit ami. Celui-ci s'est plus ou moins traîné à ses pieds pour la reconquérir. Plutôt moins que plus, connaissant l'ego hypertrophié du personnage. J'ignore si leur couple va tenir cette fois. Le souvenir du mal qu'il a causé me hérisse à chaque fois. Mais souhaitant sincèrement un avenir radieux à mon amie, j'ai accepté de voir son bonheur passer par ce rat galeux de Joffrey. Donc nous nous haïssons cordialement et définitivement. Je le traite régulièrement de gromelot, il réplique bien plus souvent par l'hystérousse, ce qui a le don de confirmer notre inimitié. Crétin !

Le réveil de mon portable me rappelle l'heure qui tourne. Je me hâte de boutonner la robe, attrape une étole au passage, manquant de me prendre les pieds dans les vêtements que nous avons jetés au sol plus tôt pour un petit épisode coquin fabuleux, et descends les marches aussi vite que mes escarpins neufs le permettent.

Yann m'attend en bas, époustouflant de sex-appeal et m'ouvre ses bras d'un air heureux en me découvrant si jolie. Il fait très solennel dans son costume de cérémonie « terre de France » grège, revêtu pour faire honneur au marié, militaire lui aussi. Et il a beau sautiller d'un pied sur l'autre, mal à l'aise dans une tenue si rigide, je le trouve superbe et le lui dis. Ça élargit un peu plus son sourire. Il me réplique en me soulevant dans ses bras pour déposer un baiser sur le bout du nez, que ce costume devrait parfaitement convenir pour notre propre mariage.
Sous son regard voilé d'un soupçon d'incertitude, c'est une femme heureuse qui l'assure avec le souffle un peu court de tout son amour.

Soulagé, il me glisse avec autant de conviction la force de ses propres sentiments et nous sortons de chez nous, avec le sourire un peu bêta des gens qui s'aiment.

Coeur d'homme, âme de soldat 1 : Apprivoise-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant