Chapitre 2

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La porte s'ouvrit brusquement. Emma détourna sa tête du prof, dont elle n'avait rien réussi à suivre depuis le début du cours. Le cours était commencé depuis une bonne dizaine de minutes, et habituellement personne ne rentrait aussi violemment. Une distraction, même courte, était la bienvenue pour chaque élève présent dans le cours. Emma crut qu'elle n'arriverait jamais à reprendre son souffle, à continuer à respirer. Le jeune homme de l'heure d'avant venait d'entrer dans la salle, de la colère dans les yeux. Il passa un regard rapide sur l'ensemble de la classe qui s'était tue à son arrivée. Il s'arrêta plus longtemps sur Emma, qui détourna les yeux. Ce fut le prof qui brisa cette ambiance particulière, assez froide.

-Vous devez être le nouvel élève, monsieur Stiles c'est ça ?

- Styles. Répondit l'intéressé froidement

- Oh, excusez-moi. Et bien, prenez place. Il reste cette table de lire au premier rang, juste à côté de mademoiselle Payne. Je pense qu'il serait préférable que vous n'alliez pas au fond de la classe.

Si les regards pouvaient tuer, il y a bien longtemps que ce prof serait décédé. Harry s'installa sur la petite table, pile face au tableau. La fille à côté de lui, celle qu'il avait observée pendant ces quelques minutes ce matin, se trouvait à côté de lui. Payne... cela lui disait quelque chose. Et pourtant, impossible de mettre la main dessus. La fille lui avait paru timide, mais pourtant savoir ce qu'elle voulait. Son regard avait été différent de celui que les filles lui offraient. Plus doux, plus curieux, plus attentif. Attentif à chaque détail qui le composait, à ses habits simples, à ses tatouages, à ses bouclettes, à ses yeux. Avait-elle vu son lacet gauche légèrement abîmé par le temps ? Avait-elle vu les quelques boutons parsemés sur son visage ? Avait-elle pu voir que dans le regard qu'il lui avait lancé, qui s'était éternisé, il avait observé sa beauté ? La couleur blonde de ses cheveux, contrastant avec la pénombre de la pièce, grande, silencieuse, l'avait fasciné. Elle était vraiment d'une beauté sans pareille, mais encore une fois, différente de celle des autres filles. Pas une beauté superficielle, accordée par des touches de fond de teint trop généreusement appliqué, par des traits noir charbon soulignant, entourant, leurs yeux, par des lèvres rougies par ces gloss et toute la série de produits de beauté rendant une fille différente de ce qu'elle était réellement, belle certes, mais Harry n'attribuait pas ce charme à la beauté elle-même. Il la jugeait superficielle. Ce n'est pas pour autant qu'il n'appréciait pas la compagnie de ces demoiselles un peu trop sûres d'elles, ce n'est pas pour autant qu'il n'appréciait pas sentir leurs lèvres contre les siennes l'espace d'une soirée, d'une nuit, pour ensuite les oublier. Toujours est-il que la fille qui se trouvait à côté de lui lui inspirait un sentiment étrange. Elle avait une attraction particulière, il se sentait obligé de la regarder, d'étudier chaque partie de sa silhouette douce, recroquevillée sur elle-même pour sûrement passer inaperçue. Mais pour Harry, il en était autrement. Il n'avait pas l'intention de détourner le regard pour suivre un cours idiot au sujet d'il ne savait quelle connerie, il avait plus intéressant à sa disposition. Oh, bien sûr, Harry n'était pas le genre de gars à sortir avec les filles, encore moins avec ces filles timides. Il trainait avec celles qui lui montraient un intérêt, bien évidemment tout en pensant à autre chose, mais ça il en était conscient. Mais pourtant, son souffle accéléré par la colère qu'il avait eue de se perdre dans les bâtiments, en pensant à la honte qu'il aurait devant les autres, pour son premier jour, ne s'était pas calmé. Pourtant, toute la colère qu'il avait ressentie avait disparu. Son souffle était rapide et il était persuadé que la fille pouvait l'entendre. Son cœur battait fort, peut - être un peu trop, mais après tout qui pourrait en juger ?

*

Emma se sentait observée, elle le savait que c'était lui, Harry, qui la fixait. Elle se jurait intérieurement de ne pas céder, de ne pas le regarder.

Le temps d'une danse II H.S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant