1_Seule

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C'était une fin d'après-midi banale, le vent chaud de l'été soufflait légèrement sur les feuilles des arbres et on entendait encore des enfants insouciants jouer dehors dans la rue. L'ambiance dans le jardin était légèrement différente. Elle était calme, certes, mais pesante. La tasse de thé reposait toujours, pleine et maintenant froide, sur une table d'extérieur, juste à coté d'un épais volume de potion qu'on avait refermé négligemment et de parchemins froissés. La chaine hifi du salon repassait pour la cinquième fois le même album et l'eau qui bouillait sur le feu avait finit par débordée en une espèce d'écume blanche sans que personne ne s'en souci réellement. Et c'était logique, car il n'y avait plus personne pour cela. La scène allait durer ainsi encore un jour, peut-être deux, le temps que les voisins puissent remarquer la voiture continuellement immobile, que les amis et la famille s'inquiètent de ne plus avoir de réponse à leurs appels ou même que l'odeur pestilentielle d'une décomposition fraichement entamée attirent les plus curieux. Seulement alors, on trouverait avec effroi les traces du chaos qui avait eu lieu trois heures avant. Oui, l'ambiance du jardin était bien différente des joies estivales qui trainaient dans les rues et même si effectivement le calme y était revenu, il y avait toujours sur la terrasse et dans la cuisine les corps sans vie du couple Granger, baignant dans leurs propres sangs bordeaux en arborant des marques qui témoignaient d'une barbarie infâme.

Morts. Morts des suites de leurs terribles tortures. Ils avaient été surpris de voir ces trois silhouettes masquées arriver chez eux. Il n'y avait pas eu de bruit, le voisinage n'avait pas pu entendre leurs suppliques macabres et intervenir. La magie était un art prodigieux mais qui, cette fois, n'avait pas été utilisée comme leur fille les avait habitué.

Quant à Hermione Jean Granger, son sort n'était pas différent de celui de ses parents, elle aussi morte, appartenant au passé. Enfin, avait-elle seulement réellement existé ?

—•—

Plock, plock, plock.

Un étrange sifflement...comme une mélodie lancinante et répétitive qui résonnaient dans ses oreilles...

Plock, plock, plock.

Toujours le même son. Le ruissellement désagréable de l'eau qui finissait par tomber sur son visage...

Plock, plock.

Elle n'était pas certaine d'être réveillée, elle n'avait pas conscience de ce qu'il se passait autour d'elle. Une douleur inouïe lui vrillait le crâne, ce qui l'empêchait de réfléchir. Tout n'était que sensation puisqu'elle ne pouvait que se contenter de sentir, comme à vif. Elle sentait le sol dur et rugueux sous elle, elle sentait l'eau froide couler le long de son front ce qui commençait à être légèrement douloureux à force de taper au même endroit, elle sentait un autre liquide, visqueux, descendre en suivant la courbe de sa taille. Mais par dessus tout, elle sentait la souffrance et la tristesse qui émanait d'elle-même avant de lui revenir, comme un boomerang. Elle ne pouvait pas ouvrir les yeux mais elle voyait, encore et encore, le spectacle morbide se re-dessiné, à chaque fois un peu plus précis. A chaque fois, elle regardait, impuissante. Elle entendait leurs cris sans pouvoir intervenir, sans pouvoir les défendre, ils criaient sans s'arrêter, leurs voix résonnaient et tournaient dans sa tête, incapable de les fuir.

L'homme qui l'observait grimaça, mécontent. Elle perdait fréquemment connaissance et s'enfonçait toujours un peu plus dans l'épais brouillard comateux de sa tête. Il n'était certainement pas prévu qu'elle soit blessée durant "la mission de sauvetage" mais il était évident qu'elle tenterait de s'interposer entre eux et les moldus qui l'avaient élevée. Trop de sentimentalisme, c'était évident, alors pourquoi ne l'avaient-ils pas prit en compte, lui et les siens ? Un sort qui ricoche, un mauvais calcule, une erreur dans la formule, tout allait très vite en duel et qu'elle fut blessée ainsi n'était finalement pas si étonnant.

Hominum revelioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant