Ce soir-là, après les cours, il avait insisté pour que nous allions, comme à notre habitude, faire une balade à vélo sur la rue de la plage d'ipanema.
Normalement, nous la faisions tous les premiers samedis du mois ; mais ce jour-là n'en était pas un.
J'étais un peu surprise mais pas assez pour le questionner davantage. Je le suivis sans un mot. Il faut dire que la soirée était plutôt superbe.
On apercevait au loin, le soleil qui virait au rouge orangé et dont les rayons doux et chauds procuraient une sensation de bien-être.
Il allait juste un peu plus vite que moi. Et de temps à autre, il s'arrêtait brusquement, me regardant d'un air à la fois gai et triste, arriver tout doucement jusqu'à son niveau.
Puis, il se remettait à pédaler lorsque j'étais assez près de lui.
Il ne l'avait pas remarqué, mais son attitude avait commencé à m'inquiéter. "Pourquoi agit-il ainsi ?" Me questionnais-je sans lui en toucher un mot.
Cependant, pour une raison bizarre, je continuais d'avancer, et lui aussi.
Nous avions l'habitude de faire plusieurs allés et retours. Mais, ce soir-là, nous avions à peine fait un tour, qu'il voulut que nous allions au bord de l'eau.
Floriano était naturellement, si je puis le dire, mystérieux et aussi très pensif comme garçon. Du coup, je justifiais ces instants comme faisant partie d'une simple expression de son caractère. Cela, malgré mon coeur qui ne voulait l'admettre !
Nous avions rangé nos vélos à un coin des cocotiers qui longeaient la plage, lorsqu'il s'avança d'un peu plus près de moi qu'à l'accoutumé et me saisit par la main comme voulant que nous fassions une course.
Je suivis une fois de plus, d'autant plus que cette fois, il me semblait avoir perçu une expression un peu plus joyeuse sur son visage lorsqu'il me prit par la main.
Nous avions couru ce soir-là, avec une triste sensation. Un peu comme qui dirait, pour la dernière fois. Mais, j'étais si heureuse pour m'en soucier à ces instants.
"Ana, tu te fais du souci pour rien!" Me rassurais-je en mon coeur.
Le soir était avancé, les gens se retiraient peu à peu de la plage et le soleil aussi.
Cela ne semblait pas nous gêner. Au contraire, j'avais envie de rester encore plus longtemps avec lui. Je voulais que les instants s'éternisent et que le soleil stoppe juste sa course pour nous.
Nous étions assis sur le sable quand il se leva, prit un peu de distance de moi comme se préparant à faire un aveu.
J'étais un peu intimidée à partir de ce moment et je sentis à l'intérieur de moi que mon coeur, lui non plus n'était indifférent.
- Ana,...
- Oui ! Repondis-je calmement mais précipitamment sans lui laisser la peine de continuer.
Il se tourna vers moi. Et sans me l'avoir dit, je compris qu'il voulait que j'avance près de lui. Alors je le fis.
A mesure que j'avançais sur cette courte distance qui nous tenait éloignés, à mesure je lisais un énorme chagrin sur son visage.
D'un coup, mon coeur éprouva de la compassion sans accorder de l'importance au bénéfice du doute que ma raison tenait pour alibi afin de m'éviter de fondre en larmes.
Je pense avoir fait mille combinaisons pour essayer de détecter à l'avance son souci, mais malheureusement, aucune d'elles n'était assez solide pour justifier son état.
Alors, j'entrepris de le laisser terminer et je fis l'effort de l'écouter sans examiner davantage les circonstances.
- Ana, je...Je dois te dire une chose.
- Parles ! Je t'écoute. N'aies crainte car je ne le prendrai pas mal.
Lui dis-je pour le rassurer et essayer de le libérer de toute cette angoisse qui semblait l'accabler.À ce moment, je pensais vraiment chacun des mots que je sortais. Rien d'autre ne me semblait plus important que de le voir recouvrer son calme et sa sérénité.
- Ana, je suis si triste car je dois te dire au revoir.
- Ce n'est pas si grave! Disais-je d'un air un peu rassurée du fait que ce ne soit que ça.
"On se reverra demain et même après demain et tous les autres jours aussi! Ne sois pas triste pour ça."
Et à mesure que je continuais, à mesure aussi, il me semblait n'apercevoir aucun signe de soulagement sur son visage.
Ce-dernier avait plutôt l'air de me dire : "tu n'as rien compris, Ana !".
Alors, je lui demandai :
- Expliques-toi un peu plus s'il te plaît. Que veux-tu me faire comprendre?
Depuis tout ce temps, il parlait en évitant mon regard. Mais pour cette question, il me fixa droit dans les yeux. Et m'ayant séparément saisi les deux mains, il ajouta :
- Je vais partir d'ici et je ne suis pas certain de revenir avant un bon bout de temps.
Soudain, d'un geste purement instinctif, mes mains se detachèrent des siennes. Puis, se mirent à nettoyer de brusques larmes chaudes de tristesse qui s'étaient mises à couler le long de mes joues.
Néanmoins, j'esquissais toujours, et ce malgré moi, un sourire pour éviter de le peiner davantage. La vérité étant que, cette fois-là, c'était pour moi que ce sourire persistait.
Je ne parvenais pas à croire ce que j'entendais. Sans me contrôler, je détournai mon visage du sien tandis qu'il essayait de me consoler. Et je continuais d'une voix pleurnichante :
- Combien de temps? Des semaines, des mois..?
Et avant même que je me sois moi-même habituée à ces périodes que je citais mais qui me paraissaient incroyablement longues, il me sortit malgré lui :
- Des années !
Cette reponse amena mon corps tout entier à ne plus tenir en place. Si bien que ce-dernier se laissa tomber sur les genoux.
Je venais juste de comprendre la raison de cette sensation de malaise qui ne me m'avait plus quitté depuis l'instant où il m'avait invitée à cette balade : Il me comptait me faire ses au-revoirs!
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CE VIDE QUE JE RESSENS...
NonfiksiC'est l'histoire d'une adolescente qui vit difficilement le départ soudain d'un ami pour l'étranger. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Après le départ soudain de Floriano (qui va poursuivre ses études au Japon), Ana se rend compte qu'ell...