Le trou noir

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Le 1er Janvier je reste chez moi je bosse sur mes cours toute la journée.
Venu un moment ou je veux me détendre devant la télé. J'allume, je zappe et tombe sur les informations. Je vais regarder pour voir si le monde ne s'est pas arrêté de tourner. Je ne suis pas trop concentrée donc je décide de changer de chaîne, je suis stoppée dans mon élan par un visage qui m'est familier. Un homme que je n'ai pas vu depuis six ans : mon père. Il répond à une interview qui ne porte pas sur la politique mais sur lui, le but est de mieux connaître les hommes politiques. Il se fait passer pour le bon Dieu, ça m'énerve, si les gens savaient de quoi il est capable il ne resterait pas ministre longtemps. A un moment la journaliste lui demande s'il a des enfants et combien? A ma grande surprise il répond qu'il en a trois.

Il s'est trompé dans ses comptes je crois car Neals, Noam, Clara et moi ça fait quatre. La journaliste qui est bien renseignée lui dit que ses informations lui ont révélé qu'il avait quatre enfants. Il semble hésiter puis lui dit que c'est vrai qu'il y en a quatre sur le papier mais que l'un d'eux n'existe plus pour lui. Je suis choquée, je reste là devant ma télé à voir mon soi-disant père dire à la France entière que pour lui je suis morte. Enfin il n'a pas dit ça mais c'est pareil.
Six ans après, il arrive encore à me faire du mal c'est fou. Je pensais être totalement libérée de lui mais je me suis trompée. La colère monte en moi, heureusement qu'il n'est pas face à moi parce que sinon je ne sais pas ce que je ferais mais je le ferais. Il faut que je me défoule pour me calmer.
Je me lève et vais chercher des affaires de sport puis je pars à la salle faire de la boxe. Je m'entraîne alors pendant des heures. A chaque coup je vois le visage de mon père comme si c'était lui que je frappais.

Deux jours plus tard. Nous sommes vendredi et comme tous les soirs je bosse. Depuis le nouvel an j'ai dû dormir deux heures sans rire.
Je n'ai pas eu de nouvelles de Jane. Pas de mails, pas de textos et encore moins d'appels, pourtant ça ne peut pas m'empêcher de sursauter à chaque appel, chaque message. J'espère toujours que c'est elle qui va me dire qu'elle a prit sa décision et qu'elle a décidé de prendre le risque mais non. En plus de ça, je n'arrête pas de penser à mon père et à ce qu'il a dit... Je ressasse sans arrêt cette phrase qu'il a prononcé. Il m'avait dit, quand il m'a mise à la porte que je n'étais plus sa fille mais le fait de le dire à la télévision montre que c'est vraiment la vérité.

Ce soir Erika fête son départ vu qu'elle repart dimanche. Tout le monde est invité,elle a même invité Jane. Je suis contente de la revoir, enfin si elle vient. Le rendez-vous est fixé à vingt heures au bar comme d'habitude.
De mon côté j'ai un problème avec un fournisseur donc je ne serais pas là quand elles arriveront.
Le fournisseur a oublié trois fûts de bière quand il a livré cette semaine, j'ai donc dû aller les chercher avec la voiture de Lionel, un vigile.

J'arrive à la boite vers vingt heures trente j'ai pu récupérer les fûts manquant. Heureusement car on serait tombé à court ce soir. Je me gare en double file juste devant la boite. Lionel s'avance.

"- C'est bon tu les as eu?
- Oui c'est bon. Tien tes clés. Merci pour la voiture. On va devoir décharger par ici parce que Laure s'est garée devant l'entrée des livraisons. J'espère que personne ne lui a parlé de ce problème sinon elle croira que je ne sais pas gérer.
- Non, je ne pense pas. T'as été claire en partant en disant que tu ne voulais pas qu'on lui en parle.
- Super! Bon je vais chercher la roulotte dans la remise."

Je rentre dans la boite en courant presque. Je jette un coup d'œil à notre table. Tout le monde est là, même Jane. Quelqu'un doit dire quelque chose car ils me regardent tous. Je leur fais un petit signe et je pars dans la remise. Je ressors puis nous plaçons les fûts dessus. Nous ne pouvons en mettre que deux, je passe ensuite la roulotte à Mia qui m'a suivie et prends le dernier fût à la main.

