Chapitre 6

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-Harry... Harry...

-Hum

-Harry, tu m'écrases.

Harry se releva immédiatement, les cheveux en bataille, le tee-shirt légèrement remonté et la tête de quelqu'un d'encore endormi. Il se décala légèrement, de manière à laisser à la jeune fille un peu d'espace. Tous deux étaient couchés sur le dos. Emma, pensive, et Harry, se rendormant petit-à-petit.

-Harry ?

-Ouais ?

-Aujourd'hui, je ne vais pas en cours.

-Moi non plus alors.

-Mais... j'aurais besoin d'un peu de temps pour moi

-Ça ne va pas ?

-Si, c'est... Aujourd'hui est un jour spécial pour moi, pour ma famille, pour nous.

-Comment ça ?

-Je... Ok.

-Prends ton temps, ok ?

-Je ne sais pas si je vais pouvoir tout te raconter, tous les détails, mais je vais faire de mon mieux.

Avant, on était une famille soudée. Heureuse. Ma mère souriait, elle était agréable, beaucoup plus que maintenant. J'étais sa protégée, et elle faisait tout pour moi. Sans excès, j'avais tout ce que je voulais. Elle était toujours là pour moi, c'était aussi bien ma mère, que ma meilleure amie, que ma confidente. J'étais vraiment proche d'elle. Liam aussi d'ailleurs. Même si il était le plus jeune, ma mère faisait tout pour qu'il ne se sente pas comme la plupart des cadets dans une famille, rejeté. Tous les deux, nous nous chamaillions beaucoup. Nous avions des moments pendant lesquels nous étions fusionnels, mais ce n'était pas comme aujourd'hui. J'avais une vie merveilleuse, des amis, une famille aimante. De l'amour de partout. Et puis, tout a commencé à se dégrader vers mes dix ans. Liam n'en avait que huit. Mon père est tombé malade. Nous ne savons pas comment, il avait une santé époustouflante, il faisait beaucoup de sport, mangeait sainement, et était heureux. Il n'avait pas de raison de tomber malade, c'était impossible. Au début, il ne s'est pas réellement inquiété, contrairement à ma mère. Elle le voyait s'affaiblir, maigrir de plus en plus jusqu'à avoir la peau sur les os. Il était pâle, et n'avais plus de réelle motivation. Alors, elle l'a emmené à l'hôpital. Juste histoire de s'assurer que tout allait bien. Sauf que ce n'était pas le cas. Ils lui ont détecté un cancer des poumons. Pourquoi ? On ne sait pas. Il ne fumait pas, il n'avait rien fait pour le mériter ! C'est injuste. Il a enchaîné les traitements, les chimio et tout ce qui va avec le cancer. Au bout d'un an, on a pensé que ça s'arrangeait. C'était miraculeux, mais il allait mieux. Les médecins n'en revenaient pas, ils ont commencé à penser qu'ils avaient le remède contre le cancer. Une énorme découverte. Mon père a commencé à reprendre ses activités. Cette trêve a duré plus de huit mois. Nous étions insouciants, beaucoup plus heureux de pouvoir à nouveau profiter de notre père. Nous vivions au jour le jour, sans se prendre la tête. Mais après ces huit mois, nous sommes bien vites descendus de notre beau petit nuage. Il a fait une rechute. Son état s'aggravait. Il est parti à l'hôpital. Il n'est plus jamais revenu à la maison. Ça a duré quatre mois. Quatre mois pendant lesquels je pleurais chaque soir. Quatre mois pendant lesquels j'ai espéré. Quatre mois pendant lesquels j'ai pensé que c'était de ma faute. Je n'avais que douze ans, j'étais grande, mais pour moi, tout ce que j'avais pu faire de mal, tous mes mensonges et autres avaient puni mon père et non moi. Tous les jours, j'allais le voir. Et puis, il est mort, le vingt-cinq octobre. Autrement dit, aujourd'hui ça fait six ans. Six ans que tout a changé, ma mère est devenue distante. Elle a eu du mal à faire son deuil, ou alors elle ne l'a toujours pas réellement fait. Elle est froide, stricte. Liam et moi nous sommes rapprochés. Mais mon père était le seul qui me soutenait. Il me poussait à danser, à me surpasser. J'étais son étoile et il voulait me monter au plus haut dans le ciel, dans son ciel. Ma mère n'a jamais rien eu contre la danse. Je suppose qu'aujourd'hui, ça lui rappelle trop mon père. Je... parler de lui est dur, je suis désolée. Je ne peux pas continuer... Mais tu sais l'essentiel, quasiment tout. Plus que n'importe qui.

Le temps d'une danse II H.S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant