Chapitre 8: "Elle restait la même Ana que dans mes premiers souvenirs"

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Finalement, elle avait loupé mon départ.

J'avais pourtant espéré qu'elle viendrait malgré le temps qui était avancé.

Je pensais que son amie Angèle et elle, apparaîtraient par le plus beau et heureux des hasards.

Mais visiblement, je m'étais trompé et sa douleur était bien plus grande que je l'imaginais.

J'aurais tellement voulu la revoir en quittant le sol brésilien, mais ma demande était bien au dessus du réalisable.

Quelque part en moi, après cette fameuse soirée à la plage, je me doutais que rien ne serait plus comme avant.

Malgré le fait qu'elle voulait le musser, Ana n'a jamais su cacher sa peine.

De nature hyper sensible et vulnérable, elle évitait au maximum les situations fâcheuses pour se préserver et surtout éviter de gêner les autres.

Et même malgré notre amitié, il lui était difficile de se confier ou d'exprimer clairement ses ressentis. Je l'avais compris la première fois que je l'avais vu débarquer à notre première année de collège.

Je m'en souviens comme si c'était hier !

Ce matin-là, à presque un mois après la rentrée, deux nouvelles furent présentées comme des camarades nous rejoignant pour le reste de l'année scolaire.

L'une était visiblement très timide, voire trop timide et l'autre, beaucoup plus détendue et sereine. Elles semblaient se convenir parfaitement et paraissaient se connaître au paravent. Or, grande était notre surprise lorsqu'elles se présentèrent tour à tour et qu'il en ressortit qu'elles venaient de deux endroits différents. L'une venait de Paris, en France et l'autre de Londres, en Angleterre.

Elles s'étaient vite faîtes remarquées par leurs accents, complètement différents du nôtre. Par la suite, les circonstances voulurent qu'elles devinrent amies comme les deux nouvelles et de surcroît, étrangères qu'elles étaient.

Ana aimait passer ses pauses à la bibliothèque, à l'abri des regards. C'était hyper gênant pour elle, je suppose, de sortir et d'avoir à se mêler à d'autres personnes, compte tenu de sa grande timidité.

Mais Angèle, réussissait à l'entraîner avec elle et c'est grâce à elle que nous nous connurent et devinrent amis.

En effet, Angèle venait souvent assister à nos matches de football avec Manuel, et s'était liée d'amitié avec ce-dernier qui se trouvait être mon ami.

Comme il lui arrivait de venir avec Ana qui n'y trouvait pas grand intérêt et préférait lire malgré les bruits autour, nous finîmes par nous rencontrer, et sans gros efforts, finîmes par découvrir plusieurs points que nous avions en commun.

Le hasard voulut ensuite que je découvris que nous habitions le même quartier, ce qui eût pour effet de renforcer nos liens.

Avec elle, je ne fournissais aucun effort pour me sentir à l'aise. Il me suffisait juste de sa présence pour égayer ma journée.

Quelques fois mêmes, il m'arrivait de manquer exprès les entraînements, juste pour assister à son club de lecture qu'elle avait ouvert.

Super engagée et déterminée dans sa tâche, il nous arrivait de rester tard au collège parce que préparant les séances de lectures du lendemain.

Elle aimait beaucoup les romans et voulait en écrire. C'était pratiquement les seules fois où je la voyais hyper à l'aise et dans son élément. Et c'était ça qui me passionnait !

On lisait de tout ! Et c'était rare de manquer de lecture, tellement elle en connaissait des tonnes... Elle était vraiment ancrée dans ça !

Elle aimait me répéter un passage du livre Vie et Moi de Louis Aragon qui disait ce qui suit : "Si la vie est un roman, prends ta plume et viens écrire avec moi, les plus beaux chapitres." La grâce seule avec laquelle elle les répétait justifiait mon envie incessante de les entendre à nouveau, et sans m'en lasser.

CE VIDE QUE JE RESSENS...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant