1-Aurore.

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En y repensant, je suis face à une avalanche de possibilités, de ce que j'aurais pu ou dû faire différemment. Peut-être que si je ne m'étais pas présenté dans mon cabinet ce jour-là, je ne serais pas complice de meurtre.

Ce jour-là... où je l'ai rencontrée.

"Entrez !", je crie au patient qui attend devant ma porte.

Il est quinze heures. Je sors à dix-neuf.

La journée va être longue.

"Vous pensiez à moi ?" demande soudain une petite voix, légère comme le premier flocon de neige d'une matinée d'hiver.

Je sursaute, et me retourne d'un coup, pour me retrouver face-à-face avec la personne qui attend. Une jeune femme, non, je dirais plutôt une petite fille, qui me fixe, un sourire figé sur un visage pâle, encadré par des mèches de cheveux blond platine, presque blancs. Cependant quelque chose me surprend chez elle, plus que le reste, me pousse à jeter un deuxième regard, puis un troisième. Ses yeux. L'un est vert, un vert pauvre, comparable non à l'émeraude ou la pierre de jade, mais à une clairière d'été, sèche mais conservant sa couleur de printemps. L'autre est noir, un noir profond, intriguant, comme s'il se cachait quelque chose derrière ce noir, quelque chose de sombre, de mystérieux.

Si j'avais su. Si j'avais qui nous étions vraiments, elle et moi. Je me serais enfui, oubliant peut être ma carrière, mais conservant qui j'étais. Ou qui je pensais être.

"Alors ?" répète-t-elle en fermant la porte, visiblement insensible à ma réaction, presque comme si elle en avait l'habitude. "Bon, vous ne me dites pas de m'asseoir, donc je vais considérer que vous voulez que je prenne place."

Merde. C'est elle. C'est Aurore.

Merde.

Aurore était une légende urbaine, c'était le croque-mitaine des psychologues, la terreur qui avait fait démissionner une dizaine de mes confrères. Pourtant, à voir son sourire, à entendre sa voix, on ne se doute pas qu'elle figure parmi les fous. Mais c'est souvent comme ça, les flammes les plus chaudes n'ont pas la couleur du feu. Il fallait que je reste calme, que je sois en contrôle, au moins jusqu'à que je comprenne pourquoi elle était dans mon cabinet.

"Vous allez bien ?", insiste-t-elle, à présent assise devant moi.

Elle déplie son manteau, un caban pourpre avec une doublure en fourrure.

"Tu as quel âge ?", je demande, cherchant à commencer la conversation qu'un psychologue se doit d'avoir avec sa patiente.

"Et vous ?", répond-elle, souriante.

"Nous sommes là pour parler de toi, Aurore", j'insiste à mon tour.

Elle me dévisage, puis se lève et s'approche d'un vase, une babiole que j'ai dû acheter il y a longtemps, et continue à me fixer.

"C'est moche ici. Vous êtes déprimant", déclare-t-elle d'un ton neutre.

Soudainement, d'un mouvement rapide mais qui laisse entrevoir la véritable folie qui se cache en elle, le monstre derrière le sourire d'ange, elle saisit le vase et le lance au sol, où il se brise à mes pieds. Je veux me lever, l'arrêter avant qu'elle ne fasse plus de dégâts, mais je ne peux pas bouger, son regard me maintient sur mon fauteuil, et j'ai l'impression que c'est moi le patient intimidé par sa première séance.

"J'ai besoin de quelque chose", annonce-t-elle froidement, "Mais ce n'est pas pour tout de suite."

Je ne sais pas qui était cette fille, ou pourquoi elle était là. Dans cet instant, je ne suis convaincu que d'une seule chose.
Il fallait vraiment que je fasse attention.

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Voila! J'espère que ce premier chapitre vous à plu, l'aventure de Aurore et de son psychologue ne fait que commencer... J'aimerai vraiment savoir vos impressions et vos réactions aux événements.
Et n'oubliez pas,
Nous ne sommes qu'un mélange d'atomes
:)

AUROREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant