Chapitre 60

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Je suis allongée. Ca, j'en suis sure. J'ai mal partout. Les draps me grattent. J'ai soif. J'ai faim. J'ai envie de hurler mais je n'y arrive pas. Ma voix... J'ai l'impression de ne plus en avoir. J'ouvre les yeux et je vois flou. Je n'arrive à ne rien voir et ça m'énerve. Je m'agite mais j'ai l'impression d'être retenu. Je respire fort alors j'essaie de me calmer. Je ferme les yeux quelques instants et des scènes me reviennent. Je me revois en haut de la falaise avec Théo et son grand-père. Je me revois me prendre une balle dans le bras. Je revois Dimitri arriver pour me mettre de coté. Il m'attache... Je ressens à nouveau cette colère envers lui pour m'avoir tenu à l'écart. Puis je le vois par terre, agonisant presque et je trésaille. Je vois Théo m'étrangler et je revois mon père me sauver la vie. Je vois tous ce sang. J'ai des hauts le cœur. J'ouvre à nouveau brusquement les yeux et j'ai l'impression d'avoir fait un affreux cauchemar. Je vois un peu moins flou parce que je repère un tuyau accroché à mon bras. Je panique. Je bouge encore et un bip retentit. J'ai peur. Je suis morte de trouille à l'idée de me trouver, peut-être, chez quelqu'un qui pourrait me faire du mal. Et si Mères était toujours envie et qu'il m'avait retrouvé? Et si j'étais à cet instant précis chez lui? J'ai chaud. Trop chaud. Je veux soulever la couverture mais je m'aperçois que mon bras est emmitouflé dans un bandage. Il est replié contre ma poitrine. Avec mon autre bras, je dégage la couverture. Je me redresse et j'entends mon dos craquer. Une douleur se propage dans mon ventre. Je pose ma main dessus et je sens quelques choses. Qu'est-ce que c'est? Je crois que c'est un pansement. On m'a retiré quelques choses? Je pose un pied par terre et j'ai la désagréable sensation de froid qui parcourt tout mon corps. Je grogne lorsque je pose mon autre pied par terre. J'ai encore plus froid. Mes jambes tremblent sans que je le veuille. J'ai l'impression d'avoir couru des kilomètres et des kilomètres ce qui est impossible. Je n'ai jamais été très endurante. J'essaye de me lever mais je n'y arrive pas tout de suite. Il faut que j'attende au moins trois bonne minutes je pense avant que je me décide. Je prends appuis sur mon lit et, lorsque je suis debout, je me rattrape à la table de chevet juste à coté de moi. Je fais tomber des trucs par terre mais je m'en fiche. J'ai besoin de me tenir à quelques choses pour éviter de m'écrouler. Ma respiration s'accélère lorsque je tente d'avancer. J'ai l'impression d'être un bébé qui apprends à marcher. Je m'accroche au mur à chaque minuscule pas que je fais. Je suis essoufflée et mon ventre gargouille. Je passe devant un miroir et je ne peux m'empêcher de voir que j'ai une sale tête. Il me semble que j'ai les cheveux gras et en pétard. Je suis pale, j'ai de grosse poches sous les yeux et j'ai un regard vide. J'avance encore et j'arrive près de la porte. Je pose ma main sur la clenche et je la pousse avec le peu de force que j'ai. La lumière me brule les yeux et je suis obligée de mettre ma main devant ma figure pour me protéger. Je sors de la pièce sombre où j'étais et j'avance encore. Des personnes passent à coté de moi sans vraiment faire attention. Pourtant, vu la tête affreuse que j'ai et l'odeur de transpiration que je dégage, je me demande comment ils font pour m'éviter. J'avance encore un peu et lorsque j'arrive à un comptoir, quelqu'un hurle derrière moi. Je me retourne doucement et comme ma vision n'est pas encore au top, je ne vois pas qui s'approche de moi. Je m'accroche au comptoir en le serrant fort.

- Dana!

C'est la voix de ma mère. Enfin, je crois. Je suis un peu à coté de mes pompes. Je la sens prendre ma main pour la détacher du comptoir lorsqu'elle appelle quelqu'un.

- Quand est-ce que tu feras ce qu'on te dit, marmonna-t-elle d'une voix rauque.

Quelqu'un arrive près d'elle. Une infirmière, je crois. Elles me prennent toutes les deux par le bras pour me ramener à ma chambre. Je me débats. J'aimerai hurler mais je ne peux pas.

- Tu es en sécurité ma chérie, me rassure ma maman. Il faut que tu te reposes, maintenant. Il faut que tu te rétablisses.

Je plante mon regard de le sien et je lis de la tristesse. Je fais un effort et je me calme. Je me laisse trainer par l'infirmière et ma mère. Au moment où l'infirmière ouvre la porte, j'entends des pas et je me raidis.

- Achille, souffle ma mère. Aide-nous tu veux.

Je fixe mon père lorsqu'il me soulève pour me prendre dans ses bras. Je crois qu'il ne m'a pas pris dans ses bras depuis... peut-être depuis que j'ai cinq ans. Il e porte et il me dépose délicatement sur le lit d'hôpital. Il ramasse la couverture tombée par terre et me recouvre avec. Il est délicat et attentionné. J'ai l'impression de rêver.

- Tout va bien, déclare mon père. Tu es en sécurité. Je vais veiller sur toi.

Il me caresse les cheveux et d'un mouvement brusque, je lui attrape la main. Je le regarde droit dans les yeux. Je vois les siens devenir humide. J'ai envie de lui dire qu'il ne faut pas qu'il pleure mais je ne sais pas si je vais y arriver. Je décide d'essayer. J'ouvre la bouche et des petits bruits sortent de ma bouche. On dirait des petits cris plaintif alors que je ne veux pas me plaindre. Je veux m'exprimer. Je veux savoir ce qu'il se passe.

- Chut, m'arrête mon père. Tu ne... tu ne peux pas parler.

Je fronce des sourcils.

- Ce connard t'as trop serré à la gorge, dit-il en devenant rouge de colère. Tu... d'après ce que j'ai compris, tu devras attendre un peu avant que ta voix ne revienne.

Je détourne mon regard. Je n'ai pas rêvé. Tout c'est bien passé. Et pourtant, on aurait tellement dit un cauchemar. Mais si tous c'est réellement passé... Où est Adrian? Comment va-t-il? Où est... Je m'agite. Je veux me relever. Je veux hurler.

- Calme-toi Dana! m'ordonne mon père un peu plus dure. Il faut que tu restes calme sinon ils vont vouloir te donner des calmants...

J'essaye à nouveau de dire quelques choses et il me dévisage. Il se concentre pour essayer de me comprendre. Alors, impatiente, je mime quelques choses avec ma main. Son regard s'illumine lorsqu'il comprends.

- Apportez quelques choses pour écrire! hurle mon père derrière lui.

Je vois l'infirmière se précipiter dehors tandis que mon père me maintient toujours. Il me connait assez pour savoir qu'à la première occasion, je m'élancerai à la poursuite de Dimitri. Je veux des réponses. Ma respiration s'accélère d'impatience lorsque l'infirmière arrive avec un tableau blanc et un stylo. Mon père me lâche et me tient le tableau lorsque j'écris leurs noms d'une main tremblante. Je prends une bonne minute à écrire et ça me demande un effort incroyable. Lorsque j'ai fini, mon bras retombe et je guette la réaction de mon père. Je le sens mal à l'aise quand il arrive à déchiffrer mon écriture. Il prends une grosse inspiration.

- Je suis tellement désolé...

Romance à la grecqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant