Chapitre 10

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Le lendemain Rosalina ainsi que d'autres servantes vêtirent et coiffèrent Anne pour le grand jour. N'aillant pas eut le temps de confectionner une robe très sophistiquée, la couturier royal s'était contenté de faire une robe simple. Elle était, bien évidemment, blanche, le bustier était  paré d'Émeraude et les fils qui permettait de la maintenir en place étaient vert émeraude.

À peine, la servante chargée de la coiffure eut fini de brosser les cheveux de la futur mariée, que l'on frappa à la porte. Alexander entra dans la chambre d'Anne. Cette dernière se leva brusquement et manqua de faire tomber la chaise sur laquelle elle était assise.
- C'est une magnifique robe que vous portez là. La complimenta-t-il
- une prison je dirais tellement elle me comprime. Répliqua la jeune femme d'une voix étouffée
- Une belle prison d'Émeraude alors.  

Alexander pria les servantes de sortir de la pièce quelques instants. Elles obéirent malgré leur surprise d'être ainsi dérangé dans leur travail. Anne fixait Alexander sans un mot. Il s'empressa de s'approcher de sa dulcinée. 

-Qu'y a-t-il ? Demanda-t-il tendrement. Tu sembles énervée. Tu devrais te réjouir ! Tu...

Anne le gifla.

-Me réjouir de quoi ? D'être abandonné par l'homme que j'aime ? De découvrir qu'il en aime une autre ?

- De quoi parles tu ?

- fais pas l'innocent ! Je t'ai vu avec cette Rosalina hier !

Alexander rit aux éclats. Anne voulu le gifler à nouveau mais il l'arrêta et l'attira contre lui. La jeune femme tenta de se débattre, en vain.

-Oui j'aime Rosalina mais elle n'est pas ma maîtresse, déclara-t-il. C'est ma petite sœur et cela faisait des années que je ne l'avais pas vu.

- Et tu penses que je vais te croire en plus ? Hurla-t-elle

Il soupira. Il savait que la raisonner était peine perdue. Il se contenta de la lâcher. Anne ne bougea pas.

-Et moi qui pensai passer le reste de mes jours avec toi... avoua-t-elle. Je voulais que tu sois le père des mes enfants... que tu sois l'homme que j'épouse aujourd'hui...

Alexander garda le silence. Rosalina entra et pria Alexander de sortir. Le jeune homme s'excusa et s'en alla. Les servantes continuèrent leur travail.

La cérémonie se déroula dans les jardins du palais. Les invités étaient installés sur des bancs en bois finement sculptés. Plus l'invité était influent plus il se trouvait en avant. Le roi et la reine se tenaient tous deux à la droite du prêtre. Dans les cérémonies traditionnelles, les parents de la future mariée devaient se tenir de l'autre côté et la famille des mariées s'installait sur les premiers bancs. Amédée attendait l'arrivé de Anne derrière les bancs des invités.

Alexander étant officiellement le valet de la famille de Topazos devait accompagner la jeune fiancée jusqu'au bras de son futur époux.

Ce geste symbolisait le passage entre la condition de simple femme à celle d'épouse. En effet dans ce royaume, lorsqu'une femme se marie elle acquiert un rang supérieur aux femmes qui ne sont pas mariées. Elle sont aussi mieux vues et mieux traitées. Plus son rang social est élevé plus la femme sera égal à un homme, cela est dû à l'éducation qu'elle a reçu. Et la marche vers le prêtre représentait le chemin qu'ils suiveront lors de leur vie future. 

Les futurs époux s'avancèrent ensemble vers le prêtre. Celui-ci se mit à réciter son discours habituel où il présentent les futures époux, ainsi que leurs devoirs (à savoir fidélité, protection, etc...) et finisse enfin par s'exclamer:

- veuillez vous prendre la main et échanger vos alliances.

Ce qu'ils firent sans un mots. Le prêtre annonça la fin de la cérémonie. Tous applaudir avant de se lever et partir.

Anne ressentait une brûlure à son annulaire gauche ainsi qu'un mal-être indescriptible et douleur tenace à la poitrine et surtout au ventre.

Le banquet qui suivit se tint dans la salle de réception et fut le plus long et le plus éprouvant pour Anne car elle était au centre de l'attention et ne pouvait y échapper. Amédée la tenait dans ses filets pour une raison inconnue. Vas jusqu'au bout sinon nous sommes tous morts. Pourquoi Alexander lui avait-il intimé cela en l'amenant à l'hôtel ? Le prince aurait vraiment-il assassiné tout l'équipage si elle ne l'avait pas épousé ? Le brouhaha ambiant ne parvenait pas à étouffer ses doutes et ses inquiétudes. Mais ce qu'elle redoutait le plus c'était la nuit de noce. Devra-t-elle aller jusqu'au bout ou devra-t-elle repousser son nouvel époux ? Vas jusqu'au bout... l'idée de devoir consommé le mariage avec cet inconnu rendit nauséeuse la jeune femme. Elle pourrait peut-être s'en servir comme prétexte ? Non, ils se douteraient de quelques choses. Il faudra qu'elle le fasse cela ne durera que quelques minutes après tous. Anne cherchait Alexander du regard pour se rassurer mais ne le trouva point. Elle se retrouvait sans point de repère, seule, perdue. Son corset l'oppressait tout comme l'atmosphère qui régnait dans la pièce.

La prison d'ÉmeraudeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant