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Joyeux Noël 🎄🎁
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— Comment vont mes bébés ? me chuchote une voix douce aux creux de l'oreille.

Je souris en me tournant sur moi-même. Louis est réveillé et debout, un grand sourire aux lèvres. J'aimerais me jeter sur lui pour les embrasser mais malheureusement nous n'avons pas encore trouvé les mots et surtout le courage d'en parler à notre famille. Vu la manière dont parlent nos parents de nous deux, nous avons un peu peur de leur réaction en apprenant notre relation amoureuse.

Enfin c'est surtout Louis qui a peur mais je le comprends totalement. Il a sept ans de plus que moi, c'est un adulte responsable qui sort avec le beau-fils mineur de son père adoptif. Puis, ma mère peut être très protectrice avec moi quand elle s'y met. Il m'a aussi avoué un jour avoir peur de la réaction des jumelles, qu'elles ne comprennent pas la situation.

Pourtant, nous n'avons pas trop le choix, nous allons devoir le dire. Cela fait plus de six mois que nous mentons à tout le monde ou presque. Seuls les amis de Louis et Niall sont au courant. Six mois que nous nous cachons. Six mois que nous vivons notre semblant de couple dans ma chambre, ici, et cela un weekend par mois. Parce que demander à aller voir Louis, à Londres, serait un peu saugrenu pour nos parents.

Mais au fond, je crois que je déteste les weekends où il vient dans cette maison parce qu'avec nos familles autour de nous, il nous est impossible d'être nous. Se tenir la main, s'embrasser, se prendre dans les bras, parfois juste se regarder est beaucoup trop...

— Joyeux anniversaire Lou ! lui chuchoté-je parce que penser à tout ça me déprime.

— Merci, frérot, souffle-t-il, un sourire aux lèvres.

— Arrête avec ça...

Alors que je commence à faire la moue, détestant encore plus qu'avant le fait qu'on puisse nous qualifier de frères, il se penche en avant, posant un coude sur le dossier du canapé. Nos visages sont à la même hauteur ainsi. De son bras libre, il vient caresser délicatement ma joue pour me réconforter parce que même si nous passons peu de temps que tous les deux, nous parlons tellement qu'il me connait par cœur à présent.

— Tu sais que...

— Louis ! s'écrie une des jumelles à ma gauche, le coupant dans sa phrase.

Ceci nous oblige à nous éloigner l'un de l'autre, pour mon plus grand désarroi. J'aurais juste aimé l'avoir une petite minute pour moi, rien que pour moi...

— Bon anniversaire ! continue-t-elle.

Louis se dépêche de prendre Daisy dans ses bras qui lui fait aussitôt un énorme câlin alors qu'il se baisse pour recevoir le baiser de Phoebe. Et me voilà jaloux de deux gamines de dix ans... Si ce n'est pas affligeant ça ! Je soupire, déçu de ne pas pouvoir souhaiter l'anniversaire de mon petit-ami ainsi. Avec un simple baiser et un câlin. Je me lève avec le soudain souvenir des paroles que Louis a eues hier soir en nous couchant :

— Je ne peux pas leur dire. Pour qui me prendraient-ils ?

Pour éviter de lui hurler dessus, je me suis tourné dos à lui et j'ai ruminé dans mon coin. Il n'a pas pensé une seule seconde qu'ils pourraient le prendre bien. Qu'ils pourraient juste comprendre que nous n'étions pas frères. Qu'ils pourraient juste le prendre pour un homme amoureux ? Non, c'était impossible dans son esprit.

Dans ces moments-là, je me dis que j'aurais mieux fait de ne pas l'embrasser ce soir-là...

Je m'éloigne d'eux quand Louis me demande d'une petite voix :

— Tu vas où ?

Je tourne légèrement la tête vers lui et je vois dans son regard qu'il voudrait que je reste avec eux, avec lui. Je vois qu'il est déçu et triste que je parte alors qu'il vient d'arriver. Mais tout ce que je garde sur mon cœur depuis des mois va exploser si je reste et je ne veux pas faire notre... Coming out ainsi alors qu'il n'en a pas le courage ou peut-être même l'envie.

Je n'ai même pas le courage de lui répondre alors je reprends mon chemin comme s'il n'avait pas parlé. Il faut juste que je me reprenne. Ça se passe toujours comme ça quand il est à la maison. Il faut juste... Que je pleure un bon coup sous la douche et tout ira mieux. Je monte les marches deux à deux, le plus vite possible et vais m'enfermer dans la salle de bain après être allé chercher un change.

Bien sûr, j'ai entendu les coups à la porte et la petite voix de Louis derrière elle. J'aurais sûrement dû ouvrir. Après tout, c'est son anniversaire aujourd'hui et moi, comme le gamin que je suis, je boude. Je me passe une main sur le visage et me détaille un long moment dans le miroir en face de moi. J'ai beau avoir mis cette chemise que j'avais le soir où nous nous sommes embrassés pour la première fois, cette chemise qui lui plaît, je ne peux m'empêcher de me trouver insipide.

Si j'étais plus vieux, plus viril, moins boudeur, moins jaloux, plus beau... Si j'étais mieux, voudrait-il tout dire ? Crierait-il sur tous les toits que je suis son petit-ami ? Me dirait-il qu'il aime ? A nouveau, les larmes me montent aux yeux. Je souffle à fond en appuyant sur le rebord du lavabo.

— Chéri ! m'appelle ma mère depuis le couloir. On t'attend pour que Louis puisse ouvrir ses cadeaux !

J'essuie maladroitement mon nez d'un revers de main et renifle avant de lui répondre :

— J'arrive, man' !

— Ça va, Harry ? me demande-t-elle.

— Oui, oui.

— Ça fait un moment que tu es enfermé là-dedans !

Je grimace, en me frottant les yeux.

— Désolé...

— Tout va bien, chéri, me souffle-t-elle mais au lieu de me rassurer, ses mots forment une boule dans ma gorge.

J'entends ses pas s'éloigner de la salle de bain et je secoue la tête. Il faut que je me reprenne, merde ! J'inspire à fond et fais un sourire crispé à mon reflet. Ce n'est pas fantastique mais ça fera l'affaire. Je reprends le sweat que j'avais tout à l'heure et l'enfile par-dessus ma chemise, n'assumant finalement pas l'effort vestimentaire que j'ai fait pour Louis.

My Dear JealousyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant