Évidence - NEKFEU

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Ken

Alors qu'on était endormis, le téléphone fixe sonnant en bas nous réveillait.
Alicia de redressait d'un seul coup, comprenant très bien qui était la seule personne qui pouvait appeler à minuit.
On attendait un moment, le temps que sa mère décroche et parle. Elle attendait un moment, avant qu'on n'entende un sanglot venant d'en bas, et elle se couchait contre moi. Je restais un moment immobile, tentant de comprendre la situation et cherchant quoi faire pour la faire aller mieux, pour la rassurer, avant de me rendre compte que rien que je ne puisse faire ou dire ne l'aiderait. Elle pleurait doucement contre moi, silencieusement, mais je sentais ses larmes couler sur mon torse.
Après un moment, sans rien dire, elle se levait, enfilait mon pull et sortait de la chambre. Je restais là, assis au milieu du lit, les yeux dans le vide.
C'était bizarre, même pour moi. Je n'arrivais pas à croire que c'était réel.
Quelques minutes plus tard, je l'entendais renifler dans le couloir puis rentrer dans la chambre.

-On va aller à l'hôpital, ils nous laissent la voir un moment. Tu viens? elle demandait d'une petite voix

-Bien-sur que oui

Elle acquiesçait d'un signe de tête et fouillais dans sa valise de quoi s'habiller. Je faisais de même, et on se préparait silencieusement. Elle m'attendait, assise sur le bord du lit, pendant que j'enfilais mes chaussures. Elle ne pleurait plus. Ses yeux regardaient le vide, ses mains tremblaient.

-Je suis désolée mon cœur, disais-je doucement

Elle se levait et enroulait ses petits bras autour de ma taille. Je la sentais respirer fort, pour se retenir de pleurer j'imagine, alors que je resserrais mes bras autour d'elle.
Je pressentais que les prochains jours, prochaines semaines et même mois allaient être compliqués pour elle, donc pour nous.
Je ne connaissais que trop bien l'amour, le respect et l'admiration qu'elle avait pour sa grand mère, et la perdre était la pire chose qui pouvait lui arriver.

Lorsqu'on arrivait à l'hôpital, d'autres membres de la famille étaient là, mais Alicia était la première à entrer dans la chambre. Je décidais de rester dehors, préférant ne pas la voir. C'était trop dur, même pour moi.
J'attendais donc dans le couloir, entouré des membres de la famille, les yeux dans le vide ou pleurant à chaudes larmes.
Camilla, la mère d'Ali, se rapprochait de moi et entourait ma nuque de ses bras. Sans hésiter, je resserrais l'étreinte, la laissant pleurer contre moi.

-Je suis désolé, disais-je sincèrement

-Merci d'être la Ken, vraiment. Ali va avoir besoin de toi

-Je serai là

Alicia ressortait de la chambre une dizaine de minutes plus tard. Elle avait essuyé ses yeux mais ils étaient encore rouge, je savais bien que ce qui c'était passé dans la chambre n'avait pas été facile pour elle. Elle faisait un rapide tour de toute les personnes présentes et se logeait contre moi. Sa respiration était lourde, son corps tremblant et ses lèvres serrées.
J'avais horreur de le voir dans cet état, mais je savais qu'il n'allait pas s'améliorer avant un moment. Le temps qu'elle fasse son deuil, j'allais devoir redoubler d'efforts pour être présent et la rassurer, la calmer et l'apaiser.