Le monde affluait par dizaines et dizaines de groupes bruyants. Principalement des adolescentes qui criaient déjà en se serrant les unes aux autres.
Elles venaient pour toucher au moins des yeux leur idole.
Lisa ressemblait à toutes ces autres fans en ébullition. Sa queue de cheval haut perchée reflétait les milles et une paillettes dont elle l'avait aspergé et sa robe lamée brillait à s'en écorcher la rétine. Un énorme diamant en plein tripe m'avait accompagné ce soir. Je ne risquais pas de passer inaperçue en tout cas.
De mon côté, j'avais opté pour un perfecto noir sur une robe babydoll, sombre elle aussi. Mes boots finissaient ma tenue décontractée et pour ce qui en était de mes cheveux, un peu de cire fit l'affaire.
Je ne l'avais pas remarquée la première fois que j'avais ouvert l'enveloppe de Danny mais les cartons d'invitation étaient annotés d'un "first" en rouge tamponné sur l'arrière et je ne connus l'utilité de cette marque qu'une fois arrivée devant les grilles.
Un gars en bomber nous fit passer de l'autre côté après un bref sourire caustique.
L'intérieur de Paris-Bercy était incroyable. J'avais déjà eu l'occasion d'assister à un concert au stade de France mais l'effet ne fut pas le même. Ici, l'espace fermé se parait de jeux de lumière bleue incroyables qui rendait un décor surréaliste et les dimensions titanesques offraient une perspective ahurissante. Mes yeux n'étaient pas assez grands pour voir toutes les possibilités impressionnantes de cette scène emblématique. Saya aurait adoré venir ici.
Nous longeâmes un long corridor agrémenté d'un interminable tapis rouge. Sur notre carton, la porte une était indiquée. Nous la rejoignîmes sans mal et une jeune femme nous salua gaiement.
- Bienvenue. Je vous indique vos places ?
- Merci. Lui répondis-je, enthousiaste.
Je me laissais gagner par la ferveur de cette soirée qui s'annonçait sous de bons hospices.
- J'avais une question. Rajouté-je.
- Je vous écoute. Dit-elle en déccélérant quelque peu son allure.
- Je possède aussi ce pass. Lui dis-je en le lui tendant.
Il était assorti d'un cordon écarlate.
- Et bien, mademoiselle, lorsque vous le souhaiterez, à n'importe quel moment, vous pourrez vous signaler aux accès privés et passer du côté des coulisses. C'est le genre de pass qui est d'abord utilisé par les équipes techniques des artistes. Vous travaillez pour l'artiste ?
- Non, pas vraiment mais nous avons sympathisé.
J'élude sa curiosité dans un phrase pour le moins vague et elle me sourit cordialement sans en ajouter davantage.
- Voici vos places, mesdemoiselles. Passez une excellente soirée.
Elle disparut aussi vite qu'elle était venue et nous nous installâmes sur de confortables fauteuils.
Un homme nous proposa un rafraîchissement et le choix se porta sur deux coupes de champagne. Lisa était aux anges et ne pouvait s'empêcher de le clamer haut et fort, activant les rires amusés de certaines personnes autour de nous.
- Merci, ma Lucie. Merci milles fois d'avoir penser à moi pour t'accompagner. Je pense sérieusement à organiser une méga fête chez moi pour te le prouver. Je pense qu'on en a tous besoin qui plus est. Tu veux bien ?
- Tant que tu fais un truc en petit comité. Ca me va ?
Elle émit un son proche de celui d'une sirène d'ambulance avant de me sauter au cou et de nous renverser contre mon siège.
Alors que le reste du public commençait progressivement à emplir l'immense amphithéatre, inondant l'atmosphère d'une rumeur écrasante, ma copine et moi avions déjà vidés deux coupes pleines. Le champagne était gratuit apparemment. Une raison de plus pour en profiter.
Il y eut une première partie de concert. Un jeune Dj talentueux donna tout de suite le ton et nous ne pouvions nous empêcher de danser debout sur nos sièges telles deux folles surexcitées. Les rires fusaient et de temps à autre nous nous lancions une suggestion à peine comprise tant le volume de la musique était à son maximum.
C'était l'aliénation de tout bon sens. Un lâcher prise impressionnant. J'en ressentait les effets comme un shoot de drogue hallucinogène. L'euphorie me gagnait et m'emportait dans son sillage. Je pouvais enfin après de longs mois de contrôle émotionnel me laisser conquérir par la frivolité et Dieu que c'était bon.
Soudain, une vague déferla dans l'assemblée comme un tsunami de cris jubilatoires.
Cela annonçait son arrivée.
Danny.
Et sa silhouette solitaire apparut enfin au milieu de cette monumentale scène où se dressait déjà un piano noir magnifique.
- Le voilà. Merde. Lucie, regarde ton futur mari en pleine action ! Mate comme il est sublime.
Je me tordais dans un éclat de rire irrépressible et elle avait raison. Danny était parfait. Aussi décontracté que s'il venait de sortir de son lit, les cheveux en bataille.
Les premières notes de piano résonnèrent et le concert débuta sous les hurlements des groupies qui cessaient crescendo pour ne laisser que sa voix remplir les lieux et mes tympans. Son timbre harmonieux et hypnotisant avait la faculté de faire vibrer chaque parcelle de ma peau, la parsemant de délicieux frissons. J'avais chaud et froid, tout en même temps et ma respiration devenait fragmentée comme s'il m'en coupait le rythme. Je me refusais à détourner les yeux rien qu'une seconde, préférant ne pas perdre un seul instant inutilement.
La prestation durait depuis plus de deux heures et pourtant m'était apparu aussi éphémère qu'un battement de coeur. J'aspirais à ce que ce moment ne cesse jamais mais il fit une déclaration, le souffle court. Il avait été grandiose, donnant le maximum pour satisfaire ses fans. Une vraie bête de scène.
- Merci à tous, vous êtes géniaux et tout ça ne serait pas possible sans votre dévouement. Je vous aime, les amis ! J'ai juste une dernière chose à faire avant de vous quitter et j'espère qu'elle est là pou l'entendre. A ma petite interprète. Je terminerais mon show par une chanson qui m'est venu en te rencontrant.
Je devais halluciner et il ne venait pas vraiment de dire une chose pareille.
- Ho ! Putain de bordel ! Lucie, t'as entendu ?
Ha si, il venait vraiment de le dire.
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LA FATA MORGANA
Ficción GeneralSi je vous disais que la seule chose qui me raccroche à la vie est la certitude que je fais le bon choix. Celui de tout donner pour lui. Mon existence entière. Mon âme. Tout ce qui me définit. Je ne deviens que le vaisseau de cette mission que je...