Chapitre 25_L'autre fille

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Un long sifflement se fit entendre et des volutes de fumée s'échappèrent du train tandis que Hermione remontait le quai de la voie 93/4 en traînant derrière elle sa lourde malle et la cage de Pattenrond, toujours aussi mécontent de se retrouver enfermé de la sorte. C'était la première fois qu'elle voyait aussi peu d'agitation dans ce lieu habituellement si animé et un élan de nostalgie la prit lorsqu'elle repensa à la première fois qu'elle était venue ici avec ses parents. La laisser partir avait été si dur à l'époque, sa mère n'avait pas réussit à contenir quelques larmes alors que son père lui avait ébouriffé les cheveux juste avant de la voir monter dans le train. S'il n'y avait pas eu les Weasley, Hermione aurait très certainement eu du mal à revenir ici toute seule, partir en sachant que personne ne l'attendrait à la maison, sans qu'on vienne lui dire au revoir. C'était assez égoïste quelque part et puéril, mais elle n'y pouvait rien, elle ressentait en elle ce besoin de compter pour quelqu'un, d'avoir une famille et aujourd'hui, elle allait retrouver la sienne. Elle ne se rappelait que peu de chose de sa grand-mère mais l'idée seule de renouer avec la seule parente qu'il lui restait suffisait à lui réchauffer le cœur.

Elle s'arrêta un instant et observa le hall de gare attentivement. Son regard croisa un gobelin grimaçant, le col de chemise relevé comme s'il était parti à la hâte de chez lui, ses petits yeux rivés sur sa montre à gousset. Un peu plus loin, un contrôleur parlait avec difficulté à une vielle sorcière au style plutôt criard et visiblement plus sourde encore que le professeur Binns. Elle agitait une main gantée d'une mitaine orange tout en remuant ses ongles roses bonbons sous le nez du jeune hommes, ce dernier lui rappelait étrangement le contrôleur du Magicobus. Plus loin encore une petite fille tentait de suivre le rythme de la marche de sa mère. Elle fit tomber sa poupée et s'arrêta brusquement. Sa mère se retourna alors avec sourire attendrit, ramassa le jouet et la lui rendit avant d'aider la fillette à grimper sur les marches du train.

Hermione soupira d'aise et ferma les yeux. Les bruits de la gare l'envahirent peu à peu, les pas pressés, le son étouffé des voix, un autre sifflement du train qui s'apprêtait déjà à repartir et son moteur, toujours en marche. C'était criant de banalité, une scène qui aurait pu faire hérisser les poils de n'importe qui, agacé par le son entêtant d'un train au départ, l'attente inutile des voyageurs, l'incompétence flagrante d'un membre du personnel... Oh oui, c'était stupidement banale mais Merlin que ça faisait du bien ! Après ces dernières semaines ! Après toute cette année ! Un peu de normalité n'était pas de refus. C'était même presque rassurant, de voir qu'en dépit de tout, en dépit de la guerre qui venait de commencer, un semblant de vie était possible encore. Un petit sourire naquit sur les lèvres de la brune, sincère, à peine voilé par sa tristesse habituelle qui ne la quittait plus ces dernières semaines. Un autre soupire, cette fois agacé, lui échappa alors que le dernier sifflement avant le départ du Poudlard express résonna. La sorcière la plus intelligente de sa génération, hein ? Hermione se fustigeait mentalement depuis plusieurs jours, plus précisément depuis celui de sa « guérison miraculeuse » selon Pomefresh—jour que la brune avait rebaptisé comme étant « celui où l'infirmière avait su jouer de sa vigilence pour lui faire avaler mille potions »—et surtout depuis qu'on lui avait annoncé qu'elle rentrerait par train et non par porte au loin. Elle avait appris au même moment que la ligne entre Londres et Pré-au-lard était opérationnelle toute l'année, et avoir oublier ce détail sur le monde qu'elle chérissait tant l'avait plus que frustrée. 

« Qu'importe ! », lui avait dit Ginny dans sa dernière lettre, elle devait plutôt se concentrer sur elle-même et se reconstruire selon son amie. Hermione lui avait répondu que se reconstruire était compliqué si elle n'était plus elle-même puisqu'elle semblait avoir perdu une partie de ses facultés intellectuelles, ce qui avait fait rire son amie. Elle savait cependant que la rousse avait raison, après Sirius, après la bataille, après toute cette année où elle avait traversé l'Enfer et où seul Fred avait été un phare dans la nuit, elle avait besoin de calme, besoin de se retrouver et de retrouver qui elle était. Enfin, elle sortait un peu la tête de l'eau, l'isolement lui avait fait du bien et quand elle irait mieux, quand elle aurait trouvé les réponses à ses questions et qu'elle aussi pourrait être le phare de Fred à son tour, elle pourrait retrouver le roux, reprendre les choses où ils les avaient laissé et peut-être enfin, avancer. Ce qu'elle n'avait plus été capable de faire depuis longtemps.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 08, 2020 ⏰

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