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Assis à la table qui nous avait été réservée, je ne peux pas nier le fait que Phoebe – oui, j'ai fini par déterminer laquelle des jumelles j'avais coiffée – avait raison pour une chose concernant son frère. Clairement, il a quelque chose pour lui. Bon, d'accord, il est beau.

Alors que je passe mon regard sur les filles et leur frère, je me dis que personne ne peut louper leurs ressemblances. Ils sont tous faits sur le même modèle. C'est un trait de famille d'être magnifique avec leurs yeux bleu océan et leurs sourires à croquer.

Et il y a moi, à côté. Je suis loin d'être moche mais avec mes cheveux noirs, mon mètre quatre-vingt dont je ne sais jamais quoi faire, mes yeux qui n'ont pas de couleur définie et l'acné qui commence à faire son chemin jusqu'à mon front, pas besoin d'être devin pour savoir que je ne fais pas partie de cette famille. Que je suis juste une pièce rapportée qui ne leur est pas utile.

Une fois mon plat terminé, je me risque à lever les yeux et à essayer de suivre la conversation mais ils sont toujours sur leur sujet préféré : Louis. Le frère incroyable. Le fils prodige. Enfin le gars est tellement parfait qu'en dix mois, c'est la première fois qu'il se pointe chez nous. Ça me ferait presque rire si je n'étais pas si jaloux.

Je jette un coup d'œil à mon portable et souris en voyant que j'ai sept messages de Niall et en faisant abstraction du fait qu'il me harcèle pour savoir à quelle heure je rapplique chez lui pour aller à la fête. Au moins mon meilleur ami n'a pas oublié mon existence contrairement à toutes les personnes présentes à cette table.

— Man' ! soufflé-je en me penchant vers elle. Après le dîner, je peux aller à une fête avec Ni ?

Elle fronce les sourcils, l'idée ne lui plaît pas. Elle voudrait sûrement qu'on reste tous les huit, ensemble, pour regarder un film dans le salon. Tous blottis les uns sur les autres. A grignoter du pop corn et boire une boisson chaude. Comme une vraie famille. Mais nous ne sommes pas une vraie famille... Pas quand ce type est avec nous.

— La fête chez les Nelson ? intervient Charlotte qui, en plus d'avoir la langue bien pendue, a toujours une oreille qui traine.

Je hoche la tête pour lui répondre. Rien d'étonnant qu'elle soit au courant. Nous sommes dans le même lycée et les soirées des Nelson sont de vraies légendes.

— Tu as été invité ? s'exclame-t-elle.

— Ouais !

Je ne suis pas quelqu'un de très populaire mais avec Niall, on a notre petit succès. Niall pour son caractère et la bonne ambiance qu'il met à une fête et moi... pour ma belle gueule, d'après les dires des frères Nelson.

— Oh je peux venir avec vous, s'il te plaît ! s'exclame-t-elle, attirant l'attention de quelques clients.

— Lottie ! la réprimande son père.

— Quoi ? C'est la dernière fête avant l'été. Je veux trop y aller.

— Tu ne t'es pas dit que s'ils ne t'avaient pas invitée, c'est qu'ils ne voulaient pas t'y voir ? lui demande Félicité, d'un ton très sérieux.

— Papa ! Tu as entendu ce qu'elle a dit ?

Je lève les yeux au ciel mais un sourire apparaît sur mes lèvres. Elles me font tellement rire. Charlotte et Félicité sont très différentes et c'est toujours un plaisir d'assister à un échange entre elles.

— Je vous entends très bien. Toutes les deux. Même un peu trop bien. Ton frère est à la maison alors tu restes avec nous. Pas de fête pour toi !

Elle grogne de mécontentement et je la comprends. Elle aime son frère mais elle doit se dire que pour une fois qu'il vient, il a vraiment mal choisi son moment.

— C'est pareil pour toi, Harry ! ajoute ma mère.

— Pardon ? m'écrié-je malgré moi, en tournant la tête vers elle.

— Louis est à la maison, répète-t-elle, bêtement.

Cela fait des semaines que tout le monde me parle de la venue du Messi, je ne vois pas quand j'aurais pu oublier cette info et encore moins quand ce mec se trouve à trois mètres de moi.

— Alors on reste tous ensemble. En famille.

Je jette un coup d'œil à ce Louis qui est passé du mec qui m'insupportait à celui que je déteste cordialement. Alors certes, cette fête ne me tenait pas non plus à cœur mais le fait que j'en sois privé à cause de lui, me révolte.

— On en parle du fait qu'il n'est pas de ma famille, commencé-je en accentuant bien sur l'avant-dernier mot. Ou tout le monde s'en fout ?

— Retire tout de suite ce que tu viens de dire !

Ma mère semble horrifiée par ma déclaration alors que je ne vois pas bien où est le problème. Si mes souvenirs sont bons, Mark, le mec de ma mère, a reconnu Louis quand il devait avoir trois ou quatre ans. Ce n'est pas son père biologique. Mais au-delà de ça... En un an, c'est la première fois qu'il vient nous rendre visite.

— Non ! J'ai littéralement fait sa connaissance, il y deux heures ! Alors pour la famille soudée, on repassera !

Les pieds de ma chaise grincent sur le sol quand je la recule. Je me lève, foudroie Louis du regard bien que je sache que ce n'est pas lui qui a refusé que j'aille à cette fête et me dirige aussitôt vers la sortie du restaurant. Je n'ai même plus envie de mes profiteroles.

My Dear JealousyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant