Évidence - NEKFEU

2-40

janvier 2020

-Ken ralentis la

C'était les premiers mots que je prononçais depuis qu'on avait démarré. Les seuls mots qui avaient été prononcés d'ailleurs. Ken gardait ses yeux rivés sur la route, silencieux comme une tombe et les mains toujours aussi serrés que sa mâchoire. Il allait finir par se peter les dents si il continuait.

En plus, ce con roulait excessivement rapidement, sûrement trop concentré dans sa colère. J'aurais pu ne rien dire si ça n'avait été que nous deux, sauf que notre fille était à l'arrière, et c'était hors de question qu'on se crash maintenant.

-J'vais m'énerver bêtement contre toi si tu ralentis pas maintenant Ken, grognais-je une seconde fois en ne le voyant pas ralentir

Cette fois ci encore, il ne ralentissait pas. Je sentais ma tension grimper encore, clairement à cause de lui cette fois ci. Toujours parce que ces deux cons s'étaient hurlé dessus, mais maintenant parce que Ken faisait le con, prenant des risques bêtement.

J'ignorais carrément si il s'était déjà embrouillé avec un des gars un jour, au moins aussi violemment. C'était digue, j'en revenais à peine. Mais après réflexion, c'était logique. Tout se passait beaucoup trop bien depuis un peu plus d'un mois, c'était bizarre. C'était logique qu'une mères arrive, c'était trop beau. J'avais envie de pleurer encore, surtout en voyant que Ken à ma gauche ne ralentissait pas du tout, accélérant même.

-Ken arrêtes toi maintenant, m'emportais-je, craquant

-Vas-y qu'est-ce que tu racontes j'vais pas m'arrêter la, grognait-il

-C'était pas une question Ken, arrête toi maintenant j'veux sortir, haletais-je

-T'as quoi?

-Arrêtes toi putain! criais-je presque

Visiblement, me voire à la limite de la crise de panique le faisait revenir à la réalité puisqu'il ralentissait rapidement, avant de se décaler sur le bas côté de la route. Je n'attendais pas qu'il soit totalement arrêté pour me détacher et ouvrir la porte, posant le pied au sol dès qu'il fut totalement arrêté. L'air frais -glacial même- me calmait un peu, me ramenait à la réalité au moins. Je m'écartais un peu de la voiture, évitant les phares qui m'aveuglaient, respirant comme il faut.
J'entendais ensuite la portière de la voiture claquer, puis des pas rapides s'approcher de moi. Je n'avais même pas besoin de me retourner pour savoir que c'était Ken.

-Ça va? il demandait

-C'était quoi c'putain d'délire la?! Putain mais depuis quand tu t'tapes avec tes frères toi?! hurlais-je, hors de moi

-Calmes toi Ali, remontes dans la voiture on en parle à la maison, il disait calmement

-Et il s'passe quoi dans ta putain d'tête pour que tu fasses du 200 alors que ta fille est à l'arrière?! T'es inconscient ou quoi? T'as envie qu'on crève tous?