2-Je me confie toujours aux mauvaises personnes.

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Ouch.
Je viens de marcher sur un morceau de porcelaine. Mais ce n'est pas le plus désagréable. Le plus désagréable, c'est Aurore, assise devant moi, souriante. Jusqu'ici j'avais une vie classique, un cabinet classique, ordonné. Et les restes du vase font tâche dans ce monde de parquet nettoyé et de coussins bleus parfaitement positionnés.

Bon. Il faut que j'essaie, au moins pour avoir bonne conscience.

"Alors...tu es en quelle classe?", je demande, ressentant un désir, un besoin d'en savoir plus sur cette créature étrange.

"Vous en êtes à votre...première année de psychologie ?" Elle évite ma question, l'ignore même, tout en me fixant comme elle le fait depuis une dizaine de minutes.

"Oui." Avant même de me rendre compte que je rentre dans son jeu, que je devrais me centrer sur elle, je réponds. Et elle reprend.

"Ça se voit. Vous êtes un peu nul, comme psychologue. Mais c'est pas grave, vous ferez l'affaire. Étienne, qu'est-ce qui vous tracasse?"

Ma patience commençant à se faire sentir, je pousse un soupir, et tente de la rappeler à l'ordre.

"Aurore, ce n'est pas raisonnable, on devrait vraiment se concentrer sur..."

"Problème avec une fille?" Interrompt-t-elle, avec tout ce que cela implique.

Je ne dis rien, car je sais que si je réfléchis à sa question, si je l'analyse, je ne pourrais m'empêcher de répondre.

"Un garçon ?", s'exclame-t-elle, les yeux grands ouverts.

Merde. Cette petite est vraiment insupportable. Elle s'approche de moi, plus spécifiquement de mon oreille.

"Dites-moi tout", me murmure-t-elle.

Elle prend ma main dans la sienne, dans sa petite paume pâle et douce, et plante son ongle, son minuscule ongle rose, dans ma chair. Par réflexe j'aurai reculé, mais je suis surpris de constater que je ne bouge pas, que je reste juste là, à la fixer. Son ongle tourne légèrement dans ma peau, et je commence à perdre mes moyens, ou ce que je considère comme tel. J'ai l'impression d'être une adolescente au bord d'une crise de larmes, et que son ongle, c'est la puissante sécurité du verrou des toilettes du lycée.
Comme en transe, sous l'emprise de cette fille, lentement je commence à lui parler, d'Alex, de moi, de tout ce que je refoule depuis six mois, presque comme si elle était dans mon cerveau, et qu'elle fouillait pour voir ce qui l'intéresse.
D'une certaine manière...son étrangeté et son manque d'émotion la rendent inhumaine, et donc lui parler n'est pas très difficile, car on ne ressent pas l'appréhension du jugement d'un autre Homme.

Les mots découlent de mes  lèvres à la manière de larmes et elle s'éloigne, se colle contre le dossier de sa chaise, toujours sans émotion, et sans arrêter de me fixer.

Et je me dis que c'est déjà trop tard pour mentir.
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Voilà merci de m'avoir lue, n'hésitez pas a me donner votre avis ;)

Et n'oubliez pas,
Nous ne sommes qu'un mélange d'atomes.

:)

AUROREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant