4_Fautive

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Hermione se triturait les doigts nerveusement devant la porte du bureau d'Ombrage. Elle avait beau tenter de se calmer en observant les voutes artistiques du couloir, se remémorer ses cours de la journée ou encore réciter son alphabet à l'envers plusieurs fois d'affilé pour focaliser son esprit sur autre chose, son regard retombait toujours avec dépit sur la montre abimée à son poignet gauche, ce qui la rapprochait à chaque fois un peu plus de sa retenue avec le maudit crapaud rose. Plus que deux minutes... Elle se mordit la lèvre avec une pointe d'appréhension, tourna la tête vers la droite puis vers la gauche pour voir le couloir désert alors qu'un jeune homme qu'elle connaissait bien aurait dû arriver. Pas une seule trace de Fred. Ils ne s'étaient pas parlés depuis la veille et elle s'inquiétait de ne pas l'avoir revu, encore plus de ce que le garçon pouvait faire quand il était contrarié. Harry lui avait raconté comment se passait les heures de retenue ou plutôt de torture d'Ombrage, elle avait vu les cicatrices sordides qui étaient gravées dans la main de son ami et elle imaginait aisément la douleur que devait infliger les plumes ensorcelées. Et elle se doutait bien que Harry n'avait pas était la seule victime, elle savait pertinemment que Fred devait déjà être un habitué de la professeur, ce qui n'était vraiment pas pour la rassurer... Elle imaginait déjà un Fred rancunier en retard, prêt à tout pour enrager leur tortionnaire et mener à bien sa vengeance, n'aggravant que plus sa situation jusqu'à se faire expulser. Par Merlin ! Si cela devait arriver George aussi chercherait à se faire renvoyer, ne serait-ce que pour ne pas à avoir à quitter son jumeaux. L'état de Mrs. Weasley si tout cela venait à arriver ! Elle imaginait déjà la pauvre femme s'évanouir en voyant ses deux garçons rentrer à la maison à peine un mois après la rentrée, sans aspics, escortés par une vieille folle du ministère. Tout cela serait de sa faute à elle, Hermione , évidemment ! Si elle n'avait pas poussé Fred à bout hier en voulant lui faire respecter le règlement, si elle ne les avait pas autant harcelé depuis le début de cette année et avait su mieux prendre soin de leur amitié rien ne serait arrivé ! Fred en particulier ! Le garçon devait déjà la haïr alors qu'il avait été si...

- Salut, Her-mignonne, lança une voix enjouée.

Elle sortit subitement de cet horrible futur hypothétique et releva la tête vers un Fred qui avait encore la bouche pleine à quelques centimètres d'elle.

- Fred ? s'étrangla-t-elle surprise, elle n'eut pas le temps d'ajouter quoique ce soit d'autre, la porte devant laquelle ils patientaient venait de s'ouvrir.

Ombrage émergea de l'ouverture en affichant un air narquois, ses yeux globuleux les fixèrent l'un et l'autre et un sourire hypocrite naquit sur sa figure flasque. Elle les invita finalement à entrer d'un vague geste de la main dans le petit bureau rose dans lequel Hermione se sentit immédiatement mal à l'aise. Elle observa en silence son ami s'installer avec nonchalance devant un bureau sans trop savoir ce qu'elle devait faire d'elle-même. Elle finit par l'imiter maladroitement en entendant l'un des éternels raclements de gorge du professeur.

- Oh ! Il est nouveau celui-la ? demanda le rouquin en désignant l'une des multiples représentations de chats qui ornait le bureau d'Ombrage. Il faudra me dire où vous les trouvez, il m'en faudra absolument pour quand je rentrerai chez moi ! continua-t-il à se moquer ouvertement.

- Silence, Monsieur Weasley, répliqua-t-elle ennuyée, vous savez déjà ce que vous avez à faire. Miss Granger, c'est votre première retenue, je crois, fit Ombrage avec un sourire brusquement mauvais en se tournant vers elle. Quel dommage de voir un aussi bon élément que vous tomber aussi bas, cela montre néanmoins la décadence dont cette école a été la victime... Quoiqu'il en soit, vous n'aurez qu'à copier la phrase inscrite en haut du parchemin le nombre de fois suffisant.

Sans un mot, la brune regarda avec une pointe de peur la phrase qui trônait tout en haut du bout de parchemins : "je ne dois pas abuser de mes fonctions". Les pupilles de Hermione se tintèrent aussitôt d'une lueur de colère, cette situation était tout simplement injuste ! Elle releva aussitôt son visage vers sa professeur, une note accusatrice dans le regard, celle-ci l'observait depuis l'autre côté de son bureau, faussement impassible, attendant surement des réclamations outrées de la préfète pour l'enfoncer un peu plus. Malheureusement pour elle, Hermione n'allait pas rentrer dans ce petit jeu, elle étouffait déjà dans la pièce exigüe aux relents floraux trop forts, elle se voyait plutôt écrire un nombre de phrases suffisant pour partir le plus vite possible en ignorant la douleur à sa main.

Hominum revelioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant