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J'ai beau avoir toujours habité cette ville, je suis toujours aussi surpris de voir qu'à même pas vingt heures, les rues sont vides. Il n'y a plus que quelques promeneurs de chiens. On est loin de l'ambiance de Londres mais ça a au moins le mérite d'être silencieux et reposant. Et je n'ai pas peur de me faire agresser à chaque croisement.

La tête basculée en arrière, mes yeux observent le ciel qui prend doucement des teintes roses et pourpres depuis que je me suis installé sur le banc qui se trouve en face du restaurant, de l'autre côté de la rue.

Je pourrais rejoindre Niall chez lui. Ce n'est pas si loin que ça, même à pieds et ainsi mon désaccord serait à son paroxysme. J'ai hésité à le faire mais je refuse d'inquiéter ma mère en plus du reste. Dans le genre adolescent rebelle, je suis assez mauvais, je l'admets.

Mon portable vibre à plusieurs reprises dans la poche de mon slim mais vu que je viens de prévenir Niall du fait que j'étais privé de fête, ça doit être lui qui m'en veut de ne pas aller à la fête avec lui, je le laisse sonner sans m'en préoccuper. Je soupire.

— Je peux ?

Mes paupières s'ouvrent alors que je ne m'étais même pas rendu compte de les avoir fermées et mes yeux se posent immédiatement sur Louis. Une cigarette à la bouche, il attend que je lui réponde mais aux dernières nouvelles, le banc ne m'appartient pas. Alors je me décale pour lui laisser de la place et lui faire comprendre qu'il peut, comme il dit.

Il s'assoit à côté de moi et fume, un bras sur le dossier et le regard fixé sur la porte du restaurant. Je détourne mon regard de lui et reprend la contemplation du ciel au-dessus des petits immeubles. Les minutes passent et le silence dans lequel nous sommes me met mal à l'aise.

S'il m'a rejoint ici, ce n'est pas juste pour s'en griller une parce que pour ça, il pouvait rester de l'autre côté de la rue. D'ailleurs, quand il finit sa clope, il l'écrase contre le sol et la balance dans la poubelle qui se trouve à un mètre de l'endroit où nous sommes mais il n'ouvre toujours pas la bouche.

— Qu'est-ce que tu fous là ? lui demandé-je, plus virulent que nécessaire.

— Où ?

Il tourne la tête vers moi, un petit sourire en coin.

— Sur ce banc ou dans cette ville ? ajoute-t-il.

Faisant ses études à Birmingham – ou alors c'est Nottingham ? – il a quitté notre petite ville depuis une éternité et si j'en crois ses sœurs, il remet très rarement les pieds ici. Alors ouais, savoir la raison de son retour ici m'intéresse aussi.

— Les deux ! Mais commençons par le banc.

Il se penche en avant tout en prenant une profonde inspiration.

— Je ne crois pas trop m'avancer en affirmant qu'on ne s'aime pas beaucoup.

— Ah bon ? m'étonné-je.

Bien entendu, je connais les raisons qui me poussent à détester ce Louis mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour que ce soit réciproque ?

— Ouais...

Je me tourne vers lui, espérant qu'il m'en dise plus mais il est assez clair qu'il va garder le silence.

— Et je peux savoir pourquoi tu ne m'aimes pas ? Tu ne me connais même pas !

— Parce que toi, tu me connais peut-être ? rétorque-t-il, levant un sourcil.

— Oh oui ! Les jumelles n'arrêtent pas de me parler de toi... Louis est tellement gentil. Louis est si drôle ! Et Louis est le plus beau du monde. En fait... En fait, tu n'as jamais mis les pieds chez nous mais tu es constamment là.

My Dear JealousyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant