15_Megalomania

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"Useless device, it won't suffice

I want a new game to play

When I am gone

It won't be long, before I disturb you in the dark"

Megalomania, Muse, Origin of Symmetry 

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 Installé confortablement dans un fauteuil de cuir, un verre de whisky-pur-feu à la main, Rosier réfléchissait, son esprit oscillant entre les ténèbres de sa haine et l'amertume. Il n'était pas dans son habitude de se laisser aller aux regrets, mais comme souvent depuis douze ans, une fois la nuit tombée, il restait proie au doute, incapable de fixer ses pensées, trop occupé à se poser une quantité de questions invraisemblables pour un homme comme lui. Evidemment, cela ne rimait à rien, il était déjà trop tard pour changer quoique ce soit et combien même cela aurait-il pu être possible, jamais il ne l'aurait fait, il n'était pas homme à croire aux secondes chances. Au contraire, c'était un homme d'action, il gagnait ou il perdait, aucune autre alternative n'existait. Si tout ce pourquoi il avait oeuvré finissait par lui échapper et lui exploser finalement à la figure, alors il l'accepterait. Mais si toutes ses actions passées finissaient finalement par payer, alors enfin il pourrait goûter au respect qu'il méritait. Pas d'alternative, la victoire ou la mort. Oh, on pouvait le qualifier de bien des mots mais une chose était certaine, contrairement à tous ce qu'on s'accordait à dire de cette noble lignée, lui, il était un homme d'honneur, jamais il n'aurait accepté de son vivant de réfuter ses actes et ses choix. Un sourire mauvais, sardonique même, naquit sur ses lèvres fines quand il pensa à combien son nom avait été trainé dans la fange. Rosier le traite, Rosier l'opportuniste, Rosier le lâche... C'est à peine s'il faisait encore attention aux calomnies qui entachait son nom. C'était tellement hypocrite, les autres familles de sangs pures n'était guère meilleure que la sienne. La vilénie des Malfoy, par exemple, était bien plus avérée, le mépris qu'il avait ressentit quand le chef de la famille avait renié ses convictions profondes pour s'épargner Askaban ne l'avait jamais quitté. Lui, ne s'était jamais encombré de ces bassesses, il faisait parti de ce type d'homme supérieur, de ceux que le monde ne pouvait pas comprendre, il était un survivant, un calculateur fin qui savait tirer son épingle du jeu. Il ria quand il pensa à la façon dont on l'avait écarté du pouvoir, de cette reconnaissance que lui seul méritait. Ah, s'ils savaient ! S'ils avaient su faire plus attention, alors ils aurait comprit, ils se serraient prosterné à leurs pieds.

Ce n'était pas un péché d'orgueil de sa part, mais la simple vérité. On ne s'intéressait à eux que pour leur fortune et le sang aristocratique qui coulaient dans leurs veines, il y avait pourtant plus si on savait le voir. Il y avait ce pouvoir, cette force brute qui subsistait dans chacun des membres de la famille, cette magie que seul Lord Voldemort et quelques privilégiés avaient su trouver. Le suivre n'avait jamais été un choix, ni une nécessité pour lui contrairement à beaucoup d'autres de son rang, mais naturel, ils partageaient les mêmes dessins de grandeur, la même vivacité de l'esprit, cette supériorité naturelle qui imprégnait leurs auras. Bien sûr, il avait pensé de nombreuse fois à le supplanter, il en aurait été capable, mais où en aurait été l'intérêt ? Laisser une tête qui n'était pas la sienne dans la ligne de mir des ennemis au pouvoir n'était que pure stratégie, lui serait là pour tout diriger depuis l'ombre et il resterait longtemps. Peut-être même aurait-il un jour l'occasion de mener un coup d'état.

A cette pensée son rire s'accentua. Il tourna soudainement la tête vers l'imposante cheminée du bureau sans qu'il n'aperçoive quoique ce soit. Le bruit du métal s'écrasant au sol l'avait ridiculement surprit dans ses réflexions. Il abaissa alors son regard d'un bon mètre pour découvrir Roody, son elfe, occupé à ramasser le tisonnier qu'il venait de faire tomber. Un éclat de fureur traversa l'aristocrate tout entier. Il lança avec force son verre, vissant la tête de la créature qui tremblait à présent que son maître l'avait vu. Comme par instinct, le petit elfe fléchit les genoux de quelques centimètres, esquissant un mouvement des mains, prêt à se protéger le visage, sans qu'il ne le termine : s'il agissait ainsi, il savait qu'il serait châtier plus durement encore.

Hominum revelioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant