Chapitre 22: Talk to me

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Debout dans la salle d'attente, pendant que Matthew est avec le médecin pour faire examiner sa main, je ne tiens pas en place. Je tourne comme un lion en cage, passant et repassant entre les rangées de sièges occupés, sous le regard courroucé des quelques personnes présentes dans la pièce, sans doute dérangées par mes allers-retours incessant.

Aveuglé par des images de Matthew embrassant Esther affluant sans cesse dans mon esprit, je manque de bousculer un jeune homme, semblant tout aussi égaré que moi, en sortant précipitamment dans le couloir.

Je quitte le bâtiment d'un pas rapide, submergé par la colère trop longtemps contenue.

Je n'ai rien laissé transparaître, face à lui, parce qu'il n'était pas en état de l'affronter. Je ne voulais pas risquer de le perdre, alors, j'ai fait passer son bien-être avant le mien.

Je ralentis en approchant d'un petit parc, verdoyant et ensoleillé, dissimulé derrière l'hôpital. Seul quelques personnes se baladent dans les allées ombragées, tandis que des enfants jouent, dans l'espace qui leur est réservé, sous le regard attentif des adultes.

Parvenu à l'extrémité du petit chemin, je découvre à l'écart, un petit coin entouré d'arbres exempt de toute présence humaine.

Déambulant dans l'espace gravillonné, j'inspire une longue bouffée d'air au doux parfum de verdure et l'expulse lentement, les yeux fermés, me laissant submerger par mes émotions.

J'essaie de réguler les envolés de mon rythme cardiaque quand mes poings se crispent au souvenir doux-amer des derniers événements et, bercé par les bruits environnant, je fais la seule chose qui me permet de m'exprimer sans passer par les mots.

Danser

Sans réfléchir, je laisse mon corps se mouvoir au rythme de la circulation lointaine, du rire des enfants dans l'aire de jeu, du bruissement des feuilles quand le vent s'engouffre entre les branches. J'ouvre enfin les yeux et laisse mes mains jouer dans les rayons du soleil.

Quand je danse, je me sens bien, apaisé. Je chasse les sentiments négatifs et emmagasine les énergies positives.

Après quelques derniers pas de danse, je m'arrête, légèrement essoufflé, quand j'aperçois, adossée à un arbre, cachée dans l'ombre de celui-ci, une jeune fille qui regarde dans ma direction.

Je lui souris et la vois hésiter un instant, semblant surprise que je l'ai remarqué, puis elle finit par s'approcher et j'avance à sa rencontre toujours ravi d'échanger avec de nouvelles personnes.

Éclairé brièvement par un rayon de lumière je croise son regard brillant de joie, son visage émerveillé comme celui d'un enfant au matin de Noël, devant la pile de paquets déposés par le bonhomme vêtu de rouge.

— C'était vraiment magnifique.

Sa voix est douce et tremblante, preuve irréfutable d'une timidité dévorante, si j'en juge par ses doigts qu'elle ne cesse de triturer.

— Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger.

C'est quand elle commence à rebrousser chemin, que je prends conscience que je suis resté silencieux face à elle, trop intrigué par son aura apaisante et tranquille.

Je pose une main délicate sur son épaule et me poste devant elle, me baissant pour tenter d'accrocher son regard rivé sur le sol, je parle enfin.

— Tu ne me déranges pas.

Elle se redresse enfin et je suis presque ébloui par le sourire qu'elle esquisse alors que ses yeux retrouvent leur brillance enfantine.

— C'est juste que, je ne pensais pas avoir un jour la chance de vous rencontrer. Alors, quand je vous ai vu au loin, je me suis approché discrètement pour vous regarder danser. Et puis vous m'avez remarqué... Je n'avais pas prévu que...

Perfect illusionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant