Chapitre 2 : "Je ne pourrai lui pardonner d'aussi tôt !"

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Il me rejoignit dans cette position et m'entoura de ses bras si doux et chaleureux. Mais cela n'eut pour conséquence que d'aggraver ma peine. Mon esprit ne saisissait pas ce qui se passait. Et dans ma tête, une seule question trottait : "Pourquoi? Pourquoi?". Je voulus la lui poser mais je me retins car, pensais-je : "Cela ne résoudrait rien!". Je ne comprenais pas comment il pouvait m'abandonner ainsi. Oui! Je qualifiais cela d'abandon que du jour au lendemain, un si proche ami veuille partir, et ce, pour des années. Je n'avais pas cherché à savoir où, ni quand précisément, car cela ne comptait plus à mes yeux désormais. Je ne voulais plus qu'une chose à cet instant : me relever à toute vitesse et courir droit jusqu'à chez moi, sans plus jamais le croiser sur mon chemin. Tellement mon coeur en souffrait!

Malgré tout, je résolus en mon coeur, en une fraction de secondes, de ne pas me montrer aussi faible. Je ravalai mes pleurs et nettoyai mes larmes. Puis, je me tins debout pour le suivre jusqu'au bout.
Je pense qu'il ne saisit lui-même pas ce changement d'état soudain. Il continua à me donner un tas de détails qui n'avait plus aucun sens pour moi ; mon prétendu ami m'avait brisée à un point qu'il ne pouvait imaginer ! [...]

Pourquoi n'était il pas venu m'en parler avant, lorsqu'il projetait ce départ ?
Il aurait pu constater que cela me ferait un grand mal et peut-être aurait-il décidé autre chose que de partir... Moi, c'est ce que j'aurais fait en tout cas!
Au bout d'un moment, il s'arrêta lorsqu'il se rendit finalement compte que je n'étais là qu'en chair avec lui. Il régna pendant un bon moment, un silence intense malgré le bruit des vagues et du vent qui existent à cette heure dans toutes les plages.
On se rassit et cette fois, nous contemplions sans l'ombre d'un mot, l'atmosphère bizarre qui régnait désormais entre la nuit qui tombait, le vent qui soufflait, les vagues qui faisaient leurs allés et retours et mon "prétendu" ami et moi qui étions devenus comme des étrangers l'un pour l'autre.

De temps en temps, il me semblait sentir son regard posé sur moi. Mais je ne peux l'affirmer car j'étais certes assise près de lui, mais je n'ai cessé de regarder dans l'autre direction.
Puis, après un long moment, je pris un peu d'empathie pour lui et je me mis à sa place pendant quelques instants : "Comment aurais-je réagi si mon ami en qui je croyais, se comportait comme moi en ce moment?" Ça ne devait certainement pas être évident pour lui et s'il a pris cette peine, cela traduit certainement l'importance que j'ai à ses yeux. Alors je ne pouvais pas tout oublier d'un coup et le rejeter comme je le faisais déjà.
Ainsi, malgré ma douleur et ma position face à son départ qui n'avaient pas changé d'un pouce, je voulus quand-même être présente pour lui en ces derniers moments que nous passions ensembles.
Et comme les étoiles apparaissaient déjà à cette heure, et que lui et moi aimions les contempler, je profitai pour lui en toucher un mot :

- Floriano, dis! Tu continueras à observer ces étoiles où que tu ailles? Rassure-moi!

Il tourna son visage vers le mien pour me répondre. Et d'un sourire léger et mignon :

- Jamais, je ne cesserai! Elles font désormais partie de moi.

C'était exactement la réponse que j'attendais de lui! Elle dissipait un peu ma colère mêlée de tristesse en ceci qu'elle me rassurait qu'il se souviendra toujours de nous aussi longtemps qu'il continuera à observer les étoiles.
Et alors qu'un sourire se dessinait en mon coeur, il continua :

- Ana !
- Oui!
- Je veux que tu me promettes une chose.
- Laquelle ?
- Je veux que tu me promettes que tu ne cesseras jamais d'écrire et qu'un jour, grâce à chacun de nos rêves, nous nous retrouverons quel que soit l'endroit. Promets le moi stp !

Je pense qu'à ce moment, il y a eu comme une vide dans mon esprit. La réponse était pourtant toute faite mais je ne savais pas si c'était ce que je voulais ou du moins ce que je voulais entendre. Ceci eut pour conséquence de retarder ma réponse. Cela occasionna en lui, je suppose, comme un doute : "Aurais-je de nouveau fait quelque chose qui la rendrait malheureuse ?". Mais j'interrompis brusquement cela en répondant malgré moi :

- Oui, je te promets !

La vérité est que je promettais surtout de ne pas laisser l'écriture car plus que jamais, elle allait m'aider à vider mon sac le temps de m'habituer à son absence. Quant à l'autre partie de la promesse, je pense que j'ai voulu à ce moment précis, ne plus jamais le rencontrer nulle part ailleurs. Je me disais : "Puisqu'il a voulu sortir de ma vie, il n'y a pas de raisons qu'il y réapparaisse un jour. Et ce grâce à moi!".
C'est alors que je compris que je ne pourrai lui pardonner cela. Du moins, pas d'aussi tôt ! Et je pense qu'il avait dû s'en douter également...

CE VIDE QUE JE RESSENS...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant