Ma bouche s'ouvre et se referme plusieurs fois alors que Maxime se tient devant moi. Il a le regard sombre, et pourtant, il sourit. Une barbe de trois jours mangent ses joues, le rendant un peu plus viril. Il me fait un clin d'oeil et se tourne rapidement vers un homme en noir qui s'est approché de lui. Maxime lui lance sa hache en pleine tête, puis il vient nous rejoindre.
- Alors, vous restez plantés à rien faire ou vous m'aider à leur foutre une raclée?
Je ferme les yeux quelques instants, la bataille d'il y a deux ans me revient en tête. De longs frissons remontent sur ma colonne. J'inspire profondément, l'air froid me calmant instantanément. J'ouvre les yeux, déterminé à défendre ceux à qui je tiens. Me voilà entouré de flammes d'un bleu très pâle, presque blanches. Je pense à mon père, puis à ce qu'il m'a raconté. Les flammes de ma mère étaient immaculées. Sans savoir pourquoi, ça me rassure. Mon père aurait alors tort, je ne lui ressemble peut-être pas autant qu'il l'affirme...
Sarka met sa main dans la mienne, une lueur écarlate éclaire son doux visage. Ses yeux verts brillent d'un nouvel éclat et un sourire se dessine sur ses lèvres. Elle s'approche de moi et me plaque un léger baiser sur la joue avant de tourner la tête vers les troupes d'ennemis qui ont rétrécies. Groen pose sa main sur mon épaule, puis sourit à son tour. C'est un sourire fatigué, mais c'est tout de même un sourire. Sa barbe commence à être longue, il devrait penser à se raser un peu. Ses cheveux bruns sont toujours dans cette bataille constante, quelques mèches sont teintées de blanc. Je ressens un pincement au coeur en voyant la longue balaffre sur sa joue, dur souvenir d'il y a deux ans. Ses flammes vertes dansent autour de lui, le faisant en quelque sorte rayonner. Ma poitrine se gonfle. Je suis fier d'avoir cette famille, aussi étrange qu'elle peut être.
Les hommes en noir nous regardent maintenant avec peur, ils sont désorganisés. Maxime sourit fièrement, faisant tourner sa hache dans ses mains.
- C'est le temps d'en finir, je murmure.
Trois têtes hochent en même temps, déterminées. Des flammes partent en direction opposée de nous, une hache fend l'air. Maxime semble danser parmis les ennemis, sa hache fracassant des crânes ici et là. Après quelques minutes de combat sans répliques venant des troupes, le silence revient dans la forêt. Mes bras retombent le long de mon corps et mes épaules se soulèvent rapidement, je suis essoufflé. Nous sommes tous les quatres dans le même état; à bout de force. Personne n'ose prendre la parole en premier. Je me contente de fermer les yeux et de calmer ma respiration. Les deux mains sur les cuisses, les yeux fermés, une douleur cuisante prend naissance dans ma poitrine. Je l'ignore du mieux que je peux, jusqu'à temps que j'entende un gémissement venant de ma droite.
Sarka vient de tomber à genoux sur le sol couvert de boue, la neige ayant fondue. Elle se tient la poitrine d'une main, l'autre s'accroche aux minces brins d'herbe encore en vie. Elle gémit de douleur de plus belle. Un autre gémissement, plus rauque cette fois, parvient à mes oreilles. Je me retourne et je vois mon frère, une main appuyée sur un arbre, l'autre sur sa poitrine. Il a les sourcils froncés, son visage est déformé par la douleur. Je m'affole quelque peu, qu'est-ce qu'il leur arrive? Un bruit sourd résonne, la hache de Maxime vient de tomber au sol. Il est dans le même état que Groen et Sarka. Un nouvel éclair de douleur transperce ma poitrine, m'arrachant un gémissement, suivi de trois autres. Comment se fait-il qu'ils ressentent la même douleur que moi? Je regarde autour de moi avec affolement, puis mon sang ne fait qu'un tour.