"- T'es folle! me dit Mia. C'est trop lourd. Tu vas te faire mal au dos. Ça doit peser au moins cinquante kilos ce truc.
- Ça va aller."

Elle rentre avec la roulotte. J'attrape le fût, dit donc c'est vrai que c'est lourd ce truc. Je rentre dans la boite et me dirige vers la remise. Une fois arrivée je pose le fût, il était temps car je n'en pouvais plus. Je me relève, j'ai un petit vertige,ce qui est normal vu je n'ai pas mangé ce midi et je viens de faire un effort important. Je m'assois pour laisser passer le vertige. Quelques minutes après Elly, une serveuse, arrive.

"- Lara t'es demandée à la table de Laure. Elle veut que ce soit toi qui les servent.
- Ok j'y vais."

Je sors donc de la remise et me dirige vers mes amis.

"- Salut tout le monde. Vous allez bien?"

Je fais la bise à tout le monde y compris Jane.

Laure : Pourquoi tu as ramené des fûts il y a un problème?"
Lara : Il y en avait un mais c'est réglé. Le fournisseur en a oublié trois cette semaine et on n'en n'aurait pas eu assez pour ce soir. Donc je suis allé les chercher.
Laure : Ok mais ne porte pas un fût seule. C'est super lourd. Ça pèse près de cinquante kilos.
Jane : Quoi cinquante kilos? Mais tu aurais pu te faire mal!
Lara : Mais non ça va. Je vous sers quelque chose?"

Je prends la commande puis je vais pour partir quand Erika me retient.

"- Ça va Lara?
- Bien sûr que ça va.
- On ne dirait pas, t'as vu les cernes que t'as, tu sembles épuisée!
- Mais non ça va c'est juste que je viens de faire un effort.
- Écoutes Lara je vois bien que t'es à bout. Je te connais quand même.
- Erika je te dis que ça va." dis-je sèchement.

Je pars chercher la commande. Je me doutais que je n'arriverais pas à cacher ma fatigue. Ça se voit tellement. Tout ça à cause de ma bêtise de croire que le bonheur m'est accessible.
Je reviens quelques minutes plus tard avec les boissons. Je sens les regards de toute la table sur moi.

Viktorya : Lara, tu vas nous dire ce qu'il se passe à la fin?
Lara : Mais il ne se passe rien. Bon je suis juste un peu fatiguée mais c'est tout.
Clara : Je ne te crois pas, je sens que t'es tendue, t'es très tendue comme si quelque chose te contrariais.

J'avais oublié Clara et sa perspicacité à tout ressentir malgré le fait qu'elle soit aveugle. Elle sent l'humeur de chacun.

Lara : Mais non, je stresse juste un peu pour les examens c'est tout.
Erika : Arrêtes de nous raconter des bêtises. Toi stressée? Impossible. Alors dis nous!

Je commence à m'énerver. Je n'ai pas envie de leur parler de ce qui me perturbe. Premièrement parce que Jane est là. Deuxièmement parce que je n'ai pas envie de parler de mon soi-disant père car ça serait lui donner de l'importance.

Lara : Rien.
Laure : Lara on s'inquiète pour toi, on voit bien que tu n'es pas comme d'habitude et on a envie de t'aider.
Lara : Mais merde à la fin, foutez moi la paix. Vous voulez savoir ce qu'il ne va pas? Très bien je vais vous le dire mais après je ne veux pas en parler. C'est simple, je ne suis qu'une pauvre conne qui espère toujours qu'elle peut trouver le bonheur hors ce n'est pas pour moi. Je ne peux pas être heureuse, ça m'est défendu. Mon père avait raison, il me le dit depuis l'enfance. J'aurais du l'écouter, je ne sers à rien. J'aurai dû mourir, il y a longtemps, je le savais."

J'ai débité tout ça sans m'en rendre compte. Ce n'est pas mon style mais elles m'ont tellement énervée.
Je pars précipitamment, j'atteins les marches qui mènent à la piste. Mais toute la boite se met à tourner, je me sens faible, j'ai les jambes qui se dérobent, je tombe, j'essaie de lutter mais en vain, je n'ai plus de force, je m'écroule puis c'est le trou noir.

Une femme bouleversante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant