Chapitre 20

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Le 10/03/1955

  J'aime ma fille et c'est pour ça que je vais écrire. Il faut qu'elle développe le sens de la parole comme toutes les femmes de la famille. Nous avons beau avoir cherché pourquoi, ça nous échappe. Elle a 15 ans et à 15 ans on ne fait que de parler normalement de garçons, de beauté ou de James Dean. Oh oui! La fille de la voisine ne fait que de parler de lui. Je n'écris pas bien et je prévois de jeter ce cahier dés que ça l'aura aidé. Elle trouve ça bête d'écrire alors je lui montre que non. J'aime ma fille. J'aime ma vie. J'aime mon pays. Je suis née quelques mois après la fin de la première guerre mondiale et personne ne le sait mais mon père était anglais. Je ne le dirai jamais à personne. D'ailleurs, j'ai prévu de bruler ce cahier dés que j'y aurais confier mes péchés. Peut-être que ma fille a hérité du caractère de mon inconnu de père? Il parait que les anglais sont très renfermés avec leurs sentiments alors que nous, les grecques, nous sommes des livres ouverts. Ma mère me disait souvent que nous pouvons pleurer puis quelques secondes après éclater de rire sans problème. Ma mère était une femme extraordinaire. Elle était tombée amoureuse de mon père dés la première fois qu'il s'était vu. Il s'appelait Charles. Ils sont restés quelques temps ensemble en cachette avant que Charles soit rappelés à Londres pour une affaire de famille. Elle ne l'a plus jamais revu malgré sa promesse de revenir. Quelques jours après qu'ils soient partis, ma mère a su qu'elle était enceinte. Elle a attendu deux mois son arrivé et lorsqu'elle a compris qu'elle ne le reverrait jamais, elle a demandé à son père de lui trouver un mari pour couvrir la naissance et pour éviter de déshonorer sa famille. Elle a eu beaucoup de chance car mon beau-père que je considère comme mon véritable père(qu'importe les liens du sangs) était bon avec elle. Il a aimé ma mère comme elle le méritait et il m'a traité comme sa fille.  Malheureusement, ma mère est morte il y a un an, suite d'une maladie et jamais elle n'a avoué à quelqu'un d'autre que moi de qui j'étais réellement la fille. 

Je vis dans le petit village de Kalos où ma famille y habite depuis trois générations. Je vis dans une petite maison qui appartient à la famille de mon mari. Je suis mariée à un homme gentil avec qui j'ai eu une fille merveilleuse. Si j'avais pu, je serai parti en volant comme un oiseau. Un oiseau peut faire ce qu'il veut car il est libre alors que suis condamnée à rester ici à m'occuper de ma maison, de mon enfant et de mon mari. Je ne peux pas travailler ni faire autre chose que de cuisiner, faire les courses ou prendre le thé avec mes amies. Si je compare ma vie à celle de Marlene Dietrich ou à Grace Kelly... et bien elle est très ennuyante. Epouser un prince! Quelle magnifique histoire d'amour. Ce serait un rêve. Une chose est sure, je ne trouverai pas un prince ici. Il n'y a que des paysans ingrats. Personne n'est distingué ici. Et puis, je suis mariée. Mon mari m'aime. Il est gentil et bienveillant. Cependant, ce n'est pas le genre d'histoire d'amour dont je rêvais. Je voudrais de la passion! de l'aventure! Je veux qu'on me fasse oublier mon existence monotone.  C'est un secret. Si je le disais à quelqu'un, on me prendrait pour une folle. 

J'ai un autre secret. Une fois, il y a treize ans donc j'avais tout juste 19 ans, je gardais les enfants du boulanger pour faire un peu d'argent à ma famille. Je les avais emmené un peu dehors pour qu'ils s'aèrent l'esprit. On est allé se promener prés du port et on a même croisé Pedro, un ami de ma fille. Pedro est arrivé ici lorsqu'il avait 5 ans avec sa famille. Il ne vit pas loin de chez nous. C'est un des rares amis de Rosalie, un des rares en qui elle a totalement confiance. Il a toujours compté pour elle, depuis le jour où elle l'a vu seul dans la cour. Elle m'a raconté que la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, c'était en récréation. Il était le nouveau avec un accent étrange du sud. Il ne parlait pas très bien et tout le monde se moquait de lui. Elle n'aimait pas ça alors quand cette brute de Lenny, le fils du boucher, a voulu le frapper, elle c'est interposée. Elle a fini par ce liée d'amitié avec lui. Elle l'a aidé à s'intégrer dans la classe. Après avoir vu Pedro, nous sommes rentré. Dés que nous avons passé la porte, j'ai entendu des cris. J'étais jeune à l'époque. J'étais naïve. J'ai donc demandé aux enfants d'aller dans la cuisine. Je suis montée là où les bruits me menaient avec une poêle dans la main. J'ai ouvert la porte de la chambre et j'ai aperçut la boulangère en plein acte avec le boucher!. J'étais sous le choc non seulement à cause du fais qu'ils osent trompés leurs conjoints respectifs mais également parce que j'étais vierge et que c'était la première fois que je voyais quelqu'un le faire. Paralysé par la peur, j'ai observé quelques instants avant de descendre en bas. J'étais complétement déboussolé... Je n'avais plus les idées en places. Alors j'ai ordonné aux enfants de prévenir leurs mères que je devais partir pour une urgence. Quelques mois plus tard, c'étais à mon tour de passer à l'acte. Je me suis mariée et c'est là que j'ai pris conscience que la relation que j'avais avec mon mari ne ressemblerait en rien à celle du boucher et de la boulangère. Et je les ai envié. Pour la première fois de ma vie, j'ai envié quelqu'un. On m'a appris à être contente de ce que j'avais, à ne jamais voler ou désirer des choses que je ne pouvais pas avoir. Mais là, c'était la première fois que ça m'arrivait. Je n'ai rien dit car maintenant que je suis mariée, je ne peux faire autrement que d'accepter mon mariage. J'ai de la chance d'avoir une fille comme Rosalie. Elle m'aide, ne se plaint jamais et est très attentionnée. J'aime ma fille. Jamais je ne le dirai assez. 

Romance à la grecqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant