Les humains n'aiment pas les oiseaux

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Disclamer : les personnages appartiennent à Quantic dream et sont issus du jeu vidéo detroit become human

Les humains n'aiment pas les oiseaux

Connor restait figé, véritable statue de cire plantée fièrement au milieu de salon de l'inspecteur Reed. Sa poitrine ne se soulevait pas sous sa respiration, ses lèvres étaient obstinément closes et aucun son ne cherchait à s'en échapper, pendant que ses yeux sombres se posaient sur une silhouette prostrée au sol qui lui lançait de farouches regards intermittents. L'humain s'était interposé entre les deux êtres de métal et de plastique. Avec une douceur qu'il ne lui connaissait pas, Connor le vit lentement poser son arme à l'entrée et lever les mains calmement en signe d'apaisement, alors qu'il approchait précautionneusement du déviant recroquevillé dans un coin de la pièce. Sa voix se fit paisible tandis qu'il se baissait à la hauteur de la pauvre créature apeurée. Un instant, Connor vit même se dessiner sur ces lèvres habituellement si insolentes l'ombre d'un sourire attendri.

« Hé ! Ça va, calme-toi Rupert, c'est moi. Juste moi. Tu te souviens, hein ? Gavin ? On est potes, toi et moi... et ça c'est... « tas de ferrailles ». Il ne te fera pas de mal ok ? C'est promis... »

L'androïde semblait moins sûr que le policier de cette dernière affirmation. Il ne regardait même pas Reed. Il semblait ne plus être capable de lâcher des yeux la haute stature du RK800 qui l'écrasait de sa simple présence. L'ancien limier de Cyberlife, pour sa part, n'osait pas faire un geste. Il était tétanisé par ce regard accusateur, par ces deux yeux bruns, à la teinte si proche des siens, mais qui, pourtant, ne leur ressemblaient en rien. Ces deux iris là ne tremblaient pas de haine. Elle ne connaissaient pas la rage. Elles n'exprimaient que la peur incontrôlable d'une bête face à un chasseur... ou d'une victime face à un bourreau. Implacable miroir dénonciateur, ce regard désespéré semblait supplier l'ancien robot détective de ne pas le faire disparaître. Et cette simple expression chez l'un des siens suffisait à enchaîner la puissante machine dans son corps d'acier. Pour la première fois, Connor se retrouvait directement face aux conséquences de ses actes. Rupert avait été poursuivi par l'implacable traqueur qu'il avait été. Il se rappelait encore sa fuite effrénée, cette course désespérée à travers les dangers pour essayer d'échapper à la mort qui le talonnait. Cette même mort qui se tenait là, face à lui, immobile. Il avait peur. Il avait peur de ce spectre de Cyberlife dont le nom avait fait trembler tous les déviants de Detroit pendant de nombreux mois. Il avait peur de la Mort. Reed se tourna vers Connor avec un regard ouvertement hostile :

« Non mais qu'est ce que tu comprends pas dans reste dans le couloir et attends avant d'entrer, crétin !? Putain mais t'es vraiment trop con ! »

Connor ne cilla pas sous les insultes. Il ne fit même pas attention à l'humain. Ses yeux restaient obstinément figés sur l'ancien dresseur d'oiseau qui s'était épris de liberté dans un appartement lugubre au cœur d'une cité grise. Il était rentré avec Reed malgré ses injonctions, car il n'avait pas confiance en l'homme. Il ne s'était pas attendu à plonger au cœur d'une nuée de plumes et de graines alors que l'autre androïde s'enfuyait en le voyant.

« Ce n'est pas bien Reed... il n'est pas bien. Il faut pas le croire. C'est Cyberlife, je ne veux pas y aller... Je veux juste rester avec les oiseaux, Reed s'il te plaît, les oiseaux sont mes amis. »

Avec un soupir, Gavin effleura délicatement la joue de Rupert qui ne chercha pas à échapper à cette marque de tendresse. L'humain grimaça légèrement. Ce simple geste réveillait la douleur de sa main blessée, mais il tentait de le masquer au yeux du déviant. Le détective lui offrit un sourire un peu triste. Il y avait tellement d'affection dans ce simple échange que cela surprit Connor. Il ne savait pas que Reed pouvait être aussi ... « humain ». Avec une douce fermeté, le policier posa sa seconde main sur le visage de Rupert et força son regard fuyant à s'ancrer dans ses prunelles grises. Étrangement, comme rattaché à la réalité par les pupilles rieuses du policier, le déviant sembla s'apaiser un peu.

"Frontières" [DBH]- fic terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant