La confession

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Je la retrouve un peu plus loin, assise sur un banc.
Son regard est vide et semble totalement ailleurs.
Comme me l'a précisé le vigile, elle n'a pas de manteau et a les épaules dénudées alors qu'il ne doit pas faire plus de dix degrés.
Je m'approche lentement puis lui glisse délicatement ma veste sur ses épaules. Elle lève la tête vers moi et me regarde. Beaucoup de détresse se fait ressentir dans son regard.
Je sens mon cœur se fissurer.
Son mal être me touche profondément. Je m'assois à coté d'elle.

"- Merci pour la veste mais vous allez avoir froid. me dit-elle en tremblotant.
- De rien. Ne vous inquiétez pas pour moi ça va aller. Et puis, je suis un peu plus couverte que vous."

Elle sourit en voyant que je porte une chemise, ce n'est pas énorme. Je suis fière de moi j'ai réussis à la faire sourire.

Je reprends :

"- Si vous voulez parler de ce qui vous tracasse, je suis là.
- Je ne veux pas vous déranger. dit-elle en baissant les yeux.
- Mais vous ne me dérangez nullement, je ne serais pas venue si c'était le cas.
- Et puis vous êtes une de mes élèves...
- Oui c'est vrai que je suis votre élève, mais rien n'empêche qu'une étudiante vienne en aide ou devienne amie avec une prof non?
- Vous avez raison,je suis bien trop dans les règles par moments.
- Et puis je ne suis pas quelqu'un qui raconte tout à tout le monde. Ce qui se dira entre nous restera entre nous. Je veux seulement vous aider. Je suis là si ça ne va pas."

Elle se met à pleurer. Je la prends dans les bras, elle pose sa tête sur mon épaule. Elle pleure de plus belle, je ne sais pas quoi faire. J'ai toujours du mal pour réconforter les gens.
Que faire? Il faut que j'essaie de la consoler mais comment?
Je ressers un peu mes bras autour d'elle pour lui faire comprendre que je suis là. Je caresse avec douceur son dos et ses cheveux. Je ne sais pas si c'est grâce à moi mais ses pleurs se calment.

Elle a cessé de pleurer et commence à se détacher de moi. Dommage, j'aimais bien l'avoir dans mes bras comme si c'était naturel, comme si sa place était là dans mes bras.

"- Je suis désolée, je ne sais pas ce qui m'arrive.
- Ce n'est pas grave, ça arrive un coup de blues. Ça va mieux?
- Oui, ça va maintenant. Merci beaucoup."

Je la sens hésitante, elle veut me dire quelque chose.

"- Allez dites moi ce que vous voulez me dire."

Elle semble étonnée que je puisse deviner. Je lui souris pour l'encourager.

"- J'ai pleuré parce que j'ai vu Enora dans le bar et ça a remué tout un tas de souvenirs en moi."

Je la sens un peu perdue mais elle a envie d'en parler donc je ne dis rien et j'attends. Elle me regarde et poursuit.

"- C'est une histoire compliquée mais je vais essayer de vous la résumer. Enora est mon ex.
Nous nous sommes rencontrées en fac de droit. Elle était une de ces filles populaires de la fac, moi j'étais la bosseuse, la fille du premier rang. Elle m'a tout de suite plût, je suis tombée sous son charme. Elle en a joué. Elle savait que j'aurais tout fait pour elle et elle en a profité. J'ai vécu une année très difficile, je n'arrivais pas à me détacher d'elle pourtant je souffrais. Elle jouait avec moi. Elle me prenait le jour et me jetait le lendemain. Puis est venu le jour où elle m'a dit qu'elle était réellement amoureuse de moi et j'étais aux anges. J'ai rapidement emménagé chez elle. Elle a vite été engagée dans une entreprise pendant que moi je préparais ma thèse.
Elle sortait beaucoup, je restais souvent seule chez nous. Elle disait qu'elle avait besoin de sortir pour se détendre. Moi, je ne disais rien par peur qu'elle me quitte. Je m'occupais de tout à la maison du ménage, des courses et j'en passe.
Est venu un jour où je travaillais à la bibliothèque mais je suis rentrée plus tôt car je n'étais pas très bien. J'ai trouvée Enora avec quelqu'un dans notre lit. Je me suis effondrée. Ce qui m'avait vraiment fait mal ce sont ses paroles. Elle m'avait dit qu'elle me trompait depuis le début et qu'elle restait avec moi juste parce que je lui étais utile et tout un tas de choses que je vous épargne. J'ai eu beaucoup de mal à me reconstruire, j'ai même du consulter un psy après une ce chagrin d'amour. Cette analyse m'a fait comprendre que je n'étais pas fautive mais que c'était Enora qui avait un problème.
Il y a un an, nous nous sommes rencontrées de nouveau dans une soirée. J'étais contente parce que quand je l'ai vue, je n'ai rien ressenti, j'étais guérie de ça je ne l'aimais plus. Elle a dû le remarquer donc elle a voulu me blesser pour se prouver sûrement à elle même qu'elle avait encore du pouvoir sur moi. Elle m'a demandé si j'avais quelqu'un et quand je lui ai répondu que non, elle m'a répondu «Normal qui voudrais de toi?».
Elle m'a tant blessée, elle avait réussi, une fois de plus. A cause d'elle je me suis remise en question. La semaine dernière, nous nous sommes à nouveau croisées.
Elle m'a posé la même question que la fois précédente et comme je ne voulais pas lui donner une nouvelle chance de me blesser,je lui ai dis que oui et que ce quelqu'un qui partageait ma vie était une personne extraordinaire, qui me rendait heureuse comme personne ne l'avait jamais fait. Puis je suis partie et je l'ai évitée toute la soirée. Mais maintenant je ne sais pas quoi faire car en réalité je n'ai personne dans ma vie et elle va forcément me poser des questions pour essayer de trouver une faille pour me blesser à nouveau.
Alors voilà pourquoi j'ai été bouleversée. Je ne sais pas quoi faire.."

Elle ne dit plus un mot et regarde le sol.
Je reste sur le cul, c'est le cas de le dire.
Comment peut-on faire autant de mal à une personne comme elle? A quelqu'un tout court en fait.
Cela me révolte,il faut que je fasse quelque chose pour l'aider.
Elle me regarde en se demandant comment je vais réagir.

"- Merci de m'avoir confié tout ça. Je comprends ce que vous avez vécu n'est pas facile. Moi aussi j'ai été trahie par la personne que j'aimais alors je vous comprends totalement.
Vous savez je connais un peu les gens comme Enora. Ils aiment faire souffrir les gens mais il ne faut pas les écouter. Vous êtes quelqu'un d'extraordinaire qui mérite de trouver une personne qui prendra soin de vous et pas comme Enora qui profitait de vous."

Je la vois sourire, elle semble heureuse de ma réaction.
La colère monte en moi. Il faut que je trouve un moyen de la venger. Cette Enora ne sait pas ce qu'elle a perdu en faisant du mal à Mlle.J.
Je sens la colère monter de plus en plus moi,il faut que je me calme sinon je vais débarquer dans le bar pour lui mettre mon poing dans la figure. Une idée de vengeance commence à germer dans mon esprit.

"- Jane?
- Oui?
- Ça vous dit de vous vengez d'Enora?
- Euh peut-être mais comment?
- Vous lui avez dit que vous aviez quelqu'un dans votre vie?
- Oui.
- Alors nous allons lui présenter cette personne!
- Mais je n'ai personne à lui présenter.
- Si, moi.
- Quoi?
- Vous allez me présenter à elle comme étant votre copine."

Une femme bouleversante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant