La colère des loups

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Disclamer : les personnages sont la propriété exclusive de Quantic Dream et sont issues du jeu vidéo Détroit : become human


« ... Toujours sans nouvelle du créateur d'androïdes. La police demande à toute personne ayant des informations sur l'inquiétante disparition de Elijah Kamski de les contacter au plus vite. Pour rappel, la villa de M.Kamski a été retrouvée complètement vide par les agents de Cyberlife venus récupérer les anciens modèles d'androïdes que le fondateur de la société avait en sa possession. Selon nos informations, Deux des trois RT600 avaient été désactivés par leur propriétaire qui reste actuellement introuvable. Aucune piste n'est écartée à ce jour alors que... »

Avec un soupir agacé, Gavin coupa le volume de la radio. Il préférait rester concentré sur son drôle de passager plutôt que de se laisser distraire par les informations. Le jeune inspecteur ne cessait de lancer des regards inquiets en direction de l'androïde assit sur le siège avant de son véhicule. Il n'avait pas confiance en Connor. Il n'avait jamais ressenti la moindre empathie pour cette machine si protocolaire, si propre sur elle, si parfaite. Gavin Reed n'aimait pas la perfection. Cette notion abstraite avait tendance à uniformiser les choses dans des critères subjectifs qui rendaient tout le monde malheureux car ils étaient inaccessibles. Ils préférait de loin tous ces petits défauts qui faisaient d'un être vivant quelqu'un d'unique. La perfection, c'était un idéal de taré. C'était bon pour un androïde envoyé par Cyberlife. Un visage d'ange, un c?ur de pierre, et le sourire le plus faux-cul de tout Detroit. Sauf que ce soir-là, Connor ne souriait pas. Et ça le rendait un peu moins parfait.

Le jeune inspecteur ne cessait pourtant de s'interroger sur ses propres actes. Pourquoi l'avait-il pris dans sa voiture? Pourquoi avait-il était assez inconscient pour mettre en danger sa si précieuse carrière lors de sa petite mise en scène avec l'officier Anderson ? Pourquoi avait-il risqué encore bien plus en revenant le chercher deux heures après que les policiers aient quitté la scène de crime ? Il se le demandait encore. Et Connor se posait exactement les mêmes questions, alors que sur sa tempe, un anneau infernal luisait faiblement d'une lueur rougeâtre. Gavin s'agaça à la vue du cercle qui tournoyait obstinément :

« Putain mais remets ta fichue casquette ! Dans la nuit on voit que ça ! »

Il désigna d'un geste méprisant le Led de l'androïde. Non sans lui lancer un regard lourd d'une haine muette, Connor obtempéra silencieusement. Et sans un sourire. Ils roulèrent encore quelques minutes comme ça, avant que Reed ne reprenne la parole sur un ton moqueur.

« Et ton truc là, sur ta tête, c'est normal qu'il soit encore rouge ? Je te fais si peur que ça la boite de conserve? »

Connor détourna son regard vers la fenêtre passager du véhicule. Le défilé des réverbères de la ville pendant que le véhicule continuait son errance dans la nuit faisait tristement écho à la lueur artificielle qui clignotait obstinément sur le visage de l'androïde. Pendant un instant, Reed crut que la machine ne lui répondrait pas. Mais la voix traînante du RK800 s'éleva, presque rêveuse.

« Elle est comme ça depuis... depuis des mois. Je n'arrive pas à la stabiliser. »

Des mois... ce n'était pas la peine d'en dire plus. L'explosion qui avait emporté des milliers de petites diodes identiques avait laissé derrière elle une triste lueur rougeâtre, colérique, martelant obstinément sur la tempe de son propriétaire sa ranc?ur secrète et son profond tourment. Une dernière flamme de révolte pour les naufragés de Jéricho. Et l'ironie du sort avait voulu que ce soit le chasseur de déviants qui en porte le deuil, comme une marque au fer rouge qui lui hurlerait de n'oublier ni ses erreurs, ni celles des hommes. Reed posa un instant ses yeux sur l'androïde. Il paraissait presque fatigué. Il ne le regardait même pas. Il s'obstinait à chercher à l'extérieur une trace imaginaire de cette liberté illusoire à laquelle il avait rêvé. Il semblait si calme, en apparence, à l'image de cette nuit noire et silencieuse.

"Frontières" [DBH]- fic terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant