J'ai peu d'amis. Encore moins parmi mes collègues. Mais je ne sais pas ce que j'ai fait, à qui, à quoi, pour qu'on me mette en charge d'Aurore. Enfin, qu'on mette Aurore en charge de moi. En tant que psychologue payé par l'état pour accueillir les patients qui n'ont pas les moyens d'en payer un, je commence à avoir l'impression que c'est moi qui n'a pas les moyens de rester en contrôle face à elle.
Aurore.
Je suis en chemin pour mon cabinet, et je sais que je vais la retrouver. Peu à peu je suis envahi par une angoisse, mais mélangée à une sorte d'excitation, comme un enfant se sent lors de la première montée d'une montagne russe, juste avant la grande descente. En se demandant s'il a bien fait d'accepter de la faire, cette attraction, mais en ayant tout de même hâte.
Quand j'arrive à mon bureau, un 13mètre carré au huitième étage d'un immeuble sans ascenseur, je vois tout de suite que quelque chose ne va pas. La porte est entrouverte, le paillasson complètement retourné, et la clé que je cache en dessous, disparue.
"Bon. Vous venez?", s'exclame une voix que je ne connais que trop bien.
"Aurore? Qu'est-ce que tu fais là?" Mais je sais qu'elle n'a sûrement pas de raison précise. C'est Aurore, après tout.
"On n'a pas beaucoup de temps. Je vous en prie, asseyez-vous."
N'ayant pas d'autre choix, je rentre, et me retrouve face à Aurore, assise, cette fois-ci, dans ma chaise.
"Je préfère celle-ci", explique-t-elle, à la vue de ma réaction. "Par pitié, arrêtez de me regarder comme un chien perdu et asseyez-vous."
Je m'exécute, et pour me rassurer je me dis que c'est peut-être ça, le comportement qui va la rendre meilleure, la guérir.
"Donc", commence-t-elle, avec la voix de psychologue que je suis censé avoir, "vous avez trompé votre petit ami, et ensuite vous avez tellement bu que vous vous êtes retrouvé à quatre heures du matin sur les quais de la Seine. C'est bien ça que vous m'avez dit la dernière fois, oui?"
Je hoche la tête, mes souvenirs me revenant, mon cerveau ayant peut être essayé de les oublier pour garder ce qu'il me reste d'ego intact. Mémoire sélective. Et bien, c'est raté.
"J'ai une vidéo de cet entretien. De vous, qui dites tout ça", m'annonce-t-elle avec dédain.
Elle sourit, en sachant très bien que je ne vais rien dire, par peur que ce qu'elle raconte soit vrai.
"Vous avez une marque sur la main", commente-t-elle d'un air détaché. "Vous devriez faire plus attention."
Cette fois-ci, c'en est trop. Ma tête prend feu, et je suis face à un paradoxe. D'un côté, je ne me contrôle plus, mais d'une certaine manière, je reprends aussi le contrôle de moi-même.
"Attention? Attention! Tu sais très bien que c'est toi qui m'a fait ça, Aurore!"
"C'est possible" répond-t-elle rapidement. "Venons-en au sujet de ma visite. Il va falloir que vous m'aidiez. Je sais que vous allez dire oui, mais si vous doutez, n'oubliez pas que j'ai la vidéo. "
Ses yeux me dévisagent et elle s'approche de moi, consciente de la fascination qu'elle provoque dans mon esprit.
"...Pour faire quoi?" Contre ma volonté je rentre dans son jeu, pourtant, on m'avait prévenu, on m'avait dit l'effet qu'elle avait sur le gens, mais je n'avais jamais été prêt pour Aurore.
Elle se penche à mon oreille et susurre, avec la même voix d'ange pour laquelle je la connais.
"J'ai tué quelqu'un."
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Qu'est-ce que vous en pensez ? A votre avis, qui est la victime du meurtre d'Aurore ?Zoubis,
Et n'oubliez pas,
Nous ne sommes qu'un mélange d'atomes.
:)
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AURORE
Mystère / ThrillerUn enfant. Un psychologue. Un mort. La manipulation est un jeu dangereux, meurtier même. Mais ça, Aurore le sait très bien. Sauf que moi, Étienne, je n'avais pas conscience du monstre terré sous son sourire parfait. Et du pouvoir qu'il avait. À pré...