Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Un instant, je ne rêve que d'envoyer mon poing dans sa figure parfaite, l'instant d'après, mes lèvres sont sur les siennes. Je ne crois pas avoir déjà rencontré une personne capable de me faire ressentir en l'espace de quelques minutes tout un arc en ciel d'émotions. Une palette intense aux couleurs aveuglantes. De la colère à l'inquiétude, de la compétition à la tendresse, du regret à l'ivresse.
Quand il approche son visage du mien et que nos bouches se caressent avant de s'embrasser, j'éprouve tous ces sentiments en même temps. Ils me submergent et m'engloutissent, m'élèvent et m'enhardissent. Je me sens soudain capable de tout, mais tout en ayant envie de rien d'autre que de rester là, ici et maintenant.
J'ai le vertige, et la sensation de ses lèvres chaudes sur les miennes n'en est qu'un tout petit peu responsable. J'ai le vertige car mon monde vient de basculer sur son axe. Je commence à entrapercevoir un avenir où peut-être serais-je heureuse, ou peut-être pourrais-je être moi, ou peut-être pourrai-je être libre. Il n'est pas question d'amour, j'ai banni à jamais cette notion de mon existence. Il est question de lui et de moi. Quand il me regarde, je sais qu'il me voit. Et je le vois, lui.
J'ignore à cet instant que mon univers s'apprête à être à nouveau chamboulé.
Au loin, très loin, je perçois le roulement des sabots des chevaux qui approchent de nous et je romps notre contact pour me tourner dans leur direction. Je n'aurai jamais cru que du soulagement m'envahirait devant la vision des bannières d'Azgeda flottant au vent. J'aperçois quelques bannières d'Arkadia également et souris en me levant d'un bond.
Nous sommes sauvés !
Je vais pouvoir rentrer au château, y soigner le Prince d'Azgeda avec toute l'attention qu'il mérite, puis examiner Charlotte. Tout ira bien.
Je m'apprête à faire quelques pas dans leur direction afin d'aller à leur rencontre quand la main chaude de Bellamy retient la mienne.
— Clarke... murmure-t-il.
Je me tourne vers lui et mon sourire se fane immédiatement. La peur que je lis sur son visage n'est rien comparé au regret qui assombrit ses traits. Dans ses yeux marrons, je lis une détresse sans précédent que je ne comprends pas.
— Je ne te laisserai pas mourir, Bellamy. Qui épouserai-je, si le Prince d'Azgeda succombe à ses blessures avant même de demander ma main ?
Mon ton est léger car l'angoisse de lier ma vie à la sienne m'a désormais quittée. J'ai du mal à réaliser qu'il aura presque fallu la noyade de Charlotte pour que nous en arrivions là, mais j'en suis soulagée. Pourtant, ma remarque provoque l'inverse de l'effet escompté et la détresse de son regard se transforme en une tristesse insondable qui me heurte de plein fouet.
— Bellamy ?
Cette fois, ma voix tremble et toutes mes certitudes se brisent et s'éparpillent. J'aimerai lui demander ce qu'il se passe, ce qui ne va pas. J'aimerai lui dire que je ne comprends pas, lui demander qu'il m'explique. Par tous les dieux, j'aimerai même qu'il me rassure. Je ne suis pas heureuse de ce mariage forcé, mais je suis heureuse qu'il soit celui que mes parents m'aient choisi pour mari. Ne ressent-il pas la même chose ? Ai-je été à ce point stupide et aveugle ?
— Bellamy ?
Son prénom résonne derrière moi et mon compagnon lâche brusquement ma main tandis que je me tourne vers l'homme qui l'a interpellé. Vêtu à la manière d'Azgeda, il se tient droit sur son cheval. Un arc, un carquois et une épée dépassent de son dos. Deux cicatrices en forme de croissants de lune entourent chacun de ses yeux bleus, presque gris sous le soleil. Ses cheveux bruns sont longs et ramenés en arrière dans une demie queue-de-cheval.
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L'amour est une faiblesse
Fanfiction*EN HIATUS A DUREE INDETERMINEE* **Cette fiction n'est pas terminée, lisez à vos risques et périls** ***oui, je la terminerai un jour*** Le cœur de Clarke est brisé. Tout ceux qui l'ont un jour aimée l'ont abandonnée. Alors, elle se fait une promess...