Au milieu des cadavres ennemis se tient un homme en costume noir. Il avance tranquillement, marchant sur les corps morts comme sur du sable. Ses cheveux gris sont décoiffés par le vent glacial qui s'élève dans la forêt. Je frissonne, mais je ne peux détourner mon regard de sur mon père. Ses joues sont creuses, des cernes couvrent le bas de ses yeux. Un éclair de folie brillent dans ceux-ci alors qu'il se rapproche de plus en plus de nous. Je grogne et je m'avance vers mon père, ignorant la douleur qui me coupe le souffle par moment. Je suis habitué à pire, mais pas Sarka, Groen et Maxime.
- Qu'est-ce que tu nous veux?, dis-je, crachant ces mots vers mon père.
- Moi? Oh, je veux seulement vous torturer, vous hanter! On ne tente pas de tuer un homme comme moi sans conséquences, jeune homme.
Il lance un regard amusé autour de lui, observant les cadavres. Il replonge ses yeux dans les miens et fait une moue attristée.
- Tu as encore tué tous mes hommes. Ça doit te rappeler quelque chose, n'est-ce pas? , dit-il en mettant une main sur mon épaule. Il y a deux ans, tu te souviens de tous ces hommes que tu as tués? , murmure-t-il.
Des souvenirs me reviennent en tête, je revois tous les visages des hommes que j'ai massacrés. Je ne quitte pas mon père du regard, ne sourcillant même pas lorsqu'il éclate de rire.
- Que c'est beau tout ça! Les remords te grugent à l'intérieur n'est-ce pas? Tu dois te rappeler la mort d'un homme en particulier, avoue le! Ce cher Danh, tu l'as oublié?
Il éclate d'un rire fou une autre fois, puis se tourne vers Maxime. Ce dernier s'est relevé. Il grimace de douleur, puis son visage devient de marbre lorsqu'il voit Athéo se diriger vers lui. Maxime se tient droit et son regard est dur. Mon père tourne autour de lui tel un lion observant sa proie. Je m'avance de quelques pas, désireux d'empêcher mon paternel d'approcher plus de Maxime.
- Blue, reste où tu es, veux-tu? Tu ne voudrais quand même pas que tes "êtres chers" , dit-il en faisant des guillemets avec ses doigts, ne souffrent pas ta faute?
Son ton est insolent. Une colère gronde à l'intérieur de moi, mais je reste où je suis. J'ai un haut-le-cœur en pensant que j'obéis à cet homme, mais je ne veux pas prendre la chance qu'il blesse ceux de ma famille. Maxime fait aussi partie de cette famille, même si on ne partage pas de lien du sang.
Des flammes noirs apparaissent sur le corps de mon père. Il continue lentement de se rapprocher de Maxime. Connaissant Athéo, il essait de faire peur à Max, de l'impressionner. Mais connaissant Max, il ne laissera rien trahir ses émotions. Les flammes obscures s'élèvent un peu plus haut dans les airs. Maxime n'a aucune réaction, son visage reste fermé. Mon père se tourne vers moi, tout sourire.
- Tu choisis bien tes proches! Un jeune homme aussi impassible et fort d'esprit comme lui, ça ne se trouve pas n'importe où! Il me ferait d'ailleurs un allié de taille...
Il se tient le menton d'une main, comme s'il réfléchissait. Un sourire cruel se dessine sur ses lèvres sèches. Il me fait un clin d'œil, ses yeux bleus brillent de folie et de cruauté. Il se retourne vers Maxime, puis pose une main sur son épaule. Ses flammes dansant toujours sur son corps, elles brûlent le chandail à mon ami et le brûlent aussi. Je m'attends à le voir réagir, je connais cette affreuse douleur. Maxime ne tressaille pas, son regard est fixé quelque part dans la forêt devant lui. Je tourne la tête vers Sarka et Groen, qui me regardent, hébétés. Nous trois avons subit des brûlures par les flammes de mon père, elles font terriblement souffrir. Maxime ne laisse paraître aucune douleur ni aucune réaction. Athéo laisse sa main sur son épaule quelques instants avant de la retirer, il a finit de s'amuser.
- Te rejoindrais-tu à moi, si je te disais que ton frère est encore en vie?
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Blue (Suite)
ParanormalAprès la mort de son père, Blue se retrouve dans un village avec Sarka et Groen. De nouvelles rencontres, des amitiés, de l'amour, mais aussi des disputes sont au rendez-vous. surveillez vos proches, on ne sait jamais ce qui peut leur arriver.