Chapitre 8

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Harry ne savait pas s'il avait réussi son coup. Il avait chanté de toute son âme, il avait sorti chaque parole directement de son cœur. Il avait eu l'impression qu'ils étaient seuls à ce moment-là. Dans leur bulle. Il n'y avait plus les autres membres du groupe, il n'y avait plus les élèves du lycée. Il y avait Harry et Emma. Et malgré les évènements passés, il avait eu l'impression que rien n'avait changé. Il s'était senti revivre pendant l'espace de trois minutes. Il avait pensé qu'elle allait venir l'enlacer dès la fin de la chanson, lui dire qu'il lui manquait et qu'elle était prête à l'écouter. Au lieu de ça, elle était partie. Mais Harry ne lui en voulait pas. Il ferait tout en son pouvoir pour la récupérer. Elle était une partie de lui désormais, et c'était inconcevable pour lui de la perdre à tout jamais. Cette fille était extraordinaire et il ne pouvait pas la laisser partir comme ça. Il avait tout gâché, il en était conscient, mais sa meilleure amie était tout pour lui, il avait besoin d'elle. La fille qui faisait battre son cœur devait lui refaire confiance. En réalité, il n'avait jamais rien ressenti de tel. Le simple fait de traîner avec une fille plus de cinq heures était un miracle. En général, il passait la soirée avec certaines. Une fois passés par son lit, elles partaient. Il ne supportait pas qu'une fille dorme dans son lit. C'était comme ça, il les utilisait pour subvenir à ses besoins masculins, puis les laissait partir. Il n'avait plus de nouvelles d'elles, et au fond ça lui importait peu. Mais aujourd'hui, le simple fait d'entendre son prénom, à elle, et son cœur s'accélérait. Il perdait tous ses moyens, tout disparaissait autour de lui pour qu'il se retrouve dans leur monde, à lui et elle. Et puis, il y avait ce sourire, cet imbécile de sourire qui apparaissait en sa présence. Elle était la seule qui lui faisait ça. Ça en était presque effrayant, mais c'était surtout magique. La manière dont il se sentait lui-même avec elle, la manière dont le temps semblait s'arrêter, mais en même temps passer tellement vite. Il ne comptait plus les heures passées avec elle, mais il en avait toujours besoin de plus. Il voulait la protéger de tout, il savait lui les dangers de la vraie vie. Il en avait été un, avant. Mais il avait changé. Elle l'avait changé. Il ne savait pas ce qu'elle avait fait pour le rendre ainsi, mais c'était tout ce dont il avait besoin. Et il ferait tout pour que rien ne puisse y changer. Il allait la récupérer, coûte que coûte. Il tenait à elle plus qu'à sa propre vie et était prêt à tous les sacrifices pour l'entendre à nouveau rire, pour sentir encore ses douces mains dans ses cheveux pendant un film, pour respirer son odeur des heures et des heures, pour la prendre sur son dos et courir autour de sa maison, pour lui porter son sac à dos bien trop lourd pour elle, pour se confier à elle, pour l'aider à perfectionner sa chorégraphie, pour sentir son corps menu dans ses grandes mains pendant les portés qu'ils avaient inventé.

*

Emma était rentrée. Et depuis, elle ne bougeait plus. Le moment qu'elle venait de vivre avait été tellement intense, tellement chargé en émotions. Au fond d'elle, elle lui avait déjà pardonné. Elle ne pouvait pas le laisser partir, ce n'était pas concevable. Mais cette petite voix, là, tout au fond de sa tête, cette horrible voix lui répétait sans arrêt qu'il l'avait blessée, qu'il l'avait abandonnée et qu'elle ne pouvait le pardonner. Elle aurait pu aller lui demander des explications après la fin du cours, et même aller le serrer dans ses bras, car au final c'était tout ce qu'elle voulait. Mais elle s'était retenue, à cause de toutes ces pensées. Et puis, que lui aurait-elle dit ? Elle serait passée pour une faible. Il aurait compris, malgré tout le mal qu'il pouvait lui faire, elle reviendrait toujours dans ses bras. Elle ne devait pas céder. Garder la tête haute. Se convaincre qu'elle n'avait pas besoin de lui. L'ignorer. L'oublier.

*

-Emma !

-Maman. Tu es rentrée ?

-Oui, j'ai pu me libérer plus tôt du travail. J'ai eu un mot du lycée. Pourquoi n'étais-tu pas en cours jeudi dernier ? Est-ce que je peux savoir où tu étais ?

Le temps d'une danse II H.S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant