f o u r t h

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point of view: Jimin

Il est là, installé dans le canapé. Avec sa bouteille de liquide alcoolisé à la main. Il a l'air calme. Bien que de plus près ce soit le contraire. Je l'observe debout, de profile à la baie vitrée éclairée par l'astre de nuit. Mes yeux piquent, je suis sans émotion particulière, peut-être juste épuisé. Je m'approche timidement de lui en me plaçant sur le canapé, ne prenant pas en compte la distance à laquelle nous sommes. On regarde droit devant nous comme si quelque chose d'attrayant passait à la télé. Pourtant l'écran est bien éteint.

Je prends délicatement la bouteille de verre, qui était précédemment entre la main de mon voisin, et la boit sans faire attention aux gorgées que j'emporte. Le liquide me brûle la trachée, mais je n'en ai rien à faire. Juste l'envie de me noyer dans quelque chose et ne plus en sortir m'importe. Le platine à côté de moi fait abstraction de mon geste, comme si la bouteille qui auparavant était dans ses mains n'avait jamais existé. Je garde donc à mon tour le liquide dans mes mains, toujours en fixant devant moi.

Les secondes, minutes passèrent, le silence régnait dans la pièce.

"Je l'aimais"

Fut le premier mot qui sortit de sa bouche. Ma tête se tournait lentement vers lui, un regard neutre sur le visage lui montrant que je suis à son écoute. J'ai beau ne pas le connaître, mes oreilles sont attentives à ses mots.

"On se connaissait depuis mes premiers pats. On était ensemble de la maternelle à la fac. Et je ne lui ai toujours pas avoué. Malgré que je lui montrais le contraire, c'est le seul homme que j'ai aimé de ma vie."

Je restais attentif et quelque peu surpris par cet aveu. Mais je le suivais. Sa tête ne montrait aucun signe de tristesse, même sa voix ne tremblait pas. Pourtant c'est bien son amour qui venait d'être enterré. Un gars qui a l'air peu expressif, qui à l'air de parler très peu venait de se confier a moi comme si on se connaissait depuis des années.

"Ce matin je n'étais pas là, oui. Mais juste m'avouer le fait qu'il est à présent loin de moi, couper du monde, enterrer sous cette terre où mes pieds se posent, rien que cette idée me tue. Mais après tout c'est bien ça la destinée de tout être humain. Tu nais aujourd'hui pour mourir demain."

Mes yeux brillent par tant de sentiments. Les émotions ne sont pas visibles sur son visage. Mais parfois les mots sont plus forts que ce que l'on voit. Tout est contradictoire, tout ce qu'il dit n'a rien à voir avec la manière dont il agit. Sur mon visage se lit une incompréhension à cause de lui.

"M-mais.. C-comment tu fais.. dis-je de ma voix tremblante et brisée.. juste dis moi comment tu fais pour rester aussi impassible d-devant.. la m-mort de ton être cher, j-je.. même moi, son meilleur ami, n'arrive pas à tenir debout par la simple idée de ne plus pouvoir l'admirer, l'entendre, le toucher ma voix se fit de plus en plus secouée tandis que ma respiration devenait saccadée -j-'ai juste l'impression de m'écrouler m-mais toi tu-"

Mes larmes coupèrent ma phrase, bloqué par mes sanglots. Je n'aimais pas me montrer aussi faible face aux gens que je ne connaissais pas, mais à cet instant je m'en foutais de qui pouvait me voir, mon coeur me faisait mal.

J'ai mal pour lui. Entre nous deux c'est bien lui qui a besoin de réconfort pas moi. Seulement, maintenant j'ai besoin de lui, il a besoin de moi. Mes larmes ne sont pas directement destinées à lui, mais aux sentiments que ce garçon a pu porter pour son bien-aimé durant des années sans rien pouvoir lui dire.

C'est la seule personne sur qui je peux me reposer en ce moment, c'est la seule personne qui est là pour me consoler. Alors je dois être de même pour lui, on se réconforte l'un comme l'autre. Après tout je ne suis pas le seul à avoir perdu un être cher.

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700 mots

'''𝒮𝑜𝓇𝓇𝓎'''-𝓶𝔂𝓰 ₓ 𝓹𝓳𝓶Où les histoires vivent. Découvrez maintenant