Chapitre 12

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Deux semaines avaient passé. Harry ne pouvait plus respirer. Il était constamment sur les nerfs, à cause du rapprochement d'Emma et Tristan, bien trop grand pour lui. Tristan avait réitéré à quelques reprises des sorties du même genre, et Emma n'avait jamais refusé. A aucun moment, elle n'avait semblé hésiter. Et puis, Tristan avait accompagné Emma à la danse. Il prenait clairement sa place, non ? Lui ne pouvait pas y aller, il devait s'entraîner avec Liam pour apprendre les chansons crées par les autres, et Tristan en profitait. Il en profitait pour lui voler sa Emma. Elle revenait chaque jour au lycée de plus en plus heureuse. Harry ne savait pas quoi en penser. A quoi jouait Tristan, bordel ? N'avait-il pas vu qu'entre Harry et la jeune fille, il y avait tellement de sentiments ? N'avait-il pas compris qu'elle était à lui ?

Peut-être avait-il attendu trop longtemps. Il aurait dû se rendre compte de ses sentiments plus tôt, car il savait très bien que ceux-ci n'étaient pas arrivés en un claquement de doigts. Il y avait pourtant eu des signes. Il ne restait habituellement pas avec des filles, déjà ça. La seule avec qui il avait jamais traîné, c'était Lily. Et Lily avait été sa copine. En compagnie d'Emma, il se sentait tellement bien. Les papillons dans le ventre et les mains froides, c'était pourtant assez pour comprendre qu'il était fou de la blonde, non ? Sa jalousie maladive, son envie continuelle de la protéger et de la prendre dans ses bras, ce n'était pas trompeur. Ses résolutions remises en question par une simple phrase d'Emma non plus. Prenons l'exemple banal de la guitare, Harry avait juré qu'il n'y toucherait plus jamais. Et pourtant, il avait suffi qu'Emma insiste, légèrement, pour que le bouclé s'y remette. Elle avait tellement d'influence sur lui, il ne se laissait jamais commander, si on pouvait dire. Mais avec Emma, il n'était plus le caïd, il devenait le petit chiot. Car c'était bien ça le problème, il était dépendant d'Emma. Il lui était tellement dépendant qu'il était prêt à tout pour elle. Depuis qu'il la connaissait, depuis qu'elle l'aidait, il travaillait. Qui aurait pu croire qu'un jour Harry, LE Harry Styles, celui qui avait redoublé deux fois et qui ne travaillait pas plus pour autant, celui qui répondait aux profs, se mettrait au travail ? Il révisait, faisait ses devoirs, apprenait, bref, il se défonçait pour avoir de bonnes notes, tout du moins meilleures qu'avant, et tout ça pour qu'Emma soit fière de lui et le remarque. Il savait pertinemment qu'il n'était pas celui qu'il lui fallait. Elle avait besoin d'un homme au cœur tendre, d'un homme aimant et protecteur. Elle avait besoin d'être aimée, elle avait besoin de sentir qu'elle l'était. Elle n'avait pas besoin d'Harry. Lui était râleur, vulgaire, violent, mauvais. Il était mauvais pour elle, il ne ferait que l'attirer vers le bas. Et même si, après de nombreux efforts, elle parvenait à l'aider, il rebroussait toujours chemin. Vous connaissez le fameux « Deux pas en avant, trois pas en arrière » ? C'était exactement la situation dans laquelle Harry était. Il ne devait pas s'accrocher à Emma. Il devait mettre des limites. Il devait s'empêcher cet amour car il ne pouvait exister. Bon pour lui, mauvais pour elle. Et elle passait avant tout, même avant sa propre vie. Il ne pouvait continuer à coller Emma. Il ne pouvait continuer à passer du temps avec elle. Il ne pouvait continuer à l'empêcher d'avoir d'autres relations. Il ne pouvait continuer à l'aimer. Il devait s'éloigner d'elle.

Et puis après tout, non. Putain de non, il ne pouvait pas ! Il avait tenté une fois de le faire et la situation avait empiré. Son amour pour Emma avait grandi, jusqu'au point où il ne pouvait plus le nier, et son amitié avec elle avait été remise en jeu. S'éloigner d'Emma, à nouveau, serait la plus grosse connerie.

Il était pris au piège. Tiraillé entre son bonheur à lui, entraînant le malheur de celle qu'il aimait ; et le bonheur de celle qu'il aimait, entraînant son malheur à lui.

Il haïssait ces sentiments. Ces foutus sentiments qui le broyaient. Depuis qu'il était amoureux, il n'était plus la brute épaisse que les gens connaissaient. Même si eux ne le remarquaient pas, lui s'en rendait compte. Il était une putain de guimauve. Il était amoureux. Dans les histoires d'Emma, être amoureux semblait être le meilleur sentiment au monde. Toutes ces belles histoires faisaient rêver. Deux personnes se rencontraient, traînaient ensemble, et finissaient par tomber amoureux pour toujours. Dans certaines, une aventure menaçait de briser le couple, mais ça se finissait toujours pas un baiser final, amoureux, heureux. Chacune de ces personnes était heureuse. Pourquoi ne pouvait-il pas être heureux alors qu'il était amoureux ? Pourquoi n'avait-il pas la chance de goûter au bonheur, même éphémère ? Il avait envie de passer pour cet imbécile heureux, le même sourire dégoulinant de bonheur placardé sur son visage. Il voulait tenir la main de cette fille pour qui son cœur battait, l'embrasser sans compter et l'aimer à en crever. Etait-il encore puni pour ses actes ? Le rejet de ses parents n'était-il pas suffisant ? Il avait déjà perdu toutes les personnes chères à son cœur, devait-il encore en perdre une ?

Le temps d'une danse II H.S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant