Chapitre 13

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Emma était réveillée depuis quelques temps déjà, mais n’osait pas bouger, par peur de sortir Harry de son sommeil. La nuit du jeune homme ne devait pas avoir été si reposante pour lui, par sa faute. Ses cauchemars étaient revenus, violemment. Pourquoi maintenant ? Depuis quelques temps ils avaient disparus, à son plus grand bonheur. Et là, alors qu’il n’y avait pas réellement de raisons, ils étaient de retour. Elle avait passé tellement de temps à essayer de s’en débarrasser et voilà que tout resurgissait.

Elle sentit qu’Harry se réveillait à ses côtés. Elle tourna la tête qu’elle avait jusqu’alors orientée vers le plafond. Elle lui offrit un léger sourire, un peu faux mais présent tout de même.

-Hey …

-Bien dormi ?

-Ça passe… Mieux que toi déjà, je suppose.

-Pas faux. Je suis désolée, vraiment.

-T’inquiète, c’est rien. Est-ce que tu comptes m’expliquer ?

Emma souffla. Bien sûr qu’elle devait lui expliquer, mais elle n’était pas prête. Seul Liam était au courant et encore, pas totalement. Alors en parler à Harry, malgré leur grande amitié, c’était dur.

-Je… Tu n’es pas obligée, c’est bon. Je voulais comprendre mais je ne veux pas te forcer.

-Non, c’est bon. Je crois que je peux le faire. Je te dois bien ça.

-Pour quoi ?

Elle haussa les épaules, de façon à lui montrer qu’elle ne le savait pas elle-même mais que c’était logique, en même temps.

-Je ne sais pas, pour être toujours à mes côtés je pense.

-Hmm. Je t’écoute alors. Mais ne te sens pas prise au piège, je ne veux pas que tu te sentes forcée.

La jeune fille ne prêta pas attention aux paroles d’Harry. Elle devait se concentrer pour parvenir à se livrer, pas l’écouter, sinon elle risquait de rebrousser chemin.

-En réalité, ce n’est pas vraiment un cauchemar. Je dirais que c’est un vieux souvenir qui se rejoue dans mon esprit. Ça remonte il y a quelques années déjà. Au collège, après la mort de mon père, j’ai un peu dérapé. Un peu beaucoup même. Il m’avait fait promettre de ne pas prendre la grosse tête, de ne pas devenir celle que je n’étais pas. Et pourtant, c’est ce qui s’est passé. Je suis devenue la fille populaire, avec beaucoup d’amis et dont la plupart des garçons voulaient. Parmi eux, il y a avait Mike. On s’est bien entendus, il recherchait à attirer l’attention et moi aussi. Je sais, c’est pitoyable, mais à ce moment-là j’étais blessée et j’avais besoin d’amour. Je voulais me sentir aimée et c’est le seul moyen que j’ai trouvé. J’étais encore jeune, dans ma tête en tout cas. Pour moi, être populaire était la meilleure chose qui pouvait m’arriver, c’était LE truc que je voulais faire de ma vie : être populaire. Je voulais qu’on me prenne comme modèle, qu’on m’aime, qu’on veuille être avec moi dans les groupes de travail, qu’on veuille manger avec moi à table. Bref, j’y suis arrivée, plus ou moins. Mais ce n’était pas comme je pensais. Pour « percer », il faut faire le malheur de certains. Et au fond de moi, je n’étais pas comme ça. Alors je me laissais souvent faire. Je suis devenue une fille populaire mais facile à atteindre. Je suis sortie avec Mike. Il était le mec que tout le monde respectait, et pour me faire bien voir et essayer de paraître moins faible, je me suis mise avec lui. Je n’avais aucun sentiment, au début en tout cas. Du coup, comme j’avais un peu de respect pour moi malgré tout et que je rêvais de prince charmant sur son cheval blanc, j’ai toujours refusé qu’il m’embrasse. Il n’a jamais posé ses lèvres sur les miennes. Nous nous tenions la main, éventuellement nous nous faisions des câlins, dans nos moments, extrêmement rares, de complicité. Je te disais, je n’ai jamais éprouvé de sentiment pour lui, du moins pas amoureux. Le seul sentiment que j’ai éprouvé pour lui, c’est de la haine. Et c’est toujours le cas. Au début, tout se passait bien dans notre pseudo-couple. Nous étions populaires, bien vus. Et puis, un soir, à une fête, tout s’est dégradé. C’est la dernière fête à laquelle j’ai assisté, en seconde, au début de l’année. On avait réussi à se mêler à la foule et obtenir des boissons alcoolisées. Je n’en ai pas pris non plus, mais tous mes « amis », si. Mike parmi eux. Il a commencé à devenir violent, à vouloir me forcer à l’embrasser. Et puis…

Le temps d'une danse II H.S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant