Une émotion solaire envahit les prairies empyréennes. Ambre nourrissait sa compagne de faisceaux platinés des abysses de sa poitrine, son cœur battait pour sa compagne. Ses phalanges enluminées d'or caressèrent les mèches rousses éployées sur la nuque voluptueuse d'Aurore, puis longèrent ses vertèbres saillantes pour épouser les courbes de son dos à travers son vêtement. La jeune femme s'était cambrée et son ombre éclairait toute la longueur de son corps, elle possédait chaque trait de sa silhouette ensoleillée, elle la noyait à son tour d'un amour étincelant. Alors l'ange enveloppa de ses bras la peau ardente de rayons, comme elle l'avait submergée des fulgurances de sa passion. Ambre coulait volontiers sous le poids de son corps et la douceur de ses baisers.
La nymphe ailée de lumière entrouvrit ses paupières afin d'admirer le visage radieux de sa bien-aimée, rayonnante nébulosité naviguant sur les flots célestes. Mais à ce moment précis, l'expression désireuse de sa figure, la lueur rosée de ses pommettes, tout son éclat serpentait bien d'autres océans éreintés par quelque galerne, bravait de nouveaux ouragans impétueux. Ses lèvres pincées, son regard attendri, la dorure astrale de son cœur, Aurore, l'aurore toute entière se reflétait dans ses propres prunelles. Elle avait apprivoisé la tempête dans son regard, circonscrit ce brasier du soleil qui ne crépitait que dans la clarté de ses pupilles. Sa chevelure ocrée avait réverbéré ses propres rayons, elle avait câliné ses éruptions nitescentes et comblé ses effusions de tendresse. Sa crinière rouquine avait éclipsé sa brillance d'un écueil de brume, mais ses comètes alezanes l'illuminaient davantage. Ambre était ennuagée de lumière.
Les deux femmes avaient délié leurs pétales coquelicot au même moment, et se miraient comme charmées l'une de l'autre. Les pupilles se cherchaient, toujours plus loin dans l'abîme éclatant des miroirs de l'âme. La première s'enivrait de la chartreuse d'une jungle luxuriante, la seconde dérivait sur une mer azurine et moirée. Les deux âmes s'ancraient avec une ferveur intensément passionnelle, et avec elles, leurs regards s'enchevêtraient. La substance étincelante de leurs prunelles se mélangeait dans le cosmos irrémédiablement trop large entre leurs visages. Les feuilles verdoyantes, les perles céruléennes, tout se confondait au-dessus des fleurs de l'éther. Leurs sentiments se coloraient d'une teinte d'éméraldine à l'orée de l'espace.
L'instant d'un battement de cil, d'une pulsation de leur passion, et les yeux d'Ambre furent subjugués par la sensualité des lèvres de la belle nymphe. Le goût de sa bouche égrisée sur la sienne, la sensation de leurs deux êtres qui ne faisaient plus qu'un dans les champs de roses bleues... Elle ne désirait à présent que le nizeré de son minois. Elle voulait sentir le parfum de ce rameau de cerisier aux fleurs desséchées par la morne saison. La part automnale d'Aurore l'émerveillait. Alors ce tourbillon d'envie s'empara de son âme, et ses iris bleutés se mirent à valser.
La jeune femme s'aperçut rapidement que le soleil s'égarait dans les nuages. Elle se délecta de ses yeux amoureux et poussa un soupir épris de leur beauté. Aurore sourit, son cœur s'emballa de la même manière que les flots devenaient tumultueux dans les prunelles de son amante. Elle aussi, succombait à la douceur écarlate de cette fleur, gorgée de lumière. Sa main éperdument enchantée caressa d'un geste affectueux les joues frissonnantes de l'ange, allongée sur les charmilles d'azur. Enfin, elle sentit toutes les parties voûtées de la belle Ambre s'apaiser, puis s'abandonner à elle, sans aucune réserve, lorsqu'elle lui prodigua la chaleur de ses lèvres. Et dès lors que l'astre du jour eut calmé l'ardeur de son éclat grâce aux bourrasques aurorales, la nymphe du ciel retira sa bouche insatiable, couvrit la ravissante encolure angélique de baisers, puis se pencha contre sa poitrine à la respiration haletante. Les deux femmes adonnèrent les ondes houleuses aux yeux larmoyants, la peau embrasée aux mains langoureuses, et leurs bustes brûlants se consumèrent au rythme des plaisirs charnels. Et ce jour-là, l'aurore et le soleil partagèrent le ciel, inhalèrent les senteurs des mêmes baumes, et couchèrent sous un seul drap, un lin vaporeux de nacre et d'azur.
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Les éclats d'Aurore
Short StoryNouvelle poétique - 20 parties "Elle était sublime, Aurore..." Aurore est une jeune femme radieuse, une fille de lumière. Au fil de ses rêveries, elle s'éprend de la beauté du ciel. Étendue dans l'herbe en pleine nuit, Aurore trouve le sommeil, puis...