Perfect illusion

Chapitre 51 : Vérité révélée.

Je prends une longue inspiration avant d'entrer dans la pièce. Quelques jours qu'Esther est hospitalisée et je viens seulement de l'apprendre. Je ne comprends pas pourquoi elle ne m'a rien dit, je pensais que nous étions amies.

Elle lève un regard cerné, et vide de toute émotion, dans ma direction, la bouche ouverte de surprise de me voir là.

— Tu te rends compte que si je n'avais pas eu Deb au téléphone je n'aurais jamais su que tu étais hospitalisé. Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

— Je pensais que tu te rangerais du côté de ton frère...

— Peu importe ce qui s'est passé entre vous, je suis et reste ton amie Kim...

J'avance dans la pièce refermant la porte derrière moi, m'installe près d'elle et prend délicatement l'une de ses mains au creux des miennes.

— Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que tu fais là ? C'est un peu tôt, non ? Je pensais que tu ne devais accoucher que fin mars ?

— C'est le cas, mais j'ai quelques petits soucis. Les contractions présentes depuis le début de l'année ne font que s'accentuer et mon gynécologue s'est rendu compte, à la dernière visite, que le bébé ne grandissait pas aussi vite que prévu.

Les larmes brisent sa voix et elle déglutit à plusieurs reprises pour ne pas laisser échapper le flot salé retenue avec difficulté par ses paupières rougies par le manque de sommeil.

Je m'approche encore, passe mon bras autour de ses épaules, et l'attire contre moi, dans un câlin réconfortant, frottant doucement son dos de mon autre main.

Elle reste quelques instants, les bras ballants reposant sur ses jambes, sûrement désarçonnée par ce contact.

Son front contre mon épaule, elle prend une longue inspiration et finit par éclater en sanglots, son corps tremblant contre le mien et ses mains s'accrochant désespérément dans mon dos froissant le tissu épais de ma veste entre ses doigts.

— Qu'est-ce qu'il se passe Kim ?

— Je... j'ai tellement honte...

Je me recule pour pouvoir plonger mon regard dans le sien et prend son visage en coupe.

— Honte ? De quoi ? Je ne comprends pas...

— Honte de ce qu'il m'arrive...

— Tu sais, les complications de grossesse ça arr...

— Je parle pas de ça... Je veux dire... Cette grossesse... Je... je voulais pas...

— Kim, respire et explique-moi, je suis complètement perdue, là.

Du plat de ses mains elle essuie la déferlante de larmes, ravageant ses joues, attrape un mouchoir sur la petite table à roulette près de son lit, et se mouche bruyamment, avant de reprendre son souffle dans de longues inspirations, les yeux fermés pour chasser les dernières perles salées de sous ses paupières.

Une main posée sur sa jambe, j'attends patiemment qu'elle reprenne contenance et remet mes cheveux en place de l'autre, dans un geste presque nerveux.

Son regard, toujours brillant, et la voix encore assombrie de ses sanglots, elle me raconte tout. Toute l'histoire.

Comment elle s'est réveillée nue dans le lit d'un inconnu après une soirée sans le moindre souvenir alors qu'elle n'avait pas bu une seule goutte d'alcool.

La fuite précipitée de la chambre, avant que l'homme ne se réveille, et la honte d'affronter la vérité et le regard des autres.

Le secret de cette nuit dissimulé à tous et l'espoir que ce serait moins douloureux, pour Matthew, s'il pensait qu'elle l'avait trompé.