23_Murmures et punition

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Elle connaissait cette voix, elle en aurait mis sa main à couper. Oui, c'était elle, pas le moindre doute à avoir. Il lui semblait avoir traversé des siècles au moins, ça faisait tellement longtemps... Comment avait-elle fait pour ne pas la remarquer plus tôt ? C'était pourtant évident ! Si elle tendait l'oreille, elle l'entendait plus distinctement, ce murmure... Si seulement elle comprenait ce qu'elle disait... C'était peut-être elle qui détenait la solution de tous ses malheurs depuis toujours ? Se tourner vers sa mère quand on avait un problème, il n'avait rien de plus naturel, non ? Ou alors, même si elle ne lui disait rien de plus qu'elle ne savait déjà, elle pourrait peut-être la voir, ou l'apercevoir ! Ce serait déjà tellement... Elle pouvait à peine y croire. Elle était ici ! Sa mère était ici ! Elle ne pouvait pas se tromper après tout, si elle était aussi brillante que tout le monde le disait elle avait raison ! Cette dernière pensée acheva de la convaincre.

Hermione dévala aussitôt les escaliers irréguliers des gradins sans que personne ne puisse la retenir, les bras impuissants de Ron n'avaient même pas pu esquisser un geste vague vers elle. Elle n'entendait plus ses amis qui l'appelaient, en vain, elle n'entendait pas l'écho de ses pas, ni ceux de Harry qui à son tour descendait l'escalier, plus lentement. Elle ne pensait plus à rien et pour la première fois depuis longtemps...non, pour la première fois de sa vie, elle se sentait totalement calme et apaisée. Il n'y avait rien en elle, seulement ce vide, tout ce calme qui l'habitait. Seule la figure pâle d'un sourire rassurant flottait devant ses yeux, comme le souvenir lointain d'un enfant qui refaisait surface pour l'accompagner.

Elle s'arrêta net. A un pas seulement de l'arcade. C'était de là que provenait la voix, si Hermione tendait la main devant elle, elle pourrait soulever le voile qui devait la cacher. Elle ne parvenait toujours pas à comprendre ce que lui disait sa mère, même maintenant qu'elle était si près, comme si le voile retenait ses mots. Maintenant qu'elle était là, un autre bruissement presque désagréable résonnait dans sa tête. C'était une véritable cacophonie qui s'élevait de là et si elle n'avait pas entendu ces deux autres voix, peut-être qu'elle serait repartie, incertaine. Car ils étaient là eux aussi, comment pourrait-elle les abandonner maintenant ?

Comme au ralentit, elle se vit faire lentement le tour de l'arcade froide sans ne trouver aucune trace de ses proches. Il n'y avait que les deux longues colonnes de pierre et le voile fin qui s'agitait lentement sous la pression d'un vent qu'elle ne ressentait pas. Il venait de l'autre côté du voile, c'était forcément de là d'où venait les voix, c'était donc là où ils étaient tous les trois. Quand on lui avait dit qu'elle était une sorcière le jour de ses onze ans, cela lui semblait bien impossible, pourtant c'était belle et bien la réalité, alors pourquoi ne pouvait-il rien y avoir derrière cette fichue arcade ? C'était un portail, un portail qui la mènerait à eux. Elle n'avait pas hésité à tout quitter pour partir pour Poudlard, un endroit qu'elle ne connaissait pas et dont elle n'avait même jamais entendu parler, elle n'avait pas à hésiter pour partir vers cet autre endroit inconnu, surtout si c'était pour les retrouver. Merlin, si elle n'avançait pas maintenant elle deviendrait folle, surtout avec ce fichu chuchotement qu'elle ne comprenait pas ! Et elle tendit le bras, avec précaution, droit dans l'arcade, et à peine ses doigts effleurèrent le voile qu'une douleur inouïe s'empara d'elle.

Elle criait, hurlait, se déchirait la gorge sans pourautant avoir l'impression qu'on puisse l'entendre. Un brasier s'était emparé desa main et la consumait tout entière, oui, elle brûlait. Puis, la douleur secalma d'un coup. Et elle l'entendit. Distinctement, « cours et ne teretourne pas », ça n'avait aucun sens. Mais c'était elle. Sa main brûlait, elle brûlait elle aussi, elle brûlerait pour toujours s'il le fallait mais elle voulait savoir, elle voulait la voir. Tout cela n'avait aucune importance en comparaison. Et alors qu'elle croyait s'approcher pour voir l'ombre d'une silhouette, deux bras la tirèrent en arrière violemment. Un autre hurlement sorti de sa gorge, de rage cette fois, elle ne ressentait plus aucune douleur maintenant.

Hominum revelioOù les histoires vivent. Découvrez maintenant