Comme il est facile d'exiger des autres, ce que nous sommes incapable d'accomplir!
C'était ce que je ressentis ce soir après avoir demandé à Angèle et Manuel de veiller sur Ana.
J'avais parfaitement conscience de ce que je n'avais pas pu, voire, je l'avais lâchement abandonnée.
Ce sentiment pesa sur ma conscience tout le long du voyage. Je n'arrivais ou plutôt, je n'arrive pas à m'en défaire.
Cela me rappelle tristement toutes ces fois où je n'avais pas été present pour elle ; craignant de faire face à mes parents.
Cela me rappelle aussi, toutes les fois, où, agacée par certains camarades, je n'intervenais pas directement pour la défendre comme le ferait n'importe quel autre garçon. Tout ceci - encore - pour éviter des noises qui pourraient remonter jusqu'à mes parents.
Je souffrais de cette incapacité et aujourd'hui encore plus.
Chaque fois, comme quand je quittai Rio ce soir-là, j'avais recours à Manuel pour la protéger. C'était si récurrent qu'elle allait vers lui directement lorsqu'elle avait des ennuis.
Elle ne le faisait pas pour m'embêter, je le sais, mais plutôt comme pour me protéger et éviter que j'intervienne.
C'était elle qui avait des soucis, pourtant, lorsqu'elle se dirigeait vers Manuel alors même que j'étais là, j'avais l'impression que les rôles s'inversaient.
Et comme je ne supportais pas cela, j'évitais au maximum que nous soyons en contact avec les autres.
Parfois, et malheureusement, d'autres profitaient de cette faiblesse pour nous attaquer. Et là encore, c'étaient Manuel et Angèle qui intervenaient.
Cette situation ne semblait pas gêner Ana, mais moi, j'en étais malade. Je ne pouvais pas me défendre. Pourtant, ce n'était pas faute à une faiblesse quelconque car je pratiquais des arts martiaux à la maison à la demande de mon père et à l'insu de mes amis excepté Manuel.
Mais bon! J'avais appris à supporter ce regard pitiereux qu'elle me portait dans de telles occasions...allez savoir pourquoi je ne lui disais pas simplement la vérité.
Aujourd'hui encore, je souffre de cette incapacité et je ne peux toujours pas prendre soin d'elle. Au contraire, j'ai la sensation de m'être toujours servi d'elle !
Je pouvais être absolument lâche mais du moment où j'étais avec elle et que je ne faisais rien qui aurait pu mettre un terme à cela, tout le reste m'importait peu.
Des fois, pour la voir pendant les week-end, je feignais n'avoir rien compris aux exercices donnés en cours. Et donc, je prenais pour alibi cela pour la voir... [Sourire]
J'imagine qu'elle s'en doutait bien quoiqu'elle jouait le jeu.
Même là aussi, j'agissais en véritable lâche...
Je ne sais pas si c'était dû à ma timidité ou non, mais il m'était difficile de lui demander clairement ce que je voulais d'elle.
Heureusement, Manuel me donnait toujours des coups de pouces. Soit par des invitations à la cafétéria du coin (proche de l'école), soit pour le ciné ou pour une soirée entre amis chez Ana.
C'est marrant ! Mais c'était le cas ; ne pouvant aller chez nul autre.
Je me souviens que pour le carnaval, je passais des heures entières à m'entraîner devant lui afin d'inviter Ana. Je suais véritablement ; qu'il en concluait que j'étais amoureux.
Naturellement, je n'y croyais pas. Et dans ma tête ou dans mon coeur, le sentiment était assez flou pour le caractériser. Du moins, je savais juste qu'Ana était une bonne et chère amie.
Mais Manuel me le répétait tout le temps et me taquinait même à la limite ; vu comment je changeais tout de suite d'humeur (fous rires plutôt timides avec les rougeurs qui suivaient).
Fin dragueur, il aimait me donner des cours de séduction qui feraient tomber toutes les filles et sans aucun doute Ana, selon qu'il me disait... Je trouvais cela amusant car je savais pertinemment qu'Ana ne pourrait pas s'intéresser de la sorte à moi. Et cela malgré toutes les techniques du monde : j'étais bien trop lâche et inutile !
Et puis, il y avait pas mal d'autres garçons, tous aussi intéressants les uns que les autres qui s'intéressaient à elle et usaient des mêmes stratèges que moi pour s'en approcher.
Il m'arrivait même de trouver cela étrangement irritant comme animé par une jalousie. Mais je me resaisissais immédiatement pour éviter de confirmer les présuppositions de Manuel.
C'était souvent poussé que je n'avais d'autres choix que d'en parler à Manuel. Je redoutais vraiment de la perdre. Évidemment, il en profitait pour confirmer davantage ses dires mais, je n'y accordais pas trop d'importance ; du moment où il me rassurait de ce que je compte aux yeux d'Ana...Quels beaux souvenirs! [Pause]
Tout cela n'était plus que passé désormais. Et la solitude qui m'accompagnait dorénavant me le confirmait bien.
Parfois, je pense à rentrer cependant, des "Mais" surviennent.
Je ne suis pas forcément malheureux où je suis, d'ailleurs, j'ai appris à mettre ma volonté en dernier du moment où j'obéis sagement à mon père, mais je sens bien quelque chose me manquer.
Je lutte pour l'ignorer mais sans succès.
Je crois savoir d'où provient le manque mais ma lâcheté ne m'a pas quitté : Mais quel lâche, je suis!
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CE VIDE QUE JE RESSENS...
NonfiksiC'est l'histoire d'une adolescente qui vit difficilement le départ soudain d'un ami pour l'étranger. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Après le départ soudain de Floriano (qui va poursuivre ses études au Japon), Ana se rend compte qu'ell...