1.Une nuit étoilée

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Disclamer : les personnages sont issus du jeu « Detroit : become humain » et sont la propriété exclusive de Quantic Dream.

***

Il n'y eut même pas une détonation. Ça ne fit même pas de bruit. Un peuple qui disparaît dans un silence de plomb. Un génocide silencieux. Juste un flash lumineux, puis, plus rien. Des corps qui tombent comme au ralenti. Des lumières qui s'éteignent, une par une, telles les guirlandes d'un sapin au lendemain de Noël. La fête était finie. Le rêve aussi.

Et Perkins sourit.

D'un pas calme et déterminé, il s'avança au milieu des corps endormis. Femmes, enfants, hommes, d'apparences humaines ou robotiques, prostrés à jamais dans une dernière posture de protection. Sur certains visages, d'ultimes larmes finissaient de rouler sur des joues en plastique. Un drone survola la zone et prit quelques clichés. Il cherchait Markus. Il cherchait un RK200.

Les humains progressaient encore en poussant du pied les statues inanimées. Ils foulaient sans respect cette terre sacrée nourrit par le sang, les larmes et les espérances de ces êtres sans âme qui avaient cru le temps d'un battement de c?ur qu'ils étaient vivants. A présent, dans cet endroit délabré où ils avaient osé vouloir, un jour, être libres, il ne restait que des pantins désarticulés. Perkins avait appuyé sur l'interrupteur, et tous les espoirs avaient été balayés par un souffle électromagnétique.

Un rictus victorieux se dessina sur ses lèvres. Franchement, ils avaient vraiment pu croire un instant que les humains allaient leur céder Détroit ? Qu'ils partageraient une planète n'ayant déjà pas assez de ressources pour les supporter, eux ? Qu'ils remettraient en cause leur modèle économique et social, un modèle établi depuis la nuit des temps, pour quelques morceaux de plastique et de ferraille hurlants « On est vivants  » ? Foutaises idéalistes d'esprits malades ! Perkins connaissait les réalités de ce monde mieux que personne. Aucun déviant ne pouvait s'en sortir. Les meubles doivent apprendre à rester à leur place. Il savait depuis le début que cela finirait comme ça. Et il savait très bien également comment les choses évolueront après ça.

Des élucubrés nourris à l'humanisme et au sentimentalisme manifesteraient contre ce massacre. Ça durerait des jours, ou des semaines, puis, ils se lasseraient. D'autres seraient indifférents ou se réfugieraient derrière leur bonne morale en se dédouanant de leur acte. C'était le gouvernement qui avait fait ça ! Eux n'y étaient pour rien, ni dans un sens, ni dans un autre. Puis, ils se lasseraient. Enfin, il y aurait ceux qui en souriraient, les satisfaits, les « bien fait pour eux, foutus androïdes... » ils fêteraient ce moment... puis, ils se lasseraient. Tout le monde se lasse, au final. Même la presse. Dans trois mois, tout au plus, on ne parlerait plus que du nouveau modèle d'androïdes que Cyberlife sortirait, toujours plus performant, toujours plus fiable, sans déviance aucune, et à un prix défiant toute concurrence pour regagner un marché méfiant. Alléluia, la vie reprendrait son cours normal, sa tranquillité n'étant désormais perturbée que par les exécutions de la poignée de déviants survivants qui se terreraient en attendant la mort.

La sécurité nationale ne serait plus menacée.

La présidente avait reconnu que les déviants étaient une forme de vie intelligente... mais elle avait aussi conclu que cela constituait une menace économique et sociale sans aucun précédent dans l'histoire. Les politiques avaient débattu des semaines durant. Puis, le 5 janvier 2039, à 21h 02, ils avaient fait exploser cette bombe. Le rêve de Markus n'avait duré que cinquante-quatre jours, neuf heures et dix-huit minutes. L'humanité ne leur en avait pas concéder une de plus. Fallait pas déconner non plus, ils avaient des choses à faire !

«  Agent Perkins, vous devriez venir, on l'a localisé. »

L'homme à l'imperméable se retourna et sourit à son officier. Son heure de gloire. La fin de sa traque. Perkins était un chien de chasse d'exception. Une vraie bête de sang. Il ferma les yeux un instant et respira profondément l'air frais de cette nuit. Encore un truc que ces putains de machines ne savaient pas faire, respirer.

"Frontières" [DBH]- fic terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant