Chapitre 13 / Toute une éternité

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Le soleil se reflétait chaque matin sur la mer qui éblouissait le visage d'Élorie. Le calme. Un silence délicieux. Dans cette villa au bord de l'eau, Élorie s'était rétablie. Elle pouvait marcher, manger, vivre normalement. Elle ne pouvait pas faire trop d'effort. C'était la période de rétablissement avant la descente aux enfer.

Quand Élorie se réveillait, il y avait toujours un petit déjeuné bien trop nourissant pour elle. Chaque matin, elle se préparait et descendait au sous-sol pour voir Tony. Il y était la plupart du temps. Il essayait de trouver un moyen de la sauver, il échouait. Il balançait son matériel et s'arrachait les cheveux.

-Tony, l'interrompait-elle, la raison pour laquelle je suis venue c'était de passer du temps avec toi.

-Mais je fais ça pour qu'on puisse avoir plus de temps.

- Qu'est-ce que tu feras si tu n'y arrive pas à temps ?

Tony l'avait devisagé . Ou plutôt, il l'avait examiné  de la tête au pied. Il  l'avait admiré, n'arrivant pas à croire qu'elle partirait. Pour toujours. Ses bouclettes, ses tâches de rousseurs à peine visible, ses yeux ronds et son sourir arrogant, il avait toujours vécu avec. Il n'avait pas répondu,  baissant légèrement la tête. Élorie avait pu voir ses mains trembler, écorchées, ses bras contractés. Alors elle s'était approchée, doucement.

- Alors pourquoi tu ne m'aide pas ? C'est comme si tu avais renoncé. Avait demandé soudainement Tony.

Parce qu'il n'y avait pas de solution. Mais le résonner avait paru vain alors elle avait répondu :

- Je t'aiderais Tony, mais je ne veux pas que tu restes enfermé ici.

Alors qu'il était assis et elle debout, il posa sa tête contre sa poitrine et elle posa sa tête sur la sienne.

Une greffe du coeur n'était plus envisageable. Le temps de trouver un donneur, il serait déjà trop tard. C'était pour cela qu'il travaillait autant.

C'est ainsi qu'Élorie et Tony vécurent les plus beaux jours de leur vie. Élorie était toujours en phase de rémission, son état s'améliorait. Le matin, quand elle se levait, il y avait toujours le même petit déjeuner sur la table, mais il y avait aussi Tony en train de le manger. Quand elle sortait sur le bord de mer, il venait avec elle, ils regardaient le même horizon, la même brise dans les cheveux. Ils sortaient en voiture, ou restait cloîtré dans la villa.

Ils riaient beaucoup, parfois Élorie avait une douleur dans la poitrine, ou elle avait dû mal à bouger un de ses membres, mais elle disait rien. Ils vivaient dans une éternité, et ses douleurs la remanait à la réalité, elle ne voulait pas que ça fasse ça à Tony aussi.

Ils étaient très proche. Élorie l'aimait, mais elle était toujours persuadée qu'elle allait mourir. Alors elle ne disait rien, ne voulant pas lui causer du tort. Mais elle l'aimait. Elle riait à ses maladresses, à ses blagues. Et lui, il adorait l'entendre rire, il voulait la faire rire pour qu'il puisse se souvenir du son que ça faisait.

À côté, ils travaillaient sur un moyen de remplacer son coeur. Ils pensèrent à lui faire le même réacteur que Tony. Mais ses cellules étaient déjà trop endommagées, le réacteur les dévorerait. Surtout, ça ne serait pas assez puissant. Ils passèrent des heures dans ce labo à suivre une piste et à l'abandonner, à construire un espoir qui s'échappait le lendemain. Ça créeait une boucle infinie, qui ressemblait à une éternité, faisant presque oublier la raison de leur travail. Mais Élorie sentait que ce n'était pas son coeur.

Les plus beaux moments, c'était le soir. Il faisait sombre mais il faisait bon dehors, l'odeur de la mer était subtile et sa brise agréable. Tony avait toujours un verre de vin et rarement, Élorie se permettait d'en prendre. Un soir, leur euphorie était augmentée par l'alcool. Et pourtant, il y avait cette petite mélancolie agréable que donnaient les étoiles.

Golden Days [T.Stark] (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant