3-Alex

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[Une semaine plus tôt]

Je m'étais toujours considéré comme quelqu'un de fidèle. Fidèle à moi même, fidèle aux autres, fidèle aux garçons avec lesquels j'avais des relations amoureuses.

Maintenant, je ne sais plus comment je me vois.

"Je ne sais plus comment te considérer, Alex", dis-je à mon petit ami, préférant l'accuser plutôt que d'assumer les doutes qui me hantent.

"C'est marrant que tu dises ça", rétorque-t-il, évitant a tout prix de me regarder. "C'est toi qui m'évites, à ce que je sache. Tu te fais toujours manipuler par les gens, tu te retrouves toujours à dire oui, à tout le monde, Étienne! Et je ne veux pas subir ça. Qu'est-ce qui se passe si un jour tu me trompes? Qu'est-ce qu'on fera là?"

Merde. Même s'il n'est pas au courant de la connerie que j'ai faite hier soir, il faut que je fasse attention. Je suis en terrain miné, sauf que les mines, c'est la vérité. Mais en voyant ses yeux bleus et habituellement sereins, ses boucles noires, bref, en le voyant lui, je me dis que ça vaut le coup. Je pose ma main sur la sienne, mais il l'enlève. Je me demande de quoi on aurait l'air dans les yeux d'un passant. Deux jeunes assis dans une voiture métallique, les dents et les poings serrés, un porte clé au niveau du tableau de bord tentant d'égayer cette triste scène.

"C'est pas vrai. Tu sais bien que je tiens à toi." J'essaie de le convaincre, sachant d'une certaine manière que c'est peine perdue. Mais je le dis quand-même, peut-être  pour éviter de culpabiliser.

"Je ne sais pas. On se revoit la semaine prochaine. D'ici là, réfléchis-y."

Il se lève, détache sa ceinture, ouvre la portière et part.

"Alex!" Je l'appelle, mais je sais qu'il ne répondra pas, que c'est trop tard.

L'ongle se détache de ma paume.
La main d'Alex se glisse de la mienne.

"C'est tout?" M'interroge Aurore, assise dans mon cabinet.

Je ne lui réponds pas, les yeux au sol dans un mélange de haine et de dégoût.

"Je vois", dit-elle d'une voix neutre, informative et dépourvue de sentiments. Lentement, elle enlève son ongle de ma main, et une goutte de sang provenant de ma paume tombe sur le parquet.
"On se reverra."

D'un coup elle se lève, saisit son caban pourpre, réajuste son bonnet de laine rouge, ouvre la porte, et s'en va. Pendant quelques instants mon esprit divague, et je me dis qu'Aurore, c'est un métronome cassé. Elle dicte le rythme qu'aura mon esprit, mais ce n'est jamais le même.
Ce métronome s'accélère, et je me rends compte qu'elle n'est plus devant moi.

"Attends! Aurore", je m'exclame, sentant le regret me rattraper, mais elle est déjà sortie.

Décidément, quand les gens partent, je n'arrive jamais à les convaincre de rester.
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Hello! Alors, ce chapitre vous a plu ? Est-ce que vous pensez que Etienne devrait dire la vérité a Alex? Et Aurore, que pense-t-elle de tout ça ?

Zoubis,
Et n'oubliez pas,
Nous ne sommes qu'un mélange d'atomes.

:)

AUROREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant