Harold a passé sa semaine entre la bibliothèque du village et la forge. C'était difficile. Lui qui n'a déjà pas le temps de voler, le voilà qui a dû prendre sur son temps de sommeil pour faire ses recherches. Les cernes sous ses yeux ressemblent à des filets à papillons, mais ses efforts ont porté ses fruits. Ses recherches lui ont servi.
Il a cherché dans les contes de fées des gros livres anciens qui sentent la poussière. Il a feuilleté toutes les pages, malgré son dégoût pour les livres. Bien sûr, il a commencé par demander à Varek s'il n'avait pas déjà lu quelque chose à propos d'un garçon de trois-cents ans, à l'allure d'adolescent, qui sait créer de la neige à partir de rien et qui peut être traversé par ceux qui ne croient pas en lui, mais si Varek est une encyclopédie vivante en ce qui concerne les dragons, il n'est pas très renseigné sur les créatures magiques à l'apparence humaine. Ce n'est pas ce qui l'intéresse.
Alors, Harold a fait ses recherches tout seul.
Il a fini par trouver un très court récit de légende qui parlait d'un Jokul Frosti. Il a été assez déçu, à vrai dire. Ce que ça disait ? Qu'il serait à l'origine du givre, de la neige, du froid en général, de la mort des feuilles en automne ; qu'il était un genre de petit elfe enfantin qu'il fallait éviter de mettre en colère ; qu'il était peut-être le fils d'un dieu du vent, et qu'il savait bien dessiner.
Peu d'éléments dont Harold n'avait pas déjà conscience, trop d'autres qui n'ajoutaient rien de vraisemblable au vu de la personne qu'il avait rencontrée, et tant de nouvelles manquantes. La légende ne disait pas qu'il jouait avec les enfants tristes, qu'il avait une voix sublime, qu'il était bienveillant. Elle ne disait pas non plus qu'on pouvait le blesser, quand on le traversait. Ni qu'il revenait malgré tout.
Elle ne disait pas non plus qu'il pouvait ajouter un peu de baume au cœur d'un chef malgré lui qui, à vingt-et-un ans, n'avait toujours pas l'impression d'avoir la bonne carrure pour une telle tâche. Les épaules assez larges pour un fardeau pareil. Elle ne disait pas qu'il pouvait le soulager sans rien faire, ou presque rien. Juste en étant là, quelque part, dans le paysage ou même dans l'univers, elle ne disait pas que sa magie agissait encore des jours et des semaines après son passage dans le village viking.
Elle ne disait pas tout ça. Les légendes, après tout, ont souvent la mémoire tordue.
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Un chef protège les siens - HIJACK
FanficCela fait à peine huit mois que Harold a perdu son père et qu'il l'a remplacé en tant que chef. Ce rôle qui lui faisait peur, il est dorénavant forcé de l'endosser, et la perte de l'homme qu'il ne peut égaler le pousse à vouloir suivre exactement se